La bourgeoisie française devient-elle irresponsable ?

L’accumulation des constats inquiétants sur la France soulignent qu’un cap est en train d’être franchi. La crise de légitimité du politique est symbolisée à la fois par l’affaire Clearstream et l’affaire de l’élection de Jean Sarkozy à la tête de l’Etablissement public d’aménagement de la Défense (Epad). Dans le premier cas, un ancien Premier Ministre, Dominique de Villepin ridiculise la France sur le plan international en jouant les innocents dans une manipulation de pieds nickelés. Dans le second cas, le président de la République cautionne un acte de népotisme qui donne à la France une image de République bananière.

Et puis il y a aussi les petites informations qui complètent le paysage comme par exemple les fuites organisées sur les conditions de vie des membres de la garde républicaine qui protègent l’Elysée, c’est-à-dire le lieu le plus stratégique de l’Etat. Les chambres sont dans un état déplorable, la literie est plus qu’usagée et les conditions d’hygiène très relatives. Belle image donnée une fois de plus du pouvoir politique à l’égard de ses subalternes.

Sans oublier le plus grave peut-être, à savoir l’abandon des symboles les plus voyants de la République. L’avenue des Champs Elysées, présentée comme la plus prestigieuse au monde, est devenue après minuit une zone d’insécurité et de non droit. Les agressions, l’ambiance délétère, le faux rituel de drague à la mode, la présence des bandes sont les caractéristiques de ce lieu qui est très fréquenté par les touristes premières victimes de la délinquance. Pas d’images, pas de police voyante, « circulez, il n’y a rien à voir » semble être la politique suivie par la ville de Paris, la préfecture de Police et les autorités gouvernementales. On pourrait continuer la liste en montrant la dégradation des centres villes comme Toulouse ou Marseille.

Ces images donnent l’impression que la bourgeoisie, au sens marxiste du terme, n’est plus capable d’assumer son rôle historique, qu’elle se réfugie dans la fuite en avant et la dissimulation de la réalité. Incapable de commander et d’imposer des règles claires de conduite, elle applique à la France la règle du « laisser aller » tant qu’il n’y pas de crise majeure qui en découle. Ces signaux de moins en moins faibles sont à prendre en compte. Il est temps de montrer les choses telles qu’elles sont. L’Histoire nous enseigne que la politique de l’autruche ne mène qu’à des voies sans issue. L’aristocratie française en sait quelque chose.