Magazine Maladies

Vaccin H1N1: contradictions et inquiétudes

Publié le 14 octobre 2009 par Suzanneb

En lisant le journal le Nouvelliste de Trois-Rivières, on apprenait hier qu’un scientifique de chez nous, (un autre) affiche ses inquiétudes à propos du vaccin contre le virus de la grippe A(H1N1).

La question qui tue :

Puisqu’on part des mêmes constats, comment se fait-il que les experts qui ont tous les mêmes données, n’arrivent pas aux mêmes conclusions ?

Le discours contradictoire des divers intervenants finira-t-il par nous convaincre qu’il s’agit d’une mesure peut-être plus risquée que le virus contre lequel on voudrait nous protéger?

En y réfléchissant bien, si tout le monde souhaite «faire pour le mieux», comment se fait-il qu’on voit les spécialistes se séparer en deux clans ? Est-ce parce qu’ils ont chacun leur définition de «faire pour le mieux» ? le mieux pour qui au fait ?

Poser la question c’est y répondre.

Un microbiologiste de l’UQTR inquiet

Brigitte Trahan – Le Nouvelliste – 13 octobre 2009

(Trois-Rivières) Jacques Boisvert n’a pas vraiment le goût de se faire vacciner contre la grippe A (H1N1).

Professeur au département de Chimie-Biologie de l’Université du Québec à Trois-Rivières, ce microbiologiste s’inquiète du fait que Santé Canada veuille procéder à une vaccination massive avant même que les études cliniques soient complétées.

«En 1976, aux États-Unis, un vaccin a joui, comme ça, d’un processus accéléré d’accréditation et on a dû arrêter la vaccination à cause des effets secondaires néfastes», se souvient-il, «dont plein de maladies auto-immunes, en particulier le syndrome de Guillain-Barré», rappelle-t-il, une maladie qui s’attaque au système nerveux.

Le coupable? Un adjuvant ajouté au vaccin pour en renforcer les propriétés thérapeutiques et qui a créé une violente réaction du système immunitaire. Dans ce cas-ci, cet adjuvant était le squalène.

Selon le Center for Disease Control, le vaccin contre la H1N1 contiendra du thimerosal, un agent de conservation dont l’ingrédient actif est le mercure, une substance hautement toxique.

«Eux disent que c’est de l’éthylmercure, un composé évacué rapidement du corps par l’urine. Donc il ne devrait pas faire de dommages. Mais on n’a jamais de certitudes avec ça. Même chose avec les adjuvants», explique le professeur Boisvert, des produits dont on ne comprend même pas le fonctionnement, fait-il valoir.

Ce qui inquiète aussi le microbiologiste, c’est qu’à produire un vaccin trop rapidement, on peut faire plus de mal que de bien.

«En France, il y a une vingtaine d’années, il y a certains lots de virus devant servir à fabriquer un vaccin contre la rougeole qui n’ont pas été inactivés comme il le faut. La France s’est retrouvée avec une épidémie de rougeole, ni plus ni moins», signale-t-il. «C’est un des dangers quand on est pressé pour faire quelque chose», fait-il valoir.

Le professeur Boisvert croit qu’à trop vouloir précipiter les choses, on pourrait aussi en arriver à produire un vaccin inefficace et à faire une campagne de vaccination tout à fait inutile.

«Ils vont vacciner les gens et regarder le niveau d’anticorps, sauf qu’il n’y a pas nécessairement une bonne corrélation entre le niveau d’anticorps et le fait que tu vas être protégé de la maladie. Tu peux avoir un taux d’anticorps élevé, mais que ça ne donne rien. Ça se peut qu’ils vaccinent pour rien», explique-t-il, si tous les tests ne sont pas faits jusqu’au bout.

«Il y a des organismes qui sont très pathogènes, d’autres peu pathogènes, c’est difficile de les attraper, mais ils sont très virulents. C’est ça que tu veux vérifier avant la vaccination», plaide-t-il.

Les informations circulent mal

Jacques Boisvert se questionne au sujet du manque flagrant de consensus au sein de la communauté médicale et scientifique face à la pandémie de grippe A (H1N1) et à la campagne de vaccination qui débutera sous peu.

Selon lui, les informations qui circulent au sein même des autorités médicales, tant québécoises que canadiennes et même internationales, sont parfois même contradictoires.

Certains, par exemple, disent que le lavage de mains est inutile contre cette grippe alors que d’autres encouragent cette pratique. D’autres disent que les masques ne sont pas efficaces alors que certains autres disent le contraire.

«On annonce qu’il y aura une deuxième vague plus virulente, mais on base la modélisation sur les pandémies de 1918, 1957 et 1968, trois pandémies différentes. Or, personne ne peut affirmer qu’il y aura ou non une deuxième vague», dit-il.

Et puis, il y a les experts de l’INSPQ qui déclarent que ceux qui auront le vaccin de la grippe saisonnière seront plus à risque d’attraper la grippe A (H1N1).

«Là, c’est rendu dans les médias que ce sont plutôt les symptômes qui seront deux fois pires. Entre l’attraper et avoir plus de symptômes, ce n’est pas pareil», plaide-t-il.

Vacciner pour la grippe A (H1N1) avant ou après le vaccin de la grippe saisonnière? Voilà un autre cas où personne ne s’entend. «Il n’y a pas une province qui va faire la même chose», constate le professeur Boisvert.

«Et pourtant», dit-il, «on part des mêmes constats. C’est un bordel. Pourtant, si tu as des experts et qu’ils ont tous les mêmes données, ils devraient arriver aux mêmes conclusions», fait-il valoir.

«Les ministres de la Santé, pourquoi ils ne se réunissent pas à Ottawa?» se questionne ce scientifique.

Et puis, on véhicule encore que l’état infectieux d’une personne qui a contracté la grippe A (H1N1) est de sept jours, ajoute Jacques Boisvert, alors que des médecins ont constaté que des patients étaient infectieux pendant 10 jours et que ce constat a été publié dans un périodique scientifique à révision par les pairs.

Non pas qu’il soit contre le principe de la vaccination comme tel, mais de la façon dont les choses se présentent dans le cas de la grippe A (H1N1), Jacques Boisvert sent sa confiance ébranlée.

«La communication des autorités de la santé est mal faite», analyse le microbiologiste qui constate, autour de lui, que nombreux sont ses collègues qui refuseront le vaccin contre la grippe H1N1 pour les mêmes raisons.

Le Nouvelliste - Un microbiologiste de l'UQTR inquiet – 13 octobre 2009

Vaccin H1N1: contradictions et inquiétudes

Eh bien ! Voici un microbiologiste québécois qui se dit inquiet et qui affirme que lui et nombre de ses collègues refuseront de se faire vacciner contre la grippe H1N1.

Je me demande bien quelle couverture médiatique cette position obtiendra. Car avouons-le, ça ne ressemble en rien au discours des autorités. Par contre son analyse résume honnêtement les questions que soulève cette campagne de vaccination.

Du jamais vu au Québec !

Comme peuple, on ne peut pas dire que nous avons l’habitude de nous opposer à nos figures d’autorité morale. Mais cette fois, la confiance des citoyens ainsi que celle de nos experts est entamée.

C’est Noël pour l’industrie pharmaceutique..

Cette dérape n’avait certainement pas été prévue par l’industrie. Je les imagine l’été passé, réunis avec leurs sympathisants sur une plage de sable fin, chacun devant apprendre à répéter «la position officielle» en échange de ces petites vacances bien méritées. Quoi ? qu’est-ce qui s’est passé ? z’aviez pas invité toul’monde à ce «Noël du campeur-actionnaire» ? (à ce «Noël du crosseur» aurait dit Falardeau)

Quand l’argent ne suffit plus à taire les dissensions, c’est que le jeu n’en vaut pas la chandelle. Maintenant, les carrières sont en jeu des deux côtés. Un scandale pourrait bien finir par éclater, anéantissant du coup la confiance du public… et des investisseurs.

Serions-nous vaccinés contre la crédulité ?

Je crois que oui. Je crois que le public se réveille,  experts et gens de la rue, on hésite à se laisser prendre en charge par un système mal foutu. On ose enfin s’opposer ouvertement. Les médias ne pourront éviter indéfiniment de montrer les deux côtés de la médaille.

À quoi peut-on s’attendre ?

Le pire scénario serait que la précipitation à produire ce vaccin entraîne des effets nocifs notables sur la santé des personnes vaccinées.

Un scénario plus optimiste serait que la non-adhésion du pubic à cette campagne remette en question le principe même de la vaccination.

Même si le pire scénario est évité (ce que je souhaite ardemment), les fondements de la science médicale (et sa réputation) n’en seront pas moins ébranlés. Plusieurs milliards sont en jeu dans le merveilleux monde qui contrôle la formation, l’information, la production et l’analyse scientifique des produits pharmaceutiques qui font partie de notre quotidien.

De graves conséquences (sur l’économie entre autres) sont à prévoir si on ne parvient pas à récupérer la confiance du public. Les actionnaires des grandes pharmas devront y réfléchir sérieusement.

J’espère que vos fonds de pension sont à l’abri de ce secteur.

En complément d’information, voir aussi:

Le Devoir – H1N1 La méfiance populaire inquiète Québec 6 oct 2009

Alors qu’Yves Bolduc répète que  son message est scientifiquement solide. «Notre discours est clair et il est appuyé par nos experts de la santé publique», qui eux-mêmes s’appuient sur les recommandations faites par les experts de l’Agence de la santé publique du Canada et de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Ceux-ci prescrivent la vaccination massive comme principal moyen de contrôle de la pandémie…(…)

D’autres discours mettent toutefois en lumière des omissions ou des contradictions réelles dans le message en demi-teintes des autorités sanitaires. La communauté scientifique elle-même contribue à brouiller le message. Encore cette fin de semaine, l’OMS a remis en doute la validité d’une étude canadienne qui concluait que les personnes ayant reçu un vaccin contre la grippe saisonnière étaient deux fois plus susceptibles de contracter le virus pandémique.

La semaine dernière, c’était au tour du Journal de l’association médicale canadienne de contester l’efficacité du lavage des mains dans la chaîne de contamination du virus, pourtant la pierre angulaire des mesures de prévention mises en branle par Québec. Dans tout ce charivari d’études contradictoires, même les spécialistes en perdent leur latin. En France et en Angleterre, plus de la moitié des effectifs infirmiers compte refuser le vaccin contre la grippe H1N1. Ici, des médecins n’hésitent plus à aller à contre-courant en émettant des doutes sur la stratégie canadienne. Quand ils ne se prononcent pas ouvertement contre la vaccination… Résultat, un Canadien sur deux affirme ne rien vouloir savoir du vaccin contre le H1N1.

Le Devoir – 6 octobre 2009 – H1N1 la méfiance populaire inquiète Québec


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Suzanneb 1338 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossiers Paperblog

Magazines