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Mercredi, folle journée en Sarkofrance

Publié le 15 octobre 2009 par Juan

Ses proches tentent d'expliquer. Ses députés s'inquiètent. Tous attendaient une rentrée sociale chaude. Il n'est rien pour l'instant. Mais l'Elysée est débordé par une batterie de polémiques qui bousculent l'agenda présidentiel. Sarkozy, en cette rentrée, est inaudible. L'actualité est ailleurs. La citation prêtée à Jacques Chirac fait florès: les emmerdes, ça vole en escadrille.
Bain de foules, bain d'emmerdes.
Mardi 13 octobre, Nicolas Sarkozy a pris un bain … de foule. Et oui, le Monarque était de sortie, pour « vendre » sa réforme du lycée. Un projet totalement éclipsé par la polémique sur la future nomination de son fils Jean à la présidence du conseil d’administration de l’EPAD.
Le président s’est donc rendu au lycée Samuel-de-Champlain, à Chennevières dans le Val-de-Marne, qu’il avait déjà visité en avril dernier, de façon imprévue. La surprise est la meilleure, la seule solution qui reste au Président pour sortir « sur le terrain » et éviter manifestations et contestations bruyantes. Sur place, le président français a confirmé, à mots à peine couverts, qu’il entend réduire le nombre d’heures obligatoire : «On est à 1 075 heures par an, c'est cent de plus que dans les autres pays développés, je suis très prudent, j'essaye de comprendre, mais il me semble que les résultats ne sont pas meilleurs pour autant».
Faire front...
Lors du Conseil des Ministres qui s’est tenu ce mercredi, le chef de l’Etat a remercié les ministres « solidaires » de Frédéric Mitterrand. C’était la polémique de la semaine passée. « Ca peut arriver, vous arriver à vous tous, et vous serez bien content de pouvoir compter sur la solidarité gouvernementale dans ces moments-là. » aurait-il expliqué, en substance, selon un ministre qui a préféré rester anonyme.
Mardi soir, le Prince Jean intervenait dans l’édition régionale du 19/20 de France 3 Ile-de-France. Un ton incisif, mais des réponses à côté. L’héritier évita soigneusement de répondre à l’insistante question du journaliste sur l’importance de son nom dans la rapidité de son parcours politique. « Nous sommes la risée du monde entier » a rappelé, quelques heures plus tard, François Bayrou. Nicolas Sarkozy a été léger, très léger, sur cette affaire. Jean Sarkozy est aussi la risée du Web. Régis Soubrouillard a rappelé, sur Marianne2, que les lecteurs du Figaro ont également lynché Jean Sarkozy dans leurs commentaires sur le site du quotidien de Sarkofrance.
Isabelle Balkany, la “marraine” politique de Jean Sarkozy, est venue à nouveau au secours de son protégé : "Jean Sarkozy est le meilleur d'entre nous. Il va être le meilleur représentant de la Défense possible. "La Défense il va falloir la vendre à des investisseurs" ; "ce rôle de représentation de La Défense, Jean Sarkozy est tout à fait capable de le mener très bien". "Qu'est ce qu'il fallait qu'il fasse ? Qu'il aille se présenter à la société d'économie mixte à Lima au Pérou ?" Bonne idée. Au Pérou, c'est une belle destination qui ne nous dérangerait pas. Le Nouvel Obs rappelle que l'EPAD exige un niveau Bac+4 pour ses embauches. Jean Sarkozy a redoublé deux fois ses deux premières années de droit... Oubliez cette critique... Il est é-l-u.
A droite, l’affaire trouble. Les députés UMP ne cachent plus leur désarroi et leur inquiétude quant à la multiplication des affaires. Gérard Longuet, sénateur UMP, a expliqué hier que « L'idée que Patrick Devedjian aurait pu terminer son mandat (à la présidence de l'établissement public) en 2011 est une idée qui est souvent partagée au groupe (UMP au Sénat), parce que nous aimons les vieux, nous sommes de cette génération-là» Et paf !
Sondages: l'Elysée avoue
Mardi Christian Frémont, le chef de cabinet de l'Elysée a dû justifier le budget de son patron pour l'an prochain devant la commission des finances de l'Assemblée nationale. La députée socialiste Delphine Batho s'en est fait l'écho, dès le lendemain. L'occasion, pour cette dernière, de demander quelques comptes sur l'affaire des sondages manipulés. Pour mémoire, la Cour des Comptes avait révélé en juillet dernier que (1) l'Elysée rémunérait 1,5 millions d'euros par an Patrick Buisson (un ancien de MINUTE, désormais intervenant sur LCI et salarié de TF1) pour faire réaliser des sondages d'opinion, (2) qu'une cinquantaine de sondages (un par semaine) publiés par la presse sur des questions d'actualité étaient en fait principalement financés par l'Elysée sans que la Présidence de la République n'apparaissent comme commanditaire, (3) qu'OpinionWay était l'institut de sondage principal bénéficiaire de cette manne présidentielle parmi tous les autres instituts.
Premier aveu, l'attribution d'un contrat de 1,5 millions d'euros annuels, sans appel d'offre ni contrat détaillé, était une erreur: « Tout cela appartient au passé, ce système n'existe plus ». Second aveu, l'Elysée n'avait pas à financer de façon occulte (c'est-à-dire sans apparaître comme étant le commanditaire principal) des sondages d'opinions par ailleurs relayés par le Figaro et LCI. Pour preuve, le chef de cabinet a expliqué que "Monsieur Buisson n'a plus les sondages depuis le mois de juillet". Frémont a confirmé que l'essentiel du financement des sondages Opinion Way intitulés "Politoscope" étaient financés par l'Elysée.

Depuis juillet 2009, nous dit monsieur Frémont :
  • monsieur Buisson a un contrat de conseil pour 10 000 euros mensuels ;
  • monsieur Giacometti à un contrat pour 43 500 euros mensuels ;
  • une procédure d'appel d'offre a été lancée concernant les sondages, sondages qui ne porteront désormais que sur la seule image du président de la République, contrairement au passé où ce périmètre restreint n'était pas défini. Il s'agit à présent « de ne pas faire doublon avec le travail du SIG » comme c'était le cas auparavant…
Troisième aveu, l'Elysée a continué de financer des sondages, et davantage qu'en 2008 ! M. Frémont a ainsi expliqué que la Présidence a commandé, sans appel d'offres, pour "300 000 euros de sondages Ipsos et pour 820 000 euros de sondages Opinion Way". D'après le Chef de Cabinet de Sarkozy, Opinion Way dispose d'une méthode que les autres n'ont pas.
Quatrième aveu, le meilleur: Patrick Buisson rédigeait les questions des sondages "Politoscopes": « un travail de rédaction des questions et d'analyse » explique le chef de cabinet.
Merci Monsieur, pour ces précisions.
Ami Sarkozyste, où es-tu ?

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