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Alain Marleix, secrétaire d’Etat au charcutage et au saupoudrage

Publié le 15 octobre 2009 par Hmoreigne

 Dura lex, sed Marleix. Le projet de redécoupage électoral est dur pour la gauche mais, c’est celui d’Alain Marleix. Discret mais efficace, le secrétaire d’Etat à l’Intérieur et aux collectivités. Considéré comme le meilleur ouvrier de la droite en termes de charcutage électoral, Alain Marleix n’a pas failli à sa réputation. Dès mardi, Martine Aubry évoquant un “tripatouillage”, a annoncé que le PS saisirait le Conseil constitutionnel pour contester la nouvelle carte des circonscriptions législatives.

On crée 33 circonscriptions, il y en a 24 qui sont favorables à la droite. On supprime 33 circonscriptions, il y en a 23 de gauche qui sont supprimées” , a accusé la première secrétaire du Parti socialiste. Alain Marleix donne des chiffres plus acceptables :18 circonscriptions de gauche supprimées, et 15 de droite.

Martine Aubry évoque un travail d’orfèvre “dans la plupart des cas, on a pris les circonscriptions qui sont entre 47 et 53 %, qui en général basculent quand le Parlement passe à gauche ou passe à droite” et “on a fait en sorte de les maintenir à droite en enlevant un petit canton de gauche, en mettant un petit canton de droite ”.

A l’image de certains chirurgiens disposant de droit de vie et de mort sur leurs patients, Alain Marleix dans l’affaire a joué Dieu le père. La grogne suscitée par la nouvelle carte dépasse la seule gauche et s’étend à des députés UMP dont la circonscription est menacée.

Le nouveau tracé des circonscriptions a été fait au scalpel. Alain Marleix connaît son métier. En 1986, comme conseiller de Charles Pasqua il s’est fait la main sur la carte électorale d’alors. Ex chiraquien du premier cercle, il prête allégeance à Nicolas Sarkozy qui en 2004 le place au poste hautement stratégique de secrétaire national aux élections de l’UMP. C’est à lui que revient de gérer les investitures UMP, à récompenser ou à sanctionner les élus de terrain. Aucune légitimité particulière pour le faire sinon le fait d’avoir été choisi par le Chef.

Rebelotte donc mais comme membre du gouvernement. Un secrétaire d’Etat qui fait la leçon aux députés juste avant l’examen du texte : “Vous êtes dans une situation singulière… celle de devoir débattre et voter un texte qui peut affecter directement vos conditions d’élection. Une situation de conflit d’intérêt en quelque sorte (…)” “La question qui vous est posée est de savoir si le travail que vous avez confié au gouvernement correspond ou non globalement à la mission que vous lui avez confiée et s’il peut lui en être donné quitus“, a-t-il encore dit.

Il est vrai qu’en terme d’impartialité, Alain Marleix est là aussi un spécialiste. Non content d’avoir placé son fils comme conseiller au cabinet de Brice Hortefeux, il a été l’objet en février 2009 d’une vive polémique concernant sa fille. Ça avait tangué du côté de la prestigieuse université de la Sorbonne lorsque les enseignants avaient découvert que le secrétaire d’état avait “tripatouillé” pour que sa fille se voie attribuer un poste de maître de conférence au sein de la prestigieuse université.La médiatisation de l’affaire fera finalement capoté la manoeuvre.

Impartialité toujours lorsqu’on apprend par le quotidien régional La Montagne que M. Marleix usant des crédits réservés du ministère de l’intérieur vient d’allouer à quelques encablures des régionales pour lesquelles il sera tête de liste, 41 subventions exceptionnelles à des communes du Cantal. Un clientélisme douteux au regard de l’objet de ces subventions : 1 000 € pour une réfection de plancher de bar, 2 500 € pou une réfection de trottoir, 25 000 € pour la construction d’un atelier municipal…

Le redécoupage proposé est le premier depuis 1986. Il prévoit une refonte de la carte électorale à effectif constant (577 circonscriptions). Cependant, 33 circonscriptions sont supprimées en métropole, et 33 sont créées, dont onze pour représenter les Français de l’étranger, une première. Est-il nécessaire de donner une circonscription aux Français installés en Suisse et au Lichtenstein pour fuir l’impôt?”, a interrogé le député François Asensi (PCF). Sauf à vouloir faire de Johnny, le chanteur préféré du président, un député.

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