Monsieur le Député,
Je me permets de vous écrire pour vous faire part de ma plus grande consternation lorsque j’ai appris, par voie de presse, que Nicolas Sarkozy avait planifié et semblait avoir réussi à faire nommer son propre fils Jean à l’EPAD, c’est-à-dire à la tête d’un budget joufflu de 1.3 Milliards d’euros.
Je suis consterné.
En effet, d’habitude, l’ensemble des magouilles sordides et des renvois d’ascenseurs les plus juteux se font dans une grande discrétion. Les pistons éhontés et répétitifs dont bénéficient les enfants d’élus bien placés, les connivences et les petits arrangements entre amis des puissants ont toujours été, et notamment dans le 92, marqués sous le sceau d’une furtivité feutrée et de bon goût qui permettaient, jusqu’à présent, de conserver ce semblant de sérieux aux institutions républicaines de mon pays.
Car j’aime croire que nous ne sommes pas encore tout à fait la risée des autres pays où, qu’on se le dise, affaires et coups tordus sont autant de mise que chez nous.
Mais là, ce qui était auparavant de notoriété publique mais pudiquement caché sous le voile d’un embarras fort naturel en lien avec les sommes impliquées et leur outrance face à la misère crasse du bas-peuple français, se transforme avec cette affaire en spectacle de son et lumière bruyant et tape-à-l’œil où s’organise un véritable concours de celui qui détournera le plus d’argent, d’influence, ou de bon sens, dans la plus parfaite souplesse d’élites manifestement opérées de la honte.
Bref, monsieur le Député, on se gausse de Pékin à Vancouver, de Stockholm à Prétoria, parce que notre président, élu confortablement, trouve le moyen de faire devant tout le monde ce qu’on avait la décence de faire en cachette jadis !
Monsieur le Député, veuillez comprendre que voter dans le secret studieux d’un isoloir poussiéreux pour des profiteurs, des corrompus et des népotes ne m’a jamais gêné tant que j’avais le secret espoir de pouvoir en profiter moi-même. En tant que démocrate, vous comprendrez que je n’aime rien tant que le pouvoir, procuré par le vote, de dépouiller mon voisin légalement.
Mais je dois vous dire, monsieur le Député, que la totale nullité dans laquelle se vautre actuellement la majorité en exposant, au vu et su de tout le monde et dans la décontraction la plus totale, les méthodes de toute une classe politique alors qu’on les voudrait discrètes m’oblige à renoncer définitivement tant à voter UMP aux prochaines élections (autrement dit, mon vote, vous pouvez l’oublier), qu’à voter tout court (autrement dit, votre légitimité, c’est du poulet).
J’irai braquer une banque. C’est plus noble.
Monsieur le Député, veuillez agréer la certitude de mon oubli total et définitif de votre existence ainsi que toute votre clique d’affidés pompeurs d’argent public.
Maurice B.