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Le syndrome de la passe vissée

Publié le 15 octobre 2009 par Ansolo

Pour tout amateur qui a touché au moins une fois dans son existence un ballon de rugby, le geste de la passe reste comme une expérience unique et, pour tout dire, un peu déconcertante.

Car l'objet ne souffre pas qu'on le traite comme un vulgaire ballon rond. Sa taille et son format ovoïde obligent le passeur à le manipuler à deux mains, même s'il est vrai que  la matière anti-dérapante qui désormais le recouvre a quelque peu remis en cause cette spécificité.

Plus important, on ne peut adresser de passe lointaine avec un ballon de rugby sans s'obliger à imprimer au projectile un mouvement de rotation. Ce geste très particulier conduit à "visser" la passe. Le ballon se comporte alors comme une balle de révolver, tournant sur lui-même et fendant ainsi la résistance de l'air.

On ressent une grande satisfaction à voir le ballon prendre une rapide trajectoire rectiligne, et franchir une distance de plusieurs mètres jusqu'au partenaire à qui on le destine. Ce geste n'est pas simple et il requiert un entraînement non négligeable.

Aujourd'hui, sur les terrains de rugby professionnel, la passe vissée est désomais devenue plus que monnaie courante. Elle est "LA" passe par excellence, pratiquée quelles que soient les circonstances. Pour résumer, on pourrait écrire que la passe vissée est consubstancielle au rugbyman moderne.

A tel point qu'on ne trouvera que rarement des cas où, placés à plus d'un mètre de son partenaire, le joueur lui adresse une passe "normale", réalisée le plus simplement du monde. Ce n'est pas anecdotique.

La passe non vissée est celle des origines. On se demande si cela ne la disqualifie pas aux yeux des joueurs contemporains. Trop archaïque, trop simple, elle est à la portée du commun des mortels et ne porte pas la marque du professionnalisme où tout va plus vite, plus loin, plus fort.

Et pourtant, cette passe toute simple a bien des mérites. Elle permet, en "flottant" légèrement, de faciliter le timing de la prise d'intervalle par celui qui reçoit la passe. Elle est aussi plus facile à rattrapper que la passe vissée, car elle est moins forte et dépourvue d'effet. Combien d'en-avants pourraient être évités si le passeur prenait la peine de faire une passe normale, en particulier quand son coéquipier est à moins de deux mètres de lui...

Au-delà des aspects pratiques, la passe non vissée doit être considérée comme un des outils à la disposition de l'attaquant, à l'instar de la chistera ou de la passe "main-main". On n'est pas loin de penser que la tendance actuelle traduit une forme d'inintelligence et de mécanisation du rugby.


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