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Afghanistan La torture et le bourbier de l'OTAN

Publié le 16 octobre 2009 par Sergeadam

Torture en Afghanistan : le gouvernement Harper avait été alerté dès 2006
De Alec Castonguay
Extrait
Un diplomate alors en poste à Kandahar rompt le silence
Le gouvernement Harper était au courant que la torture était pratiquée dans les prisons afghanes dès 2006, contrairement à ce qu'il a prétendu à la Chambre des communes. Un diplomate canadien en poste à Kandahar affirme qu'il a prévenu des hauts fonctionnaires au ministère des Affaires étrangères et au ministère de la Défense en mai 2006, soit un an avant que la controverse éclate au Canada. Pourtant, au printemps 2007, les ministres du gouvernement Harper affirmaient n'avoir jamais été mis au courant des risques de torture dans les prisons à Kandahar.
Cette révélation est contenue dans une déclaration sous serment qui a été dévoilée hier par la Commission d'examen des plaintes concernant la police militaire (CEPPM), qui tente de faire la lumière sur le rôle des soldats canadiens dans le transfert des détenus afghans qui ont été torturés par les services secrets locaux. S'il est démontré que le Canada savait que les prisonniers risquaient la torture, cela pourrait contrevenir à la convention de Genève.
Le gouvernement fédéral refuse que le diplomate Richard Colvin témoigne dans le cadre de l'enquête publique de la CEPPM. Mais hier, sa déclaration sous serment de 16 pages a été rendue publique. On constate qu'en mai 2006, quelques semaines après son arrivée à Kandahar, Richard Colvin a écrit un rapport sur de « graves problèmes » dans les prisons afghanes.
Il juge alors les informations « alarmantes » et prévient plusieurs fonctionnaires canadiens. « J'ai jugé que les problèmes concernant les détenus afghans étaient sérieux, alarmants, et les dangers, imminents. J'ai fait une enquête et écrit mes conclusions dans un rapport », peut-on lire dans sa déclaration sous serment.
Richard Colvin affirme avoir fait parvenir son rapport au ministère des Affaires étrangères et à des officiers militaires de haut rang, à Ottawa et à Kandahar. Il précise avoir envoyé le document à des personnes qui peuvent « agir » et corriger la situation. «Je voulais être certain qu'il soit non seulement reçu et lu, mais aussi que des actions soient prises », écrit M. Colvin, qui est aujourd'hui directeur adjoint des services de renseignement à l'ambassade du Canada à Washington. M. Colvin affirme avoir un exemplaire du rapport en question, mais il ne l'a toujours pas remis à la CEPPM.
Il n'a pas été possible de savoir si le rapport s'est rendu jusqu'au ministre des Affaires étrangères de l'époque, Peter MacKay, ou sur le bureau de l'ancien ministre de la Défense Gordon O'Connor.
Malgré cet avertissement de taille en 2006, rien n'a été entrepris par le gouvernement, qui a continué de confier les détenus afghans aux autorités locales. Lorsque le Globe and Mail révèle, au printemps 2007, les allégations de torture à la suite d'une enquête sur le terrain, le gouvernement Harper répond qu'il n'est pas au courant. À plusieurs reprises, les ministres soutiennent aux Communes ne rien savoir.
Bras de fer
Ce rebondissement est le dernier épisode d'une lutte épique qui oppose la CEPPM et le gouvernement fédéral. Depuis février 2007, la CEPPM tente de faire la lumière sur le rôle de la dans le transfert des détenus afghans.
L'audience d'intérêt public devait commencer la semaine dernière, mais le gouvernement empêche 23 témoins de comparaître. De plus, des avocats du gouvernement fédéral ont été accusés d'avoir tenté d'intimider des témoins.
......
Les audiences de la CEPPM sont pour l'instant suspendues, puisque le gouvernement et la CEPPM se battent en Cour fédérale pour établir le mandat de l'enquête publique.
Source Le Devoir
« Ottawa savait que les prisonniers afghans risquaient d'être torturés »
Dans le document de 16 pages, M. Colvin soutient que deux rapports, l'un datant du 26 mai 2006 et l'autre du 2 juin 2006 avaient été largement distribués au sein des ministères des Affaires étrangères et de la Défense, notamment à des hauts dirigeants militaires à Ottawa et à Kandahar.
Peu après son arrivée à la base de l'Équipe provinciale de reconstruction (EPR) à Kandahar en avril 2006, Richard Colvin a mené une enquête sur les problèmes entourant la remise de prisonniers afghans par les soldats canadiens aux autorités locales.
Il a visité la prison Sarpoza, à Kandahar, avant de rédiger un rapport détaillé un mois plus tard.
« Jugeant que les problèmes concernant les détenus afghans étaient sérieux, imminents et alarmants, j'ai enquêté et fait part officiellement de mes découvertes dans mon rapport depuis la base de l'EPR », a écrit M. Colvin.
Pour ce premier rapport, il a demandé la collaboration du major Érik Liebert, le commandant adjoint de la base, qui a effectué ses propres recherches avant de participer à la rédaction. Richard Colvin a ensuite envoyé un deuxième rapport encore plus complet qui « traitait de deux questions dont l'une concernait le risque de torture ou la torture de détenus afghans ». À suivre
Source La Presse

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