hargé de communication, quel beau métier ? Travail dur d’exécutant d’institution, Université, CNRS, INSERM, etc. Comme il n’y a pas encore franchement de culture de la communication dans ces structures, la communication est essentiellement institutionnelle : rédaction de dossiers de presse, rédactionnel, création de plaquettes, rédactionnel de sites internet, commandes auprès d’agence de communication pour tout ce qui serait création … Le ou la chargé(e) de comm. a dans son panier divers outils qui lui permettent d’exprimer … quoi ?
Car le vrai problème, c’est que l’institution n’imagine pas un instant (tout du moins pas en science) s’exprimer autrement que par voix institutionnelle. Elle est là, et elle le fait savoir !! Et Machin est promu là, et truc ici, et qui a le prix Nobel, qui a découvert la pilule du bonheur et a reçu un prix, et quelle composante fait quoi où qui contacter quand. À aucun moment l’institution n’imagine qu’on puisse s’exprimer autrement. Personne ne peut remettre en cause son discours, et c’est à cela que sert la communication.
Lorsque les structures de vulgarisation arrivent, elles apportent avec elles un vent de libéralité bien sympathiques. « Chouette » se disent alors in petto certains chercheurs, nous allons pouvoir enfin parler et raconter directement au grand public ce que nous faisons (car le grand public n’a pas de culture scientifique alors il faut éduquer les masses, comprenez vous ?). Ils sont alors rattrapés bien vite par l’institution qui dit qui s’exprime et quand. S’ils obéissent, ils bénéficieront de l’aide de chargés de comm. Sinon, leur carrière pourra être mise à mal. C’est pour cela qu’en tant que chercheur il faut mieux ne rien faire. Dit plus simplement, dans une institution, la vulgarisation est instrumentalisée en tant qu’outil de communication institutionnelle.
Et les chargés de communication, voix de leur maître, petites mains d’une armée silencieuse, sont chargés de mettre en forme ces messages institutionnels. On ne leur demande pas de réfléchir sur le bien fondé de cette communication. On ne leur demande pas de connecter l’information à la communication. La plupart du temps, on livre le message qui doit être fourni, à eux de mettre en forme, et puis voilà.
C’est vrai partout je suppose. C’est vrai également dans le champ de la culture (j’ai eu l’occasion de travailler avec une chargée de communication en Art Contemporain, c’était pareil). Le corollaire, c’est que les fournisseurs de messages ne se rendent pas du tout compte du volume de travail qu’il faut dégager pour mettre en valeur tel ou tel message. Ce qui fait qu’il y a des chargés de comm pas du tout submergés, et d’autres noyés sous le travail, mettant en place les différents formats.