Entreprise et ONG unies contre la Faim

Publié le 16 octobre 2009 par Tulipe2009


Jérôme Auriac, Fondateur de l’Agence"Be Linked" a donné une interview à Afrik.com en marge d’une conférence passionnante organisée par Alliés contre la faim, dans des locaux de Sodexo,. Ses propos ont été recueillis par Manon Aubel. En 9 ans, le Quotidien en ligne Afrik.com est devenu la référence de l'information quotidienne sur le continent, référencé en première page de nombreuses requêtes par Google, fréquenté mensuellement par plus d'un million d'internautes.

M.A : A l’occasion de la journée mondiale de l’alimentation, vous avez été invité à la conférence de ALLIES sur la lutte contre la faim, la pauvreté et la malnutrition. Quel est le rôle d’une société de conseil comme votre agence Be Linked dans la recherche de nouveaux modèles de partenariats ?

Jérôme Auriac : Notre activité n’aurait pas pu voir le jour il y a quelques années, car le poids et la légitimité des associations a énormément évolué. Aujourd’hui, les ONG sont devenues incontournables dans la prise de décision des entreprises car elles entrent de plus en plus dans leur périmètre d’action. Be Linked travaille dans des activités de conseil en stratégie de développement auprès d’une dizaine d’entreprises dont certaines grosses structures du CAC 40, cinq ONG et également le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). Nous intervenons par exemple auprès de dirigeants d’entreprises qui souhaitent apprendre à travailler avec les associations.

M.A : A quel point ces associations sont-elles influentes aujourd’hui ?

Jérôme Auriac : Beaucoup d’associations sont très dynamiques dans les activités de lobbying. On peut citer Greenpeace et Amnesty International qui vont jusqu’à acheter les actions de certains groupes pour pouvoir interpeller les dirigeants lors des comités d’entreprises. D’autres associations n’hésitent pas à se regrouper pour pouvoir peser sur de grandes problématiques. Sans le collectif d’associations "Alliance pour la planète", le Grenelle de l’environnement et la taxe carbone n’auraient peut-être pas vu le jour. Sur les problématiques de développement durable en particulier, les associations ont gagné une grande légitimité aux yeux des Français.

M.A : Est-ce que ça veut dire que les entreprises doivent s’ajuster ? Dans ce cas, qu’est-ce que le "social business" ?

Jérôme Auriac : Pour l’instant, les ONG sont comme des petits cailloux dans la chaussure du dirigeant d’entreprise. Personne ne souhaite apparaître dans les guides de Greenpeace ou faire les frais de mobilisations citoyennes. C’est très mauvais en termes d’image. L’entreprise doit pouvoir trouver un intérêt à s’engager dans des projets aux côtés d’ONG. Le temps du mécénat est révolu, je pense qu’il faut créer des outils de management pour permettre de faire entrer les ONG dans des chaînes de valeur aux côtés des entreprises et pas uniquement sur un projet ou sur une compétence.

Le "social business" est un exemple encore marginal de partenariat qui crée une valeur conjointe entre une entreprise et une ONG. Le concept est notamment développé par Danone Communities au Bangladesh. C’est un investissement qui répond à un besoin essentiel (eau, nourriture, énergie) mais de façon économiquement viable, c’est-à-dire que les revenus générés sont entièrement réinvestis. "No loss, no dividend" selon l’inspirateur de ce modèle, père du micro-crédit, Muhammad Yunnus. Si vous êtes actionnaire, vous placez de l’argent qui ne vous rapporte rien directement mais qui dégage de la valeur sociale.

Cet article publié à l’occasion de la Journée mondiale de l’Alimentation peut être repris LIBRE DE DROITS par tout Média souhaitant contribuer au combat contre la Faim et la Malnutrition mené notamment au sein de l’Association Alliés, membre de l’Alliance internationale contre la Faim...

Pour aller plus loin :
Dossier sur la crise alimentaire réalisé par Afrik.com

http://www.afrik.com/article17773.html

Site de Be-Linked, qui édite une Newsletter sur les relations ONG/secteur privé

http://www.be-linked.fr/