Tous innocents

Notre Président a eu fâcheuse tendance à considérer certains de ses sujets comme coupables. Pour ma part, en ce qui concerne nos politiques, je serais plutôt de l’avis inverse et tiendrais certains d’entre eux comme innocents. Non pas comme incapables de nuire, car ils sont nombreux à exercer leur capacité de nuisance, mais plutôt comme simples d’esprits. Les défenses échafaudées par quelques uns sont tout simplement grotesques.

On reproche aux détracteurs de Frédéric Mitterrand de confondre homosexualité et pédophilie. Ce n’est pas le sujet. D’après un livre confession ( ?), notre ministre de la culture aurait eu recours en Thaïlande aux services de prostitué(e)s. Légion sont ceux qui, comme moi, peuvent, à son invite, lui jeter la première pierre et ce qui n’est pas convenable pour un simple citoyen n’est guère admissible dans le passé d’un ministre de la République. Il nous conte que c’est pour lui une source de souffrances. Peut-être, mais il en va de même sans doute pour d’autres personnes ayant cédé aux mêmes tentations et qui n’ont pas pour autant obtenu l’absolution de leurs contemporains.

On nous dit aussi que « La mauvaise vie » est un ouvrage vieux de cinq ans, comme s’il datait d’un siècle. Si l’on veut retenir cet argument, il convient sans plus attendre de supprimer immédiatement le casier judiciaire qui, lui aussi, s’emploie à perpétuer le souvenir de faits passés. Et ceux qui avancent de telles excuses sont parfois aussi ceux qui souhaitent prolonger l’enfermement, sans jugement, une fois la peine accomplie, de personnes déjà condamnées une fois pour leurs dérives sexuelles.

Est-il honorable de rétribuer des services sexuels ? Non. On peut donc être choqué de voir un homme politique s’ingénier, avec talent, à défendre un honneur qu’il a perdu il y a longtemps.