COLDPLAY au Parc des Princes, propre !

Me voilà rentrée du fameux concert de Coldplay au Parc des Princes...oui c'était bien, très bien même, mais la question ne se pose même pas, on s'y attendait. Avec Coldplay on sait qu'on ne prend pas de risque. Voilà peut-être ce qui a fait dire à un journaliste prétentieux des Inrocks qu'aller à un concert de Coldplay c'est comme aller chez Ikéa, tout est trop lisse et bien exécuté mais en même temps si fonctionnel et passe partout qu'on ne peut que s'en accomoder. Mais je répondrais à ce cher journaliste, qui a écrit son papier sous l'axe "voilà pourquoi je n'irais pas voir Coldplay ce soir", que d'une on s'en fout, et de deux c'est vrai que ce n'est pas facile d'assumer qu'on aime un groupe qui incarne le gnan-gnan et le consensus intergénérationnel. Surtout quand ce groupe de pop n'a de rock'n'roll que l'origine britannique et que la FNAC le classe au rayon variété internationales. Mais après tout ça ne fait pas de mal non plus d'écouter une pop propre et efficace, des chansons certes simples mais touchantes, de l'easy listenning à l'état pur qui, il faut le dire, fait du bien.
Voilà maintenant que j'ai défendu mon droit d'aller à un concert de Coldplay sans pour autant perdre ma crédibilité en matière de musique, rentrons dans le vif du sujet.
Après une première partie passée inaperçue (dommage pour les Flaming Lips, enfin je crois que c'était eux, qui n'étaient pas si mal), Coldplay a fait son entrée sur "Life in Technicolor" suivi de "Violet Hill" et a démarré très fort en enchaînant sur un "Yellow" qui dix ans après n'a pas pris une ride et reste un énormissime tube, dans un Parc des Princes ravi, suspendu à la voix de Chris Martin. Le ton était donné et l'ambiance n'a pas quitté la pelouse jusqu'à la fin du concert, à mesure que les tubes mélodiques s'enchaînaient, de "Fix you" à "Lovers in Japan" en passant par "The Hardest Part", "Lost" ou bien sûr "Viva la Vida", qui fut un très beau moment et sonne tellement bien en live dans la communion d'un public. Le groupe a savamment mélangé les chansons de son dernier album avec ses plus gros tubes, en omettant cependant à ma grosse déception "Speed Of Sound" et surtout "Trouble", que j'attendais vraiment.
Sobres mais charismatiques, s'effaçant derrière leurs chansons imparables, sans en faire trop ni se donner de pseudo attitude rock'n'roll, Chris Martin, Jon Buckland, Guy Berryman et Will Champion ont fait vibré le Parc, et sur certaines chansons j'ai eu comme l'impression que le groupe avait des airs U2iens et Chris des accents de Bono. En moins flamboyant certes (le moment le plus rock'n'roll fut peut-être un "fuck" lâché quand ses doigts ont dérapé sur le piano...grand fou!) mais avec une facilité et une simplicité déconcertante.
C'est sans doute ça que l'on apprécie aussi dans un concert de Coldplay, la sensation de faire partie d'un public hétérogène et civilisé, qui sait apprécier le moment, mettre l'ambiance, être réactif, sans pour autant se marcher dessus, se lancer de la bière et s'évanouir. Je fais ici référence au dernier concert d'Oasis à Paris auquel j'ai eu la chance d'assister, et dont l'ambiance de la fosse était complètement différente, même si c'est presque logique vu que la musique, l'esprit et le public ne sont pas les mêmes. Chez Oasis dans la fosse c'était plutôt des bandes de mecs torchés qui ont fait les bourrins, sauté partout et piétiné sans respect tout ce qui se trouvait autour d'eux. Je suis la première à aimer quand c'est fou et rock'n'roll, mais en tant que femme, plus fragile et plus petite de taille, je sais aussi à quel point ça fait chier d'avoir ce genre d'énèrgumènes à coté de soi. Avec Coldplay le problème ne se pose pas, l'ambiance est bon enfant (petits trentenaires en couples, groupes d'amis bien élevés...) et le public est respectueux à mort. Quand une jeune fille montait sur les épaules de son mec pour mieux voir la scène et que quelques "descend !" fusaient, elle descendait immédiatement, presque honteuse et gênée d'avoir gâché la vue à des gens! Pourtant l'ambiance n'en était pas moins présente et c'est ça que j'ai apprécié, la preuve qu'on peut avoir une ambiance chaleureuse sans avoir pour public une meute de sauvages déshumanisés.
Le public est sans doute le miroir du groupe, il suffit de comparer Oasis et Coldplay sur scène pour comprendre. J'adore les deux et je préfère même Oasis en fait, mais je dois avouer que les attitudes convenues de rebelles des frères Gallagher paraissent presque ridicules en comparaison avec la sobriété classe de Coldplay. Comme quoi trop d'attitude tue l'attitude. On s'enflammait des dérapages incontrôlés d'Oasis lors des premiers live, mais avec le temps on s'habitue et se lasse et ça devient limite de l'auto-caricature. Enfin, pour être juste je dois avouer que ça ne me déplairait cependant pas de voir une pointe de frasques chez Coldplay. C'est sur que c'est facile d'habiter ses chansons quand elles sonnent déjà toutes comme des tubes trop parfaits mais un zeste de folie en plus pourrait s'avérer intéressant. Néanmoins, pas de quoi reprocher quoi que ce soit au leader qui a donné de sa personne comme il le fallait, qui a parfaitement occupé l'espace, s'est permis deux trois blagounettes et a même fait l'effort, très appréciable, de s'adresser au public en français.
En plus de la prestation du groupe, l'entertainement était vraiment au rendez-vous, entre confettis, petits papillons phosphorescents, ballons, feux d'artifices et subtils jeux de sons et lumières. C'était vraiment un show à tous les niveaux, et visuellement très réussi, en parfaite harmonie avec la musique. Léger bémol, le son un peu trop bas parfois, qui ne couvrait pas entièrement les hurlements du public, en tout cas surtout "vu" de la fosse...(et les guillemets prennent tout leur sens sachant que j'ai passé deux heures sur la pointe des pieds à me tordre le cou parce que les écrans du Parc sont installés trop bas!).
Un moment particulièrement apprécié du public fut la reprise accoustique de Billie Jean par Chris Martin, en hommage à Michael Jackson, vraiment bien exécutée (un million de fois mieux que la pauvre tentative de Pete Doherty lors d'un de ses récents concerts). Tout le Parc des Princes a chanté en choeur, son iPhone allumé au bout de ses bras levés (oui parce que maintenant les briquets c'est ringard, c'est Chris lui même qui a dit "sortez vos mobiles!"). Dommage que Left Right Left Right Left, l'album live gratuit de Coldplay (d'ailleurs offert avec le ticket du concert) soit sorti avant la mort de MJ, parce que cette reprise impeccable y aurait sans doute figuré. Tant pis il faudra que j'essaie de la retrouver sur Youtube en espérant que quelqu'un ait uploadé une vidéo d'une meilleure qualité que la mienne.
Enfin, plus beau encore que l'hommage à MJ, le final du concert avec "The Scientist", qui a chauffé la foule avant de la laisser sur sa faim. En tout cas c'est la sensation que j'ai eue. Après deux heures à peine de show (trop court je trouve), Coldplay a stoppé net et en quelques minutes tout était remballé et la magie envolée. J'ai trouvé le final un tout petit peu brutal, pas de rappel, un seul petit salut façon troupe de théâtre sur la fin, la chanson qui clôt, et au revoir. A ce moment là j'ai eu la sensation que le groupe avait fini son travail et n'avait plus qu'à se sauver...et là c'est vrai que j'aurais aimé cette fois un peu moins de modestie, au moins pour un final plus grandiloquent ou un petit rappel.
Quoi qu'il en soit ce concert reste excellent, à la hauteur de la promesse de la marque Coldplay.
La set list :
Life In Technicolor, Violet Hill, Clocks, In My Place, Yellow, Glass Of Water, Cemeteries Of London, 42, Fix You, Strawberry Swing, God Put A Smile Upon Your Face / Talk (techno remix), The Hardest Part (piano), Postcards From Far Away, Viva La Vida, Lost!, Green Eyes, Death Will Never Conquer, hommage à Michael Jackon avec Billie Jean (en acoustique) , Politik, Lovers In Japan, Death And All His Friends, The Scientist, Life In technicolor II, The Escapist.