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Chasse à l'homme

Publié le 18 octobre 2009 par Malesherbes

La meute des zélateurs de Nicolas Sarkozy aboie sans cesse : « Halte à la chasse à l’homme ! ». Où donc ont-ils vu un homme ? Selon la terminologie chère à notre Ministre de la Culture et de la Communication, Monsieur Fils n’a pas l’âge d’un boxeur de quarante ans, il mérite plutôt le qualificatif de garçon qui, ayant atteint voilà cinq ans sa majorité, a entrepris des études supérieures. Dans le même temps, d’autres jeunes, moins géniaux sans doute, ont décroché un diplôme de Master et avaient cru comprendre, selon les paroles augustes du père de l’impétrant, que « pour réussir c’est travailler dur et avoir fait la preuve par ses études. »

Malheureusement, dans la vraie vie, ce n’est pas comme pour une élection où l’on a le soutien d’un parti, voire d’un Président de la République, et où l’on n’affronte qu’une poignée d’autres candidats. Et certains de ces lauréats, certainement au moins aussi méritants que Monsieur Fils, sont toujours à la recherche d’un emploi. Mais je garde espoir que le tonitruant Jacques Ségala (j’hésite sur la finale de l'adjectif, t ou d ?) leur en propose rapidement un.

Si j’évoque ce talentueux publiciste qui, outre ses nombreux succès, est à l’origine du bonheur personnel de M. Sarkozy, c’est parce que je l’ai entendu hier samedi, à l’émission On n’est pas couché, conclure son tribut à notre souverain par un vigoureux « allez, place aux jeunes ! ». Je suis tout à fait d’accord avec lui. Mais je crains qu’il n’écrive cette injonction ainsi : «  place au Jeune ! » et c’est là tout ce qui justifie l’agitation actuelle.

Je plaisantais en réfutant cette appellation de chasse à l’homme au motif qu’il n’y avait pas d’homme à chasser. Mais, plus important, en matière de népotisme, ce n’est pas le neveu qui est indigne mais plutôt le tonton et, dans le cas qui nous occupe, ce n’est pas le fiston qui abuse de son pouvoir mais bien le papa. L’objet de ma hargne s’appelle Nicolas ainsi que tous ses courtisans qui se couchent en proférant des justifications qui témoignent, soit d’une imbécillité parfaite, soit d’une indignité stupéfiante, quand ce n'est pas des deux.

Il est tout à fait naturel qu’un garçon de vingt-trois ans soit séduit par la perspective d’un poste semblable, susceptible de lui permettre d’accéder ensuite à des fonctions encore plus importantes et davantage rémunératrices. Quelle que soit la conscience qu’il puisse avoir de sa propre valeur, il sait fort bien que les soutiens ne lui manqueront pas et qu’il est quasi assuré de sa réussite. L’inénarrable Zemmour déclarait hier soir sur la même tribune qu’on lui mettrait un préfet pour faire le travail (sic) !

Ce qui m’empêche de trouver ce brillant rejeton sympathique, c’est le souvenir des municipales à Neuilly en mars 2008. En décembre 2007, au cours d’une réunion publique, Jean Sarkozy déclarait à David Martinon, tête de liste aux élections municipales : « Nous, on te soutiendra à mort pour cette campagne ! ». Le 10 février 2008, un mois avant le premier tour, il le lâchait pour rejoindre une liste concurrente. Il a de la branche, ce petit, même vocabulaire imagé dans le lexique du croc de boucher, même facilité à promettre sans tenir. Loyauté, connais pas, comme papa !

Je me propose d’énumérer bientôt toutes les étapes qui ont pavé la voie d’une élection triomphale du prince héritier.


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