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Passation de pouvoir.

Publié le 20 octobre 2009 par Vinz

Avec la nomination de Thierry Dusautoir comme capitaine de l’équipe de France, le staff tricolore semble revenir sur des décisions apparemment inébranlables il y a peu et récompense un joueur exemplaire dont l’équipe ferait bien de s’inspirer.


La question du capitanat en sport collectif donne souvent lieu à des explications ambivalentes : on note d’un côté l’aspect secondaire de cette nomination alors qu’une équipe dispose toujours de chefs naturels ou de l’aide des entraîneurs, et d’un autre côté, on appuie sur l’importance de celui qui prend les décisions, rayonne par sa valeur et tient les rênes du dernier entraînement de la semaine.

Une légère contradiction.

Depuis sa prise de fonction, le staff de l’équipe de France s’appuyait sur L.Nallet pour guider un groupe Bleu rajeuni. La réputation de joueur dur au mal, brave, travailleur de l’ombre influent bien que taiseux correspondait à un besoin de sobriété dans un XV fougueux par son jeu et ses jeunes. Aujourd’hui le staff tricolore change son fusil d’épaule et de capitaine. Quand on se souvient que M. Lièvremont voulait aller au mondial avec L.Nallet titulaire du poste, il n’est pas interdit de penser à un retournement de la veste bleu, blanche et rouge. Après avoir mis de l’eau dans son vin en terme d’ambition de jeu, on aurait là aussi une contradiction entre les dires des premiers jours et les décisions issus des faits. Alors, qu’est ce qui a motivé cette importante décision?

Les trajectoires croisées.

Selon M.Lièvremont : « Le facteur déterminant a été la montée en puissance de Thierry depuis deux ans, qui est assez linéaire. Il me semble qu’on est dans une période charnière, avec un groupe qui est en place, qui fonctionne. On va se diriger petit à petit vers le Mondial-2011 et Thierry a aujourd’hui le statut pour assumer cette fonction. » En effet, on a là un argument massu : les trajectoires croisées des joueurs. Nallet fut probablement (avec Dusautoir…), le meilleur avant français lors de la première saison de M.Lièvremont à la tête de l’équipe de France. C’est lui qui transperce le pack Ecossais pour lancer la campagne du Tournoi 2008, exemple d’un Tournoi ou il sera le seul à disputer l’intégralité des matchs. Mais être le meilleur d’un pack français alors en pleine construction n’est pas une référence ultime. D’autant que sa seconde saison en tant que capitaine sera bien terne puisqu’il enchaîne blessures et performances moyennes alors que Millo-Chulski s’affirme, que Pape revient et Chabal grignote du temps de jeu. Enfin, les résultats de ses clubs successifs déçoivent : Nallet n’a pas l’air d’avoir profiter à Castres et le Racing doit commencer à se poser quelques questions.

Au contraire, T.Dusautoir reussit à Toulouse dont il devient un titulaire indiscutable. Sa régularité au plus haut niveau alors même que son équipe subit des contre performances en font un nouveau capitaine des rouge et noir. Ce que les sélectionneurs veulent retrouver en équipe de France. Après la tournée plutôt réussie de l’été dernier (série de tests remportée face au Blacks, défaite en Australie), Nallet avait déjà été suppléé par T.Dusautoir au capitanat. M.Lièvremont a voulu transformé l’essai. Il s’agit donc là d’un ajustement du groupe France car cette décision est révélatrice des futurs composition d’équipe. Dusautoir, déjà indispensable devient un chef reconnu et les prétendant au poste de 3ème ligne voit définitivement une place potentielle leur échapper (les Bonnaire, Harinordoquy, Ouedraogo, Chouly, et Cie vont devoir s’accrocher). Tandis que Nallet devra lui batailler pour redevenir incontournable dans le 5 de devant, n’étant plus protéger par son statut de capitaine et subissant la fronde de rivaux plus nombreux et revanchards (Millo-Chulski, Chabal, Pape, Thion…).

La voie du guerrier.

Le XV de France hérite donc d’un nouveau capitaine tout à fait légitime au vu de ses performances sportives et de qualités humaines louées partout ou il a pu jouer. Il ressemble en beaucoup de points à son prédécesseur : capitaine par l’exemple, travailleur insatiable, taiseux rechignant à la prise de paroles, il s’impose donc par les actes et des mots biens choisis. T. Dusautoir accepte, avec la sobriété qui le caractérise, cette nouvelle charge et cette confiance renouvelée. Gageons que, à la connaissance du personnage, cette nomination ne soit pas une fin en soi. On se rappèlera que ce natif d’Abidjan (Côte d’Ivoire) est tardivement venu au rugby (préférant d’abord football et judo) au S.A. Trelissac avant de brièvement passer en tant que junior au C.A.Périgueux et de rejoindre l’élite en 2001: Bègles, dont la relégation administrative le pousse à Colomiers. Puis, à Biarritz, il forme une troisième ligne redoutable ou il accompagne Betsen et Harinordoquy jusqu’au titre. Parti pour Toulouse pour des raisons essentiellement extra sportives, il trouve là un nouvel élan pour un nouveau titre et s’impose finalement comme capitaine Stadiste. Parallèlement, il prend place en équipe de France lors de la coupe du monde 2007, éclatant à la face du monde des néophytes lors d’un quart de final dantesque face à des Blacks auxquels il inflige l’improbable nombre de 29 placages, et devient finalement capitaine des Bleus lors de la tournée d’été 2009.

Il lui faudra désormais emmener dans son sillage une génération, comme lui, sevrée de titre au niveau international. Si cette dernière avait la bonne idée de suivre la trajectoire ascendante de son nouveau capitaine et lui permettre de gravir les derniers échelons…


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