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Paperasserie et bureaucratie

Publié le 20 octobre 2009 par Olivia1972

Paperasserie et bureaucratie sont les deux mamelles de Mother India !

On n’imagine pas ce que la paperasserie veut dire lorsqu’on débarque en Inde, mais je peux vous assurer que c’est sérieux ! Pour toute chose il faut remplir des tonnes de formulaires. Les indiens évoluent naturellement dans ce macro monde de pâte de cellulose et c’est quand on s’immerge dans la réalité indienne que l’on prend réellement conscience de la profondeur du problème qui nous fait penser au mystère des abysses, ces grands fonds où la lumière ne pénètre pas. A propos de ces abysses, on a découvert récemment un poisson poétiquement nommé Macropina Microstoma (un cousin de Némo ?) qui a des yeux tubulaires et une tête transparente ! Si nos bureaucrates indiens avaient une tête transparente on y verrait à l’intérieur des liasses de papier !

Paperasserie et bureaucratie
Un jour nous demandâmes à voir Monsieur le Secrétaire Général de notre club ; c’était au moment où nous voulions déposer un dossier d’inscription (bref ! nous inscrire). Un vieux monsieur, tout pénétré de son importance, ayant largement atteint le seuil d’éligibilité à la carte super senior, consentit à nous recevoir dans son bureau. Il nous fit, d’un geste bref qui ne généra que peu de consommation de calories, asseoir. Nos neurones encore intactes nous permirent de comprendre que nous devions attendre bien sagement qu’il eut un moment à nous consacrer. L’homo burocratus signait des papiers qu’une assistante lui présentait. A cet instant précis, nous sûmes que nous avions raté la photo du siècle ! Car en fait nous ne voyions que sa tête ! Son massif bureau d’un bois du siècle du grand-père de Rudyard Kipling, était rempli de piles de papiers. 8, 9, 10 voire 12 piles de papiers, chaque pile mesurant de 20 à 30 cm. Je pensai méchamment à l’expression « mettre le dossier sur le haut de la pile », oui mais dans ce cas précis, sur quelle pile ? Bref ces piles peuvent mener à la ré-volt…

Mais ce n’est pas fini. L’homme était peut-être doté d’un capteur psychologique car il nous jeta, au bout de quelques minutes qui nous parurent une éternité : « Vous voyez que je suis très occupé ! ». Son capteur, peut-être alimenté par toutes ces piles, dut envoyer un autre message à ses trois neurones car il ajouta : « Je viens ici tous les matins à 7h et je repars rarement avant 8 h ». Je me retins pour ne pas lui demander si c’était 8h du matin ? Non, je ne voulais pas être responsable d’une crise cardiaque. Et il ajouta : « J’ai beaucoup de travail ».

Cela me faisait penser à quelques dessins de Saint-Exupéry .

Hier un préposé est venu nous apporter une lettre, une invitation, à la maison. Nous dûmes signer deux bordereaux. On nous demanda aussi de mettre notre numéro de téléphone.

Lorsque je dois remplir des papiers pour être membre d’un conseil d’administration d’une société indienne, je dois théoriquement indiquer si les membres de ma famille ont des actions de cette société. Cela parait simple, il suffit de répondre non, surtout que les étrangers n’ont pas le droit d’acheter en direct des actions de sociétés indiennes. Ben non, je dois indiquer les noms et adresses de tous les gens de ma famille. Et cela va très loin jusqu’aux beaux-frères, belles-sœurs, oncles tantes etc … Cela explique pourquoi j’ai décidé de devenir fils unique et orphelin.

L’autre jour ma secrétaire dépose à la banque (pas celle dans laquelle je travaille, une grande banque indienne) un chèque sur mon compte. Le chèque est établi à mon ordre : initiale de mon prénom et nom. Ma secrétaire doit remplir un bordereau ce qu’elle fait et elle marque comme bénéficiaire mon prénom en entier et mon nom. Quelques jours plus tard le chèque est retourné, non encaissé, avec la mention : « le nom du bénéficiaire n’est pas le même sur le chèque et sur le bordereau ». Je dus aller batailler avec le directeur de l’agence pour qu’il prenne mon chèque !

Un autre signe de ce fléau bureaucratique est celui des registres ! En beaucoup d’occasions vous devez remplir un registre, un grand livre plein de colonnes. Si vous avez de la chance vous ne devrez remplir que les cases d’une page, mais parfois les colonnes s’étalent sur les deux pages ! Au Club, lorsque nous jouons au tennis, normalement on doit remplir un registre… Pour ne pas donner du travail supplémentaire au vieil homme dont nous parlions plus haut, nous nous abstenons.

Sur un plan économique, les fabricants de pâte à papier peuvent remercier Mother India de sa généreuse consommation. Sur le plan écologique, on pourrait diviser par dix la consommation de papier dans ce pays.

Finalement on se dit que ce n’est peut-être pas plus mal qu’il n’y ait pas de Sécurité Sociale en Inde car on nous demanderait probablement de noter le nombre et l’heure de consommation de chaque cachet.

Voilà les deux mamelles de Mother India qui nourrissent les indiens ; à quand le sevrage ?


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