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Le Monde Politico-Médiatique, Une “Belle Saloperie” Inventée Par Frédéric Lefebvre

Publié le 20 octobre 2009 par Sagephilippe @philippesage

Monseigneur Lefebvre
Or donc, lundi en 19 de ce mois d’octobre, le croustillant Frédéric Lefebvre était l’invité matinal de la station radiophonique RTL, et plus précisément de Jean-Michel Apathie.
L’entretien démarre doucement avec une première question [1] portant sur la victoire à Poissy de David Douillet. Malin comme trois singes, Apathie s’appuie sur un titre du quotidien ami de la majorité, le Figaro : “L’UMP soulagée par l’élection de David Douillet”.
- Alors, soulagé, Frédéric Lefebvre ? Demande ironiquement Apathie.
Nonobstant le fait que, bien évidemment, le sieur Lefebvre se réjouit de la victoire de David Douillet “et quelle victoire !” [2] souligne-t-il, c’est surtout sur RTL, Jean-Michel Apathie et (un bien mystérieux) “monde politico-médiatique” que le porte-parole de l’UMP va copieusement se soulager.
Mais qu’est-ce que c’est-y, le “monde politico-médiatique” ?
Apparemment, une arme de destruction massive :
- Cette victoire de David Douillet, dit Lefebvre en pesant bien ses mots, c’est finalement la meilleure réponse, à ce monde politico-médiatique qui cherche, par tous les moyens, à détruire le président de la République.
On notera, au passage, que si cette “victoire” est “la meilleure réponse à ce monde-politico-médiatique” cela signifierait, cher Monsieur Lefebvre, que les électeurs des Yvelines ne se sont pas vraiment déplacés pour (élire) David Douillet, mais pour dire “merde” au “monde politico-médiatique”. Sympa pour l’ex judoka …
Mais c’est bien le verbe employé, “détruire”, qui retient l’attention, d’autant plus qu’il ne s’applique pas à un objet, mais à un homme. Un verbe fort, mais pensé, soigneusement choisi et pourquoi ? Parce qu’il s’agit d’un uppercut-surprise, inattendu de violence, destiné à envoyer au tapis (ou au tatamis) son interlocuteur. Et l’on sent bien, qu’il est vaguement sonné, Apathie. Comme dans de l’éther :
- Les-médias-cherchent-à-détruire-le-président-de-la-République, Frédéric Lefebvre ? Récite-t-il.
Ce n’est pas vraiment une question. C’est juste un Apathie testant dans sa bouche cette énormité proférée par Lefebvre. Tu sais, comme quand on pige pas ce que quelqu’un vient de nous dire. On répète sa phrase, en détachant chaque mot pour entendre ce que ça donne dans notre cerveau. Si ça fait écho. Mais non. C’est toujours aussi abscons. De telle sorte qu’au final, on regarde le type et on lui lance :
”Mais tu dis n’importe quoi, toi !”
Ce que dira, d’ailleurs, plus tard dans l’entretien, Jean-Michel Apathie au porte-parole de l’UMP :
- Mais enfin, vous dites n’importe quoi !
- (...) Mais je ne dis jamais n’importe quoi ! Répondra Lefebvre …
Mais revenons à ce "monde politico-médiatique” qui chercherait, "par tous les moyens, à détruireNicolas Sarkozy.
Mais qui est-ce, à la fin ?
- Une partie des médias ! Répond Lefebvre.
Même que ça ne date pas d’hier, c’était déjà le cas avant l’élection de Nicolas Sarkozy, il ajoute.
- ON a tellement dit l’inverse, objecte Apathie, que les médias étaient dans la main du président de la République ..
"ON" ? Mais qui est ce “on” qui sous-entend que ce n’est pas lui (Apathie) ? Les médias, mais … surtout pas RTL ? François Bayrou ? Ségolène Royal ? Qui tous deux l’ont dénoncé … dans, et via, les médias ? Moi (je déconne, oh ..) ? Qui est "On"?
Sur ce point-là, Apathie, Lefebvre, les deux font la paire. Mais passons.
De toutes les façons, pour Lefebvre, ce “on” qui accusait les “médias” d'être à la botte de Sarkozy “n’a jamais convaincu personne”. En admettant, - car ça se précise, du moins chez Lefebvre - que derrière ce “on” il y avait surtout François Bayrou et Ségolène Royal, ce “on”-là a tout de même convaincu 44,44% des suffrages exprimés lors du 1er tour de la présidentielle de 2007 ! Ce qui n’équivaut pas à "personne". Mais bon.
Or donc, le “monde politico-médiatique” c’est “une partie des médias”. Mais laquelle ?
- Quand on voit les Unes, poursuit Lefebvre, qui sont sur lui (Nicolas Sarkozy) en permanence pour essayer de l’abîmer ..
On note qu’il ne s’agit plus de “détruire” le président de la République mais de l’”abîmer” (plus tard, il nuancera encore en parlant de "déstabilisation" : “Et que les médias considèrent chaque matin, qu’il faut trouver un sujet pour essayer de déstabiliser le président de la République” - Frédéric Lefebvre dans le texte).
D’autre part, le mot “Unes” semblerait vouloir désigner la presse.
Cette partie des médias qui chercherait, "par tous les moyens" (par des Unes, donc) d’"abîmer" le chef de l’État, ce serait ... la presse ?
Ce n’est pas aussi simple.
En fait, c’est “tout le monde ou presque” :
- On va s’arrêter deux secondes sur deux soit-disant (sic) affaires, dit Frédéric Lefebvre, j’en entends parler tous les matins sur RTL ; l’affaire Mitterrand …
Nous aussi, Frédéric, on va s’arrêter deux secondes.
Sur le terme “affaires”.
Qui l'emploie, ce terme : les membres du gouvernement et de la majorité ? Les médias ? Ou les deux conjointement ? Et quand bien même, il s’agirait des “médias”, pourquoi reprendre à votre compte, un terme que vous réfutez (le “soit-disant” vaut pour preuve) ?
Mais continuons, car la suite, essentielle, révélatrice, est un sommet d’ignominies et de calomnies qui va discréditer totalement le porte-parole de l’UMP :
- L’affaire Mitterrand a commencé comment ? Interroge Lefebvre. Elle a commencé avec des journalistes qui ont essayé de faire croire, en prenant la roue de Marine Le Pen, formidable ! que Frédéric Mitterrand était pédophile ..
- Quels journalistes ? Demande Apathie
- B … Beaucoup de journalistes ont repris .. euh .. Bafouille Lefebvre.
- Vous seriez incapable de les citer ... Vous seriez incapable de citer un seul journaliste accusant Frédéric Mitterrand de pédophilie ! Vous en seriez incapable ! Presse le journaliste de RTL
- Écoutez, Jean-Michel Apathie (quand on se retrouve dans l’embarras, toujours citer le nom de votre interlocuteur pour l’amadouer) la petite musique qu’on a entendu en permanence sur Frédéric Mitterrand, vous savez parfaitement que c’était celle-là !
- Vous en seriez incapable ! Insiste Apathie
- Mais attendez, Jean-Michel Apathie, je ne vais pas en citer un, c’est tout le monde ou presque !
- Mais enfin, vous dites n’importe quoi !
A nouveau, paraphrasons Frédéric Lefebvre : “arrêtons-nous deux secondes” sur ce qui vient d’être échangé.
Contrairement à ce qu’il dit, l’affaire Mitterrand n’a pas commencé “avec des journalistes qui ont essayé de faire croire (…) que Frédéric Mitterrand était pédophile”, elle a débuté le samedi 27 septembre 2009, quand, “stupéfait”, le ministre de la Culture et de la Communication estima que Roman Polanski avait été arrêté pour “une histoire qui [n’avait] pas vraiment de sens”.
C’est donc Frédéric Mitterrand qui par cette déclaration, fort maladroite, s’est mis, tout seul, dans le pétrin.
D’autre part, ce ne sont pas “des journalistes qui ont essayé de faire croire (...) que Frédéric Mitterrand était pédophile”, mais Marine Le Pen, lors de l’émission de télévision Mots-Croisés du 5 octobre dernier en prétendant que dans “La Mauvaise Vie” Frédéric Mitterrand décrivait “par le menu, la manière dont il effectue du tourisme sexuel et le plaisir qu’il a à payer des petits garçons thaïlandais !”.
Ce qui est faux.
Jamais dans “La Mauvaise Vie” Frédéric Mitterrand n’écrit que le personnage de son “récit” “paye des petits garçons”. En aucun cas.
Il ne parle que de “garçons”.
Il n’y fait ni la publicité du tourisme sexuel (je dirais même : au contraire !) ni celle de la pédophilie (qui le répugne). Ce n’est que l’histoire d’un garçon homosexuel affreusement complexé par son physique. Entre autres.
Ceci étant, le seul, qui ce soir-là, a tenté de réagir au propos de Marine Le Pen, ce fut … un journaliste : Yves Calvi (“Je précise que j’ai lu ce livre, et que le compte-rendu que vous en faites et au minimum rapide” dira-t-il, bien esseulé, à Marine Le Pen).
Mais ni André Vallini, ni Corinne Lepage, ni … Frédéric Lefebvre, présents, et en direct, ce 5 octobre 2009, ne montèrent au créneau pour dire que Marine Le Pen, “au minimum”, faisait l’amalgame entre “homosexualité” et “pédophilie”. Personne ! Sauf, donc, Yves Calvi qui parla de “fantasme”.
Comment, après cette “scène”, Monsieur Lefebvre peut-il accuser les journalistes d’avoir colporté cette “petite musique” (homosexualité = pédophilie) alors qu’il fut témoin du contraire, et que, pire encore, il a laissé développer, sur le plateau de Mots-Croisés, cette “petite musiquesans piper mot ? Ce qui est d’autant plus impardonnable que nous étions le 5 octobre, et que, quatre jours plus tôt, le 1er octobre, le Front National demandait (après avoir pris connaissance des “ignobles écrits” de Frédéric Mitterrand) via une pétition sur son site (où figurait l’extrait dénaturé – ce ne sont pas des “jeunes garçons” mais des “garçons” - de la “Mauvaise Vie” que Marine Le Pen lira sur le plateau de Mots-Croisés) la démission du ministre de la Culture et de la Communication ! Comment Frédéric Lefebvre pouvait-il l’ignorer ? Comment expliquer, qu’il n’ait pas pensé à parer le coup qui se préparait, autrement que par une “irresponsabilité politique” ?
Mais surtout, comment dorénavant prendre au sérieux (si tant est que ce fut, une seule seconde, possible) Frédéric Lefebvre quand il évoque un “monde politico-médiatique” voulant “détruire” le président de la République, quand lui-même, “détruit” les faits, les falsifie, les ré-écrit ?
Cette ré-écriture de l’Histoire, c’est bien plus “étrange” et “inquiétant” (pour reprendre les termes employés par Apathie) que de prétendre, grotesque de ridicule, qu’il existerait un “monde politico-médiatique” qui complote et ourdit. Ça sonnerait même comme une “petite musique” qui ne “nous” dirait rien de bon …
Et quand je dis “nous”, je parle de ceusses que vous honnissez, Monsieur Lefebvre, ceusses qui peuplent un autre monde. Celui de l’Internet. Cet Internet, véritable cible de votre intervention de lundi matin, puisque, enfin, au bout de 6 minutes et quelques cinquante secondes, vous lâchiez le morceau, en accusant les “médias” de “courir après” Internet (“La presse se précipite toujours, avez-vous dit. Maintenant, elle court après Internet pour aller plus vite sans jamais vérifier”).
Il était donc là, votre fumeux et fantasmagorique “monde politico-médiatique” (censé vouloir “détruire” Nicolas Sarkozy) : dans une “presse” se “sourçant” dans l’Internet “sans jamais vérifier”.
Vous prenez les journalistes pour des cons, dites-moi, monsieur Lefebvre (Apathie sera plus doux, en lui demandant s’il suggérait que les journalistes n’étaient pas professionnels) ?
Vous pensez vraiment qu’ils sucent la roue de l’Internet pour faire leurs Unes ?
Vous plaisantez, j’espère !
Au minimum” ils nous citent. Au mieux, ils nous reprennent, références et tout le bordel. Au pire, ils nous pillent sans un “merci”, ni même un “merde”.
Mais surtout, et en admettant que certains journalistes iraient piocher dans l’Internet pour illustrer un sujet, demandez-vous pour quelles raisons. Objectives. Si tant est que ce terme vous évoque quoi que ce soit. Ce qui n’est pas gagné, quand on observe votre “inquiétante” propension à ré-écrire l’Histoire. Dont, qui plus est, vous fûtes le témoin physique.
En vérité, Monsieur Lefebvre, vous êtes aussi pathétiquement fat que Monsieur Séguéla, l’homme qui a, paraît-il, “inventé la pub” (alors qu’il l’a volée, jusque dans ses slogans) celui-là même qui ose dire qu’Internet “est la plus belle saloperie inventée par les hommes”. Vous tenez, à peu de choses près, le même discours. Et “rêvez” (à haute voix) de “détruire” ce monde” (celui de l’Internet) ou, “au minimum” de le mettre “à votre botte”. C’est peut-être, d’ailleurs, la raison (objective) pour laquelle nous sommes (toujours) là. Pour dire non.
Non à la mise en botte.
Non à la destruction.
En cela, oui, nous sommes une forme d’opposition.
L’opposition, qui dans votre esprit - et d’autant plus quand surgissent, comme aujourd’hui, les temps difficiles - l’opposition disais-je, ou toute forme d’opposition, qui dans votre esprit est une “belle saloperie”.
Surtout quand elle est libre.
Qu’elle ne coure après personne.
Bref, quand elle est “Net” et sans (trop de) bavures.
Et si la presse la suit, cette “opposition”, ou la suce, ou la pille, ou l'honore, tant mieux.
Ou tant pis.
Pour vous.
[1] Il y aura en réalité très peu de questions. Frédéric Lefebvre ayant décidé de mener l’entretien tout seul. A tel point qu’au bout de quatre longues minutes de “soulagement” Lefebvrien, Apathie lui dira, excédé :
Attendez, vous allez pas faire l’interview tout seul ! On va essayer de faire les questions et les réponses, s’il vous plait !
[2] Quelle victoire, en effet ! 52,10% des voix pour David Douillet mais pour un taux d’abstention frôlant … les 70% (33,70% de participation) ! Certes, il ne s’agit que d’une législative partielle, mais tout de même ! Le moins qu’on puisse dire c’est que David Douillet (mais pourquoi ai-je cette irrésistible envie de rire qui me saisit quand j’entends le nom de ce judoka parachuté en politique ?) ne rameute pas, fameux, le corps électoral.
Bien évidemment, demain, aux Régionales, ou à la présidentielle, c’est vous, chers politiques, qui nous ferez une grande leçon de morale si le taux d’abstention est trop fort. Mais là, non. Seule compte la victoire. Mais quelle victoire quand 70% des électeurs ne daignent pas se déplacer ?
Cela dit, quelle importance, après tout, tant “chacun sait” que depuis toujours, Poissy a cette réputation d’être un petit nid … douillet. A vaincre sans gloire, n’est-ce pas …


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