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Un bon croc de boucher pour la démocratie

Publié le 21 octobre 2009 par Ruminances

soutine2.jpgDepuis le début du procès Clearstream, on parle (beaucoup) de gens montrant patte (pas trop) blanche ou des mains sales dans des gants blancs. On parle de l'implication de gens célèbres à des degrés plus ou moins élevés, ne se trouvant pas à l'endroit où ces gens le doivent. On parle de la haine du président pour ce procès et pour Dominique de Villepin en particulier. Il est vrai que détruire de Villepin c'est se donner une chance de réélection en 2012. A moins qu'entre temps l'affaire Karachi ne vienne à lui exploser entre les mains. On parle aussi du peu de trouble éprouvé par la justice française pour son allégeance au chef de l'état, alors qu'elle est sensée être indépendante. En tout état de cause, tout cela a l'air fort reptilien.

Cette histoire est une affaire de degrés. Comme un grand et interminable escalier, avec des parties qui gémissent dès que l'on pose le pied dessus ou que l'on s'accroche à la rambarde. A chaque pression nous avons la sensation que le bloc va s'écrouler. Plus qu'un procès, Clearstream est une émission de télé-réalité produite par… Par qui ?…
N'oublions pas qu'il s'agit d'une affaire où il est question de pognon. Beaucoup de pognon. Qui dit pognon, dit économie, dit politique, dit arnaque, dit secrets, dit coups de poignards et corruption. Nous avons là les ingrédients d'un univers impitoyable. Pinçons-nous le nez pour éviter l'incommodité.

De la déclaration fracassante à la spéculation chacun voit dans ce procès ce qu'il a envie de voir. C'est un peu comme une conversation de salon : tout le monde s'agite, tente une phrase, mais nul n'écoute. Pendant ce temps, dans l'ombre, on redouble d'efforts pour sauver quelque précieux meuble. Dans cette affaire Clearstream, Denis Robert est l'homme par qui le scandale est arrivé. Celui qui ayant mis un pied dans la forêt on accuserait aujourd'hui d'être l'auteur de sa dévastation. Il joue le rôle du chiffon qu'on agite. Et comme il n'a pas les moyens de tout le reste, il meurt par asphyxie.

Certains professionnels ne l'aiment pas et c'est à peine s'ils cachent leurs plaisirs à le voir embarqué dans cette galère. Ils n'aiment pas la manière dont Denis Robert exerce son métier et ils ne bougeront pas leurs petits doigts pour lui venir en aide, même si le fait de le voir sur le banc des accusés est une aberration. Tout aussi aberrant est le ricanement de certains professionnels à son encontre. Tout ça parce que, outre le fait d'avoir levé un gros lièvre, Denis Robert n'est pas quelqu'un d'orthodoxe dans le métier. Or nous le savons : dans cet univers un peu marlou du journalisme et de l'enquête, en dehors de quelques anecdotes people, rien ne doit dépasser du cadre. Un bon chien est un chien assis. Tout le contraire de Denis Robert.

Même si la façon de procéder de Denis Robert est maladroite ou naïve, on pouvait éviter de faire comme monsieur Edwy Plenel, d'aller le dénoncer auprès des juges d'Huy et Pons, l'accusant d'être le corbeau. Toujours très sanguin le bon Edwy ! Réaction très exagérée de la part de l'ex-directeur de la rédaction du « Monde ». Une erreur s'étant glissée dans le livre de Robert, le nom d'Edwy apparaissait sur les listings truqués, sa colère peut dès lors se comprendre. Elle est même légitime. Erreur sur laquelle l'ex-directeur de rédaction du « Monde » s'est d'ailleurs lourdement remboursé en publiant une série de quatre articles électro-négatifs à la sortie du livre.

Ostracisé par la profession, pauvre gars pour certains autres, telle madame Élisabeth Lévy qui sur son blog le qualifie (aimablement sans doute) « d'idiot utile », Denis Robert, a qui on a retiré la carte de presse, organise son quotidien comme il le peut, peignant des toiles, signant des romans, créant des bandes dessinées, exposant ses oeuvres.
Cela dit, Denis Robert a quand même des appuis dans la profession. Tout les confrères ne sont pas des chiens assis. C'est ainsi que plus de 500 journalistes ont envoyé leur carte de presse en signe de solidarité et le syndicat national des journalistes lui renouvelle son soutien. Au-delà, des journalistes indépendants célèbrent chez Denis Robert l'exercice artisanal d'un métier respectable. Tout le contraire d'un tricheur ou d'un manipulateur ou d'un corbeau.

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