Magazine Emarketing

Les nouveaux pouvoirs de la com interne

Publié le 22 octobre 2009 par Eric Camel @AgenceAngie

En silence, dans les vingt dernières années, la place de la communication interne a été totalement bouleversée.
Pourquoi ? Comment ? Angie et Théma ont mené une étude auprès de 21 grands groupes français. Zoom sur ces enseignements, extraits d'une interview du média, le magazine de l'agence. (commander le journal)

Votre étude dégage un « récit partagé » par tous les dirigeants que vous avez rencontrés.
Un récit qui commence au début des années 1990, par « la grande transformation ». Dans les années 1990, la globalisation déclenche une grande violence dans la compétition. Pour survivre, les acteurs doivent tout changer : leurs métiers, leurs process de production, leur management des hommes… afin de se donner fluidité et réactivité. La pression sur les salariés s’est alors considérablement accrue ; y compris chez les managers : une « fatigue des élites », palpable, se met en place. Les salariés de l’entreprise, ainsi emportés dans un maelström de changements, deviennent infidèles, distants, désimpliqués. Attaquée de l’extérieur, l’entreprise l’est aussi désormais de l’intérieur, dans son corps social et dans son âme.
À partir des années 2000, c’est le sursaut… qui place la communication interne au cœur des enjeux stratégiques. Arc-boutées face au risque de fragmentation, toutes les entreprises ne réagissent pas sur le même mode.
En effet, nous avons dégagé quatre types :
1 - La stratégie de « refondation identitaire ». Pour armer l’entreprise face aux défis qu’elle doit relever,
la communication interne commence le travail par une plongée introspective dans la culture interne, à la recherche de son ADN. Elle en extrait les cinq ou six valeurs clés qui fondent sa culture. Puis elle installe cette culture, la traduit en livre (« bible des valeurs »), en affiches, en vidéos, en opérations RP, en « rituels » et événements « tribaux », en « team building », parfois en jeux-concours. L’ensemble est orienté « fidélisation », « fierté », « communauté d’appartenance ».
2 - La stratégie de séduction par les valeurs sociétales. L’entreprise qui choisit cette voie cherche son ciment à l’extérieur : dans les tendances sociétales auxquelles adhèrent les collaborateurs. Elle privilégie programmes citoyens, éthique, développement durable, valeurs trendy de l’air du temps, formes d’expression cool, émotionnelles, non verbales et chaudes, story-telling, réseau social d’entreprise, etc. Elle tend au monde interne un miroir où il se regarde et se reconnaît.
3 - La stratégie de projection collective par le recours à une utopie régulatrice, adoptée par des entreprises contraintes à un nouveau projet, en rupture par rapport à la culture interne. La communication interne se caractérise alors par son caractère rationnel. Des objectifs pédagogiques, argumentés : faire prendre conscience du contexte, dessiner le futur, faire admettre la nécessité d’évoluer, créer un état d’esprit, puis les dispositions mentales, puis les comportements requis. On vise alors la construction d’une « relation adulte-adulte », basée sur les moyens de conviction (et non de séduction).
4 - La stratégie d’implication individuelle par le recours à la délégation, ou empowerment. Dans ce cas de figure, l’entreprise constate que la gestion centralisée se révèle incapable de prendre les bonnes décisions à la bonne vitesse. La délégation de pouvoir doit donc s’accentuer aussi loin que possible. La communication interne se voit alors chargée de nourrir le nouveau moteur de l’entreprise. Tantôt former des ambassadeurs de la marque. Tantôt former des « décideurs sur le terrain ». Dans ce dernier cas, la communication offre aux bénéficiaires de l’empowerment les moyens de leur liberté : repères sur leur rôle dans la structure ; information sur le contexte concurrents et consommateurs ; philosophie de coopération ; communication des résultats collectifs et de chacun, etc.
Votre récit raconte, plus qu’un changement d’échelle, un véritable changement de nature
de la communication interne ?
Oui, car la communication interne ne vise plus seulement à faire savoir, mais à faire faire. Elle tend à devenir un nouveau pouvoir interne. Un soft power qui s’exerce sur les esprits, afin de les préparer au changement. Et pour ce faire, elle n’est plus réduite aux textes et aux images, au papier et aux messages. Elle est devenue « spectacle global ». Moteur du changement, élément stabilisateur, antidote aux crises de parcours… Ce nouveau pouvoir compense les effets des forces déstabilisantes qui s’exercent sur l’entreprise. Vaste programme.

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Eric Camel 18 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossier Paperblog