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refaire le trajet

Publié le 16 octobre 2009 par Lironjeremy
refaire le trajet

A refaire le trajet après l’avoir écrit me le fait revivre comme une lecture. Mais le texte qui court en moi ne recouvre pas exactement le monde en lequel je glisse. L’intuition se confirme que tout ça échappe en grande part à ce qu’en mots et phrases on pose dessus. Plutôt mots et phrases prolongent cette expérience là, la solidifient. Pareil des tableaux. Pareil des images même si dans leur mécanique aveugle elles semblent moins y toucher. Partir de quelque chose c’est s’en éloigner, s’en défaire. Le texte écrit, je le redis en moi quand j’aborde le virage, quand je longe la barrière d’autoroute. Comme de chercher à le vérifier. Ou à vérifier le monde d’après lui. Et je crois percevoir que le monde a changé d’avoir été approché par le texte. Je crois que ce paysage que je parcours à nouveau en a été changé, déplacé. Le texte, cependant qu’il ne parvenait pas à saisir la totalité des choses a opéré une sorte de démystification, de désenchantement. Je crois que c’est un phénomène semblable à celui que j’éprouvais plus jeune en déchiffrant la partition d’un morceau de guitare mythique : Ce qui était une chose distante et magnifique, un mystère envoutant et brut qui vous prenait dans son groove apparaissait sous les doigts dans sa prose : des notes parfois pas si difficiles à enchainer, quelque chose que l’on reproduisait à son tour. Quelque chose d’abordable, de matériel, d’immanent. Quelque chose en somme, et non pas seulement un rêve. Alors écrire, lire, avancer une image, c’est comme d’user quelque chose, consommer le désir que l’on a du monde. Je dis : l’impression d’avoir manqué l’objet et pourtant aussi d’avoir réduit sa distance magique : avoir effarouché la bête ?


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