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Amour inconditionnel, être la mère d’une prostituée toxicomane

Publié le 24 octobre 2009 par Raymondviger

Solange est nerveuse. Difficile, pour une mère, de parler de sa fille qui s’est prostituée, qui est tombée dans l’enfer de la drogue. Michelle lui a demandé de raconter ce qu’elle a vécu. La façon dont elle l’a aidée pour sortir de la rue. En acceptant de s’ouvrir à Reflet de Société, Solange offre une autre preuve d’amour à sa fille.

En conservant l’anonymat — l’entretien se fait au téléphone — cette maman partage de douloureux moments du passé. Lors de la discussion, Solange ne fait jamais allusion à la prostitution. Elle préfère penser au présent, qui s’annonce plus radieux pour sa fille et pour elle. «Michelle va bien. Je veux la garder de même. Je suis fière d’elle.»

Le plus dur est passé. «Avec Michelle, j’en ai enduré pas mal. On a mangé la claque. La vie, ce n’est pas juste de belles choses, affirme-t-elle sagement. Maintenant, je vais bien. Je savoure chaque journée.»

Pendant quelques années, Solange vivait dans l’angoisse continuelle. Sa fille, alors à Québec, s’était enfermée dans un monde malsain qu’elle pourrait difficilement quitter: drogue, prostitution et violence. Michelle maigrissait à vue d’œil. Elle avait développé des comportements agressifs. «À un moment, elle ne me reconnaissait plus.»

Sauver celle qu’on aime

Son cœur de mère la pousse à rapatrier sa fille en 2005, après qu’elle se soit fait agresser violemment par son petit ami et proxénète. Michelle est traumatisée. Auprès des siens, elle parvient toutefois à reprendre goût à la vie… après une série de moments troubles. À cette époque, Michelle n’est pas guérie de sa dépendance à la drogue. «Le problème était son manque de drogue. Elle était agressive. Elle cassait tout dans la maison. Je n’avais pas d’argent. Mais, pour elle, j’en trouvais. Mon chèque de bien-être y passait. Elle empruntait aussi de l’argent à ma sœur. Quand quelqu’un est en manque, tu n’as plus de reconnaissance. Elle ne voyait plus clair.»

Une nuit, elle est réveillée par le bruit d’un corps qui chute sur le plancher. «Elle venait de tomber. Elle avait beaucoup consommé. Quand j’ai vu ses pieds, sur le sol… Oh! mon Dieu! raconte-t-elle, un frisson dans la voix. J’ai appelé une ambulance. C’était un autre moment rough.»

Démunie devant les problèmes de sa fille, Solange cherche de l’aide. «J’ai peut-être attendu trop longtemps. Je pensais m’en sortir seule. Impossible. Je faisais juste pleurer. Je me demandais si elle s’en sortirait. Je passais mes nuits à ses côtés. Elle était toute maigre. Je la faisais manger à la petite cuillère. Elle ne voulait rien savoir. Mais c’est mon bébé! Je ne voulais pas la perdre.»

Renaissance difficile

Solange rencontre un intervenant psycho-social qui lui dit de ne plus donner d’argent à sa fille. «J’ai dit non. Je ne souhaite à personne d’être là quand elle est en manque. On m’a référé au centre Dollard-Cormier.» Michelle s’y rend pour soigner sa dépendance à la drogue. Elle demeure au centre de désintoxication 7 jours.

«Une semaine, ce n’est pas beaucoup, avoue Solange. Mais, elle va à tous ses rendez-vous. Les premières fois, j’y allais avec elle. Maintenant, elle est indépendante. Elle y va seule. J’ai tourné la page. Je suis contente de ce que je vis présentement. Je l’aime toujours! On ne dit jamais assez à nos jeunes qu’on les aime. Moi, jamais je n’ai traité Michelle de droguée. Jamais.»

Quand elle écoute la télévision avec sa fille, confortablement installée dans son lit, Solange apprécie sa persévérance. Aujourd’hui, il fait soleil tous les jours chez elle.

Dossier Prostitution et Sexualité.

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