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William rejault à salut les terriens

Publié le 19 octobre 2009 par Yann Frat / Un Infirmier Dans La Ville

William Rejault: "Les vieux c'est pas nous"

William Rejault (ex ron l'infirmier) est passé samedi soir chez Ardisson pour parler de son livre ("Maman est ce que ta chambre te plait ?" aux éditions Privé...)

Cette vidéo intéressante me laisse pourtant un peu perplexe, entre deux sentiments contradictoires...

D'un coté je suis totalement d'accord avec William sur son analyse de l'hyper financiarisation des soins et de ses dérives (y compris dans la gestion du personnel), totalement d'accord aussi sur le fait que c'est souvent par "bonne volonté" par envie de "bien faire" que les soignants finissent par grabatériser des personnes (et son exemple des couches est vrai à 1200%, que le premier soignant qui n'a pas vécu ça me jette la première couche sale)... Et je suis donc vraiment ravi d'entendre enfin parler de ce problème réel, à une heure de grande écoute, par quelqu'un qui sait de quoi il parle...  Quelqu'un qui fait preuve aussi d'un certain courage (si ce n'est d'un courage certain...) pour aborder ce problème bille en tête sans arrière pensée financière ou politique derrière (Qu'a t il a gagner à mener ce combat? Vendre quelques livres de plus certes et après? Il n'a pas de syndicat, pas de mouvement derrière lui...), donc oui d'un coté je suis assez impressionné par william disons le mot..

Mais d'un autre coté je reconnais aussi la patte Rejault qui m'a si souvent opposé à lui (enfin si tant est qu'une fourmi et un éléphant peuvent s'opposer bien sûr...), la patte du sentiment facile, du tire larme, de l'exemple qui prouve tout et du  sensationnalisme un peu creux...

Par exemple quand une femme dit "c'était moins pire à Auschwitz parce qu'on avait de l'espoir" de quoi parle-t-elle? De cette maison de retraire ou du fait simplement de vieillir et d'être confronté à sa propre mort ?

Quand on lui demande "d'achever" une femme, de quoi parle-t-il encore? Du droit à l'euthanasie ou des conditions de vie dans cette maison de retraite?...

En clair ces questions là, moi qui travaille à domicile dans des conditions totalement différentes (parce que je me les offre d'ailleurs mais c'est un autre débat), avec des gens dans leurs meubles, entourés souvent de leur familles, se posent aussi... Ces questions sont même le propre du vieillissement, le propre de la confrontation de tout humain à la finitude de sa vie et à l'angoisse énorme que cela suscite...  Questions donc qui n'ont que peu à voir donc avec les conditions de vie en maison de retraite, qui en tous cas sont loin d'éclairer ou d'illustrer clairement le propos clair et précis des conditions de vie dans certaines maisons de retraites...

Quant à l'allusion fine à la solution finale (pas par William mais par Ardisson qui en fait la métaphore filée de son itw) je trouve qu'elle relève simplement du point godwin et ne plus rate complètement sa cible... Les société financières n'ont par pour but de tuer les vieux comme les nazis les juifs (c'est absolument absurde et contre productif de laisser entendre ça), elles ont juste pour but de faire un maximum de rendement et pressurisent pour cela personnels et clients au point de les épuiser tous les deux... sûres de toutes façons de remplacer rapidement les pertes des deux cotés.

Enfin, je déteste fondamentalement l'attitude de culpabilisation des familles... Seuls les soignants qui ont une vue d'ensemble des conditions de vie en maison peuvent voir quand les bornes sont dépassées ou pas... Les parents de patients n'ont pas de point de comparaison et sont démunis alors leur mettre en plus sur le dos le poids d'une culpabilisation facile m'ennuie donc profondément... (encore une fois ce n'est pas William qui dit ça mais on sent dans l'air comme une ambiance)...

Bref au final c'est donc une vidéo qui pose de très bonne question mais de façon parfois contestable...

Et accessoirement hein, rassurez vous, toutes les maisons de retraite ne sont pas comme ça (contrairement à ce que laisse un peu entendre William alors que, cher william, une expérience n'est qu'une expérience)...

Par contre où qu'il soit logé, ici ou ailleurs , le grand age pose toujours la question du sens d'une vie, le sens des extrémités d'une vie et l'inévitable question de la dépendance... Et ça c'est le genre de question qu'il n'est jamais trop tôt pour se poser...


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