Mangareva, 1700 km au S-E de Tahiti est la capitale de l’archipel des Gambier, 14 îles. En 1797, James Wilson la découvre. Les missionnaires débarquent le 7 août 1834 et appliquent leur programme d’évangélisation. S’ensuivent une destruction massive des « idoles ou fétiches », un camouflage des lieux de culte « marae ». Sans doute, grâce à quelque miracle, de rares statues furent sauvées ! Et les descendants des « Barbares » ont pu voir quelques pièces figurant les dieux Rao, Tu, Rongo et des eketea (bâtons), patoko (support d’offrandes) au musée de Tahiti et des Iles.
Rongo, également sous verre, possède une tête légèrement ovale aux yeux sans regard, un corps svelte avec seins, nombril et sexe. Les bras sont écartés du corps, la gauche est cassée, les jambes sont légèrement flétries, le pied gauche est brisé. Rongo est le dieu de la pluie, il favorise la pousse du rega (safran). L’arc-en-ciel était l’une des manifestations de la divinité. Il annonçait que Rongo descendait des nues, apparaissant sous la forme de brume afin de féconder la végétation âr ses pluies et de protéger la nourriture. C’est après la récolte des uru qu’on plantait le rega. Ce Rongo a été « redécouvert » au musée de Cahors est superbe. Taillé dans du tamanu (Calophyllum inophyllum) se tient debout sur deux jambes légèrement flétries, bras repliés à angle droit, visage imberbe, buste juvénile, mamelons en relief, nombril en creux, sexe circoncis. Il porte un pagne de purau, d’auti ou d’uru. Rongo est l’un des 8 fils de Tagaroa et de Haumea, résidait dans le PO (la nuit du monde invisible) avec ses frères Tu et Oge, maître des famines et des poissons.
Une petite figure de divinité ayant beaucoup souffert des outrages du temps, a été façonnée dans un bois très dur, le mikimiki (Pemphis acidula) enduit d’un colorant jaune. Alors protecteur des pêcheurs, le mikimiki est utilisé par les pêcheurs aux Tuamotu pour la fabrication d’hameçons pour la pêche aux requins.Rao est la divinité du curcuma.
Le curcuma est une plante sarclée à fleur jaune, odoriférante dont le tubercule est apprécié par ses multiples propriétés tinctoriales, culinaires et médicinales. Son odeur et sa saveur rappellent celles du gingembre. La statue anthropomorphe masculine est façonnée dans un tronc de miro (Thespesia populnea) et porte des traces de colorant jaune (Curcuma longa) appelée autrefois Ranga ou Rega. Il porte sur une tête stylisée, partagée en deux par une arête, un chignon, son visage est inexpressif, ses oreilles sont figurées par des losanges, son cou allongé, un corps façon réaliste avec nombril, sexe, les bras sont réduits à des ailerons et ressemblent à des balanciers de pirogue, aux hanches deux losanges…Les eketea (bâton fourchu) sont taillés dans du tamanu ; aux extrémités de la fourche 2 motifs ovales d’où partent deux lignes de motifs perlés. Sous la fourche, 2 bourrelets et 1 anneau formé de losanges. Scié sous ce motif, les 2 parties s’emboîtent parfaitement l’une dans l’autre. Cet objet était utilisé pour l’initiation des prêtres afin d’obtenir de bonnes récoltes de fruits de l’arbre à pain. Le père Laval, congrégation de Picpus à Mangareva mentionne « les prêtres prenaient 10 branches de miro les émondaient, attachaient 5 morceaux d’écorce de papyrus à chacune de ces branches en 5 endroits différents. Au-dessous de la dernière pendait un pavillon de la même étoffe… Les 10 eketea étaient remis entre les mains des 10 taura, ceints d’une feuille verte de bananier qui les déposaient sur le marae après avoir fait leur invocation d’abord à Tu puis aux autres dieux.
Le support à offrandes est un tronc avec, à son extrémité, quatre bras avec des mains à cinq doigts en miro avec des traces de curcuma (rega). D’après le père Laval, les Mangaréviens y accrochaient leurs paquets de popoi (préparation culinaire à base de pâte de fruit à pain fermentée) et de poisson. D’après F.W. Beechey, ces poteaux étaient dressés dans l’enceinte des sanctuaires (marae).Pau (tambour) en miro (Thespesia populnea) en partie évidée, recouverte par une membrane en peau de requin fixée par un laçage complexe. Une pièce de bois de 10 cm dépasse la base et permet de le ficher en terre.
Les matarii sont les fêtes marquant les 2 principales périodes climatiques selon les Anciens Polynésiens. Depuis 2006, le gouvernement de la P.F. célèbre matarii raro vers le 20 mai : l’entrée en période sèche et plus fraîche de l’hiver austral et matarii nia vers le 20 novembre : on fête le retour de l’abondance, de la chaleur et des pluies qui font l’éclosion de la vie et donnent une nourriture plus riche et plus variée.
Sabine
éééé
éééé