Des voisins pas comme les autres

Je suis née à Carthage, j'ai fait mes études à Carthage et j'ai toujours habité à deux pas de Carthage. J'adore ce coin et je ne me vois pas vivre ailleurs. Seulement voilà, depuis quelques temps mes voisins commencent sérieusement à me taper sur les nerfs.
Au début, quand ils se sont installés ici,ils ne comptaient pas rester longtemps, un petit séjour et puis voilà. La plupart des habitants du quartier étaient contents de leur arrivée. Cela les changeait de leur prédécesseurs, qui eux, sont restés un peu trop longtemps, et comme tous les tunisiens, les habitants de mon quartier aimaient bien le changement. Donc l'arrivée des nouveaux ne pouvaient que les ravir.
A l'époque moi j'étais encore une toute petite fille,je ne comprenais rien aux histoires des grands. Du moment que j'avais mes jouets, le choix des voisins et la durée de leur séjour à côté m'importait peu pour ne pas dire que je m'en fichais complètement.
Les années passent,les nouveaux voisins sont toujours là. Mais on les appelle encore les nouveaux, je ne sais pas pourquoi d'ailleurs! De mon côté, j'ai grandi, j'ai rangé mes jouets et je me suis tournée vers la vie, la vraie. Une erreur? peut-être...
J'ai commencé à voir des choses, pas toujours jolies. J'ai commencé à remarquer, à constater et à analyser, et je suis arrivée à la conclusion que tout partait des voisins et tout leur revenait. Il n'y avait pas d'autres alternatives. Quand j'ai essayé d'en parler autour de moi, on m'as conseillée de garder mes remarques pour moi. J'ai décidé alors de m'intéresser un peu plus à ces voisins, car ils m'intriguaient. Et finalement, je leur ai rien trouvé d'intéressant. Pis, ils ont plein de défauts: Susceptibles, ils ne toléraient aucune critique, ni même un avis différent. Mégalos, il fallait qu'on applaudisse tous leurs actes, même quand ils sortent les poubelles de chez eux. On devait toujours leur être reconnaissant. Reconnaissant de quoi? Pourquoi? Je ne sais pas, mais ce n'est pas grave, on trouve tout le temps des raisons débiles pour être reconnaissant. C'est comme si sans eux, on serait des presque rien, et que c'est eux qui nous servent d'oxygène dans ce monde. Ce n'étaient pas des menteurs, mais ce sont des mythomanes, ils vivaient dans leurs mensonges, le pire c'est que les habitants du quartier les croient, où ils font semblant de les croire, je ne sais pas en fait. Il faut dire qu'ils sont très forts dans la mise en scène...Ah oui, j'ai oublié aussi les fêtes d'anniversaire de leurs enfants! Comment dire, c'est tellement grandiose, kitsch et de mauvais goût, que ça tourne au ridicule...
Enfin bref, j'ai toujours été indifférente vis à vis d'eux, car ils me signifient rien, ils sont là et puis c'est tout, je ne leur accorde aucun crédit. Mais au moins, qu'ils arrêtent de nous prendre pour des cons, et que même s'ils restent ici, ils peuvent pas nous obliger à les aimer en mentant sur leur vérité.