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Des chrysanthèmes pour l'Europe ?

Publié le 30 octobre 2009 par Yvesd

vaclav-klaus.jpgLa Tchéquie vient de ratifier le traité de Lisbonne moyennant une pincée d’aménagements institutionnels obtenus par Vaclav Klaus, son président. Prague a signé, Lisbonne va pouvoir fonctionner.

Est-ce une bonne ou une mauvaise nouvelle ? Les avis sont évidemment partagés même si nous sommes loin des débats passionnés qui précédèrent le référendum de 2005. Un peu comme si les ex-partisans du « oui » boudaient une victoire a minima ou comme si les europhobes s’étaient résignés à l’avènement d’une Europe supranationale ou furieusement libérale, on ne sait plus trop…

« Restons Correct ! » ne rouvrira pas ce (déjà) vieux débat, ne serait-ce que pour ne pas foutre le souk chez Josette et Marcel qui faillirent bien à l’époque se jeter la vaisselle de chez IKEA à la tronche, à propos du risque qu’aurait hypothétiquement fait courir le traité à l’Identité Nationale en général et à la sauvegarde de la (vraie) galette-saucisse en particulier.

On a beau se complaire dans le pamphlet et se vautrer dans la polémique, ce n’est pas une raison suffisante pour pousser les lecteurs de ce blog à des extrémités aussi fâcheuses que vaisselloclastes…

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N’empêche qu’en ce week-end de la Toussaint la question se pose de savoir s’il faut ou non faire provision de chrysanthèmes en prévision d'un possible prochain décès de l’Europe politique.

A part François Bayrou et ses derniers partisans le sujet n’intéresse plus grand-monde en France comme l’a montré le taux record d’abstention aux dernières élections européennes ; au Royaume-Uni, David Cameron le très probable prochain Premier Ministre conservateur de Sa Majesté la Reine, a fait part de son intention de renégocier la participation de son pays à l’Union ; les Turcs eux-mêmes seraient, dit-on, de moins en moins demandeurs d’adhésion.

En fait, outre François Bayrou, il ne reste guère plus que Ségolène Royal, les Croates et, éventuellement, les Islandais rincés par la crise financière pour manifester encore un peu de Désir d’Avenir européen.

Pour être clair, ça sent plus les chrysanthèmes et les regrets éternels que la marche triomphale du grand projet fédérateur et protecteur des peuples et des valeurs éternelles du cœur historique de la civilisation occidentale.

Comment s’en étonner ? La construction européenne a à peu près atteint tous les objectifs assignés au lendemain de la seconde guère mondiale par ses pères fondateurs :

- La paix du continent est d’autant moins menacée que, libérées depuis vingt ans du communisme, la plupart des ex-nations socialistes ont rejoint l’Union.

- La Liberté de circulation des citoyens, des marchandises et des capitaux est pratiquement totale.

- La création de l’euro a contribué à conforter durablement le libre-échange continental, ce qui est un point clef en période de crise économique et financière.

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Dans son remarquable et très copieux ouvrage The rise and fall of the great powers dont la traduction en français est disponible chez Payot, Paul Kennedy, diplômé d’Oxford, professeur à Yale et titulaire d’une chaire d’Histoire à la London School of Economics, avance l’hypothèse selon laquelle les succès géostratégiques des nations européennes à partir de la Renaissance seraient d’abord attribuables à la compétition, parfois sanglante, qui opposa les Etats-Nations tout au long des derniers siècles.

S’il a raison, et nous pensons que c’est le cas, cela signifie que l’intérêt des citoyens européens que nous sommes n’est pas dans une uniformisation politique accrue mais dans une préservation concurrentielle des spécificités culturelles, économiques et sociales de chaque pays.

Si une coordination des politiques étrangères est sans doute souhaitable, il est probable qu’il faille se garder d’une uniformisation des politiques fiscales et sociales par exemple. Fort heureusement il n’en est pas question dans le traité de Lisbonne.

L’Europe-Marché ne fonctionne pas trop mal dans sa diversité, ne la tuons pas par l’avènement d’une improbable Europe-Puissance.


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