Qui n’a pas vu le film de Luigi Comencini doit combler cette lacune au plus vite. Difficile de trouver plus forte fable, mais fine et poignante et drôle, sur l’éternelle fascination du gain, le tango de la détestation dansé par le pauvre et le riche, ou, pour parler chic, la lutte du capital et du prolétariat.
Tiens, la vieille pour nous, ces temps-ci, ce ne serait pas la finance internationale dans le scopone scientifico , ce jeu de cartes dont nous sortons raclés ? « Je te prête, tu t’endettes, je te liquide, je perds des plumes, les Etats me renflouent, je ne prête plus, tu rames pour longtemps, je me refais vite, j’invente d’autres martingales et c’est reparti pour une donne. »

On aimerait connaître le menu proposé aux conviés du Président sous la verrière du Grand Palais, le 13 juillet dernier au soir. Pour 5.362 euros le couvert , ce devait être rudement bon, non ? Un peu lourd peut-être, mais il y avait le lendemain un défilé de Fête nationale pour digérer dans les tribunes en attendant le raout dans les jardins. Un peu salé bien sûr, n’importe : ça fait boire et c’est toi qui trinque.

Jacques Chirac à la barre. Pas celle du pouvoir, cette fois, celle du tribunal. Pleurerons-nous ? « - Il était bien sympathique, c’te homme. Pourquoi lui faire des crasses à 78 ans ? -Ah ! écoutez donc, M’ame Daube, y a pas d’âge pour se mettre en règle. J’ai lu que c’est trente millions quand même, cette affaire d’emplois fictifs. Sans compter que réclamer le remboursement c’est coup double pour Delanoé : il joue les Ivanoë tout en remettant du grain dans ses propres paniers sans fonds : impôts en hausse de 20% à Paris, je le sais par ma nièce. »

Hé oui, décidément c’est rien que des crocodiles à droite. Les petites montres de Dray à côté ? Broutilles. Les fastes de Mitterrand dans la Galerie des Glaces, le branle-bas au moindre déplacement du Prince ? Vétilles. Quand même Urba, Crédit Lyonnais ? Oh ! et pourquoi pas aussi le gaspillage d’eau douce au Déluge !

« -Maman, qu’est-ce qu’il fait le peuple, quand il en peut plus de voir ses tirelires vides ? Le gentil Peuple, dis, qu’est-ce qu’il répond quand il apprend que la méchante Vieille n’a plus de sous non plus mais se tape la cloche ? -Il descend dans la rue, poussin. Ou bien c’est qu’on l’y jette. Allez, dors maintenant, il est tard.»
Arion
