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L’argent de la vieille

Publié le 01 novembre 2009 par Jlhuss

scopone.1257016680.jpg Qui n’a pas vu le film de Luigi Comencini doit combler cette lacune au plus vite. Difficile de trouver plus forte fable, mais fine et poignante et drôle, sur l’éternelle fascination du gain, le tango de la détestation dansé par le pauvre et le riche, ou, pour parler chic, la lutte du capital et du prolétariat.

Tiens, la vieille pour nous, ces temps-ci, ce ne serait pas la finance internationale dans le scopone scientifico , ce jeu de cartes dont nous sortons raclés ? « Je te prête, tu t’endettes, je te liquide, je perds des plumes, les Etats me renflouent, je ne prête plus, tu rames pour longtemps, je me refais vite, j’invente d’autres martingales et c’est reparti pour une donne. »

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Il y a certes des vieilles moins coriaces que Bette Davis dans le rôle de la riche américaine. La vieille, c’est aussi nous, vache à traire à toutes les étables publiques, pour la rage de voir jeter notre lait par les fenêtres. Conte moderne : la bonne fée Mandroux trouvait sa mairie-citrouille indigne de la huitième ville de France. Elle offre donc à Montpellier un carrosse « Jean Nouvel » dernier cri pour la paille de 110 millions. Citoyens, voyez comme on vous gâte ! Il sera toujours temps de rembourser, au douzième coup de minuit…

On aimerait connaître le menu proposé aux conviés du Président sous la verrière du Grand Palais, le 13 juillet dernier au soir. Pour 5.362 euros le couvert , ce devait être rudement bon, non ? Un peu lourd peut-être, mais il y avait le lendemain un défilé de Fête nationale pour digérer dans les tribunes en attendant le raout dans les jardins. Un peu salé bien sûr,  n’importe : ça fait boire et c’est toi qui trinque.

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Pauvre Monsieur Séguin ! Il a beau tempêter, bien enclore sa Cour, la chèvre arrive toujours à se barrer : les comptes la rasent et elle adore voir le loup.  Ô Marianne, ma mie, la seule réforme indispensable au nettoiement de la ferme : donner force contraignante aux avis de la rue Cambon, la feras-tu ? On peut rêver…

Jacques Chirac à la barre. Pas celle du pouvoir, cette fois, celle du tribunal. Pleurerons-nous ? « - Il était bien sympathique, c’te homme. Pourquoi lui faire des crasses à 78 ans ?  -Ah ! écoutez donc, M’ame Daube, y a pas d’âge pour se mettre en règle. J’ai lu que c’est trente millions quand même, cette affaire d’emplois fictifs. Sans compter que réclamer le remboursement  c’est coup double pour Delanoé : il joue les Ivanoë tout en remettant du grain dans ses propres paniers sans fonds : impôts en hausse de 20% à Paris, je le sais par ma nièce. »

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Et puis voilà l’argent de Pasqua, après celui de Juppé, de Longuet, ou du ministre oublié qui louait une bouchée de pain un 400 m2 pour sa petite famille boulevard Raspail, dites donc, pendant que j’entasse ma ribambelle dans un trois pièces au Raincy ! Et je ne parle pas de leurs « frais de bouche », hein, pendant que je bouffe mes pâtes de chez Leader Price !

Hé oui, décidément c’est rien que des crocodiles à droite. Les petites montres de Dray à côté ? Broutilles. Les fastes de Mitterrand dans la Galerie des Glaces, le branle-bas au moindre déplacement du Prince ? Vétilles. Quand même Urba, Crédit Lyonnais ? Oh ! et pourquoi pas aussi le gaspillage d’eau douce au Déluge !

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Riez, demain c’est le casino en ligne ! On n’a pas de pétrole mais ce qu’on s’amuse ! Ça promet de jolies fins de mois dans les ménages. « Chéri, à table, les carottes sont cuites. –Une minute, chérie, je me refais avec une quinte. –Tant pis pour toi, ça sera froid. –Non, je te jure, c’est chaud. » Il y aura des pleurs et des grincements de dents, des addictions, des additions ; des contritions, des contractions ; des contradictions, des contributions ; des concertations, des consternations. Bof, on n’aura qu’à rééchelonner la dette et travailler le dimanche…

« -Maman, qu’est-ce qu’il fait le peuple, quand il en peut plus de voir ses tirelires vides ? Le gentil Peuple, dis, qu’est-ce qu’il répond quand il apprend que la méchante Vieille n’a plus de sous non plus mais se tape la cloche ?   -Il descend dans la rue, poussin. Ou bien c’est qu’on l’y jette. Allez, dors maintenant, il est tard

Arion


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