Magazine Photos

Egyptologie : la piste sumérienne battue en brèche.

Par Ananda
LE 27 OCTOBRE, SUR PLANETE, A 21H40, "LE ROI SCORPION".


Décidément, en matière d'origines de l'Egypte pharaonique, les théories se suivent, se bousculent, mais ne se ressemblent pas.
En lisant ce blog, vous étes tombés sur des articles qui faisaient état de la fameuse "hypothèse (ou piste) sumérienne", actuellement très en vogue.
Ici, ce documentaire nous renvoie à une hypothèse diamétralement opposée : celle d'une fondation de l'Egypte totalement indigène, par un souverain pré-dynastique qui sort peu à peu de l'ombre : le "Roi Scorpion".
"Il avait posé, nous signale-t-on, les bases de la civilisation la plus durable de l'Histoire".
Zahi Hawass, égyptologue de premier plan, nous le présente comme "un personnage captivant et entouré de mystère", dont la sortie de l'ombre aboutit à des certitudes complètement "bousculées".
Ce documentaire se lance donc sur la piste cruciale du "Roi Scorpion". Pour cela, il commence par nous emmener dans le Sud de l'Egypte, au Djebel Djoti; là, on trouve des parois gravées qui affichent des dessins "fascinants", lesquels, précédant de deux siècles le début de la période pharaonique, comportent des "cortèges d'humains et d'animaux" et, surtout, une figuration d'Horus associé au scorpion. Pour Zahi Hawass, c'est la première trace connue du mystérieux "Roi Horus-Scorpion".
Ensuite, on retrouve des traces du même personnage à Hiéraconpolis, sous l'espèce d'une massue gravée où figure un homme porteur d'un pagne royal à queue de taureau; ce roi, manifestement, procède à un rituel d'irrigation.
Il ne fait pas de doute que l'homme en question est un pharaon, un pharaon sur lequel un scorpion et une rosette ont été également gravés.
Une telle figure renvoie aux souvenirs "agressifs" (après tout, le scorpion n'est pas un animal particulièrement sympathique) de la première dynastie.
Mais où, à quelle époque situer précisément ce Roi Scorpion ?
Le documentaire, pour ce faire, se tourne vers la "palette de Narmer", sur laquelle ce roi s'apprête à frapper un prisonnier à genoux. Narmer porte deux couronnes alors que Scorpion n'en porte qu'une seule.
Nous savons (depuis l'école) que la double couronne symbolise l'unification de l'Egypte, ce qui laisse à penser que Scorpion ne régnait que sur le Sud de cette dernière. Il était par conséquent soit un contemporain de Narmer, soit un souverain antérieur à la première dynastie.
En tout cas, la massue de Scorpion a stupéfié les archéologues. C'est grâce à elle que la théorie de l'apport d'envahisseurs étrangers s'effondre.
Désormais, la période pré-dynastique apparaît comme moins brumeuse. On en vient même à l'associer à une "dynastie 0"..
Mais d'autres gravures rupestres mettent sur la piste de Scorpion : elles représentent un homme de haute stature brandissant une massue devant un prisonnier, signe évident d'une "victoire militaire" de ce roi contre son ennemi. Reste à savoir, maintenant : qui était cet ennemi ?
On pense qu'à l'époque (5000 ans environ), trois royaumes s'affrontaient dans le Sud de l'Egypte, et qu'en définitive, le Roi Scorpion l'avait emporté sur le royaume de Naqqada, unifiant de ce fait le Sud. Par la suite, son successeur, Narmer, aurait pour sa part étendu son pouvoir sur le Nord (encore appellé Basse-Egypte).
"Sans le triomphe de Scorpion dans le Sud, peut-être Narmer n'aurait-il jamais régné sur une Egypte unifiée".
Le Roi Scorpion, suppute-t-on, devait être quelqu'un de puissant et de charismatique, sans nul doute "un grand guerrier". Les marques de sa réussite se trouvent dans sa tombe, à Abydos.
Construite 200 ans avant les premiers pharaons, celle-ci mesure 75 m2 et est divisée en 12 chambres funéraires. Les archéologues la désignent par l'appellation "Tombe UJ". On y a récolté de nombreux pots, des jarres à vin au nombre de 700, ainsi qu'un sceptre en ivoire, attribut royal par excellence, ancêtre direct de la crosse pharaonique.
Lors de la reconstruction des jarres brisées, on a identifié une figure de scorpion sur plusieurs d'entre elles.
Tout porte à croire que la tombe et les gravures rupestres  datent de la même époque.
Les intuitions se précisent : "Scorpion a peut-être joué un rôle essentiel dans la naissance de la civilisation égyptienne".
La tombe UJ, constate-t-on, est un "palais miniature", un tombeau nettement plus vaste que les autres tombeaux propres à l'époque. Elle contenait "énormément de nourriture et de vin", précise-t-on.
Il s'agissait d'une "tombe en briques recouverte de plâtre" qui formait une sorte de tumulus, de monticule. Les savants spéculent : de tels monticules, de tels tumulus ont peut-être ultérieurement évolué en mastabas, puis en pyramides à degrés, puis, pour finir, en pyramides classiques (telles celles de Guizeh).
Cette tombe du Roi Scorpion est importante à plus d'un titre : en plus du reste, on y a mis au jour 180 étiquettes d'ivoire gravées de symboles qui pourraient, ma foi, marquer l'apparition de l'écriture.
"Certaines étiquettes se lisent déjà comme des hiéroglyphes, et semblent indiquer des noms de villes égyptiennes". Elles sont plus anciennes que l'écriture mésopotamienne.
Sur ces étiquettes, se lisent "les premiers pas de l'écriture phonétique".
"La plus ancienne trace d'écriture serait donc égyptienne", triomphe Zahi Hawass.
Avec la tombe UJ, c'est 250 ans de l'Histoire jusqu'alors inconnus qui nous sont révélés.
On a déterminé que le vin que contenaient les jarres provenait de Palestine, ce qui témoigne de relations commerciales déjà bien développées.
Assurément, cette période-là fut une "période-clé", qui vit toutes les mises en place : celle de la royauté, de l'économie, de la religion et de l'écriture. On est vraiment aux sources de l'Egypte, et l'on y découvre un "royaume déjà sophistiqué".
Ces récentes trouvailles, comme nous l'avons déjà signalé, ont tout pour invalider totalement la "piste sumérienne".
Mais il y a mieux encore , dans la mesure où des découvertes encore plus fraîches indiquent qu'avant le règne de Scorpion lui même, "le pays d'Hiéraconpolis était déjà très développé".
Qu'y fabriquait-on ?
On y a retrouvé les vestiges de deux brasseries (qui produisaient très certainement beaucoup de bière), de boulangeries et de poteries. A Hiéraconpolis, en ces époques lointaines, les acacias poussaient et la végétation ne manquait pas. La ville, vers 3800 ans avant J.C, était dotée d'un "complexe funéraire" sur l'emplacement duquel on a détecté les traces d'un "édifice imposant en bois" (qui déjà préfigurait le gigantisme architectural pharaonique) et  exhumé des masques chargés de protéger les visages des morts.
Mis bout à bout, tous ces éléments plaident fortement en faveur d'un fait devenu maintenant incontournable : "la civilisation égyptienne a commencé bien plus tôt que nous le pensions".
Et, plus inattendu encore, elle aurait, selon toute probabilité, vu le jour dans un "lieu étonnant : le désert".
Dans le Sahara oriental, on tombe nez à nez avec des gravures rupestres très anciennes, qui donnent à voir des éléphants, ce qui implique que la région devait être à ce moment-là non pas un désert comme elle l'est de nos jours, mais une savane analogue à l'actuelle savane africaine. Ceci s'explique, car vers 10 000 ans avant notre ère, un phénomène de mousson aujourd'hui disparu favorisait l'essor de la végétation, et, donc, le foisonnement animal.
Il y eut, voici très longtemps, dans cette région, des chasseurs qui, au début du néolithiques, se convertirent en éleveurs de bétail. Mais le Sahara s'assécha, comme on le sait, et ces peuplades pastorales furent contraintes de migrer vers les points d'eau : les unes partirent vers le sud, vers les profondeurs de l'Afrique Noire (ancêtres des actuels Peulhs, Foulas, Ethiopiens, voire Tutsis) et les autres vers la vallée du Nil, où ils devinrent les pharaons. En ce sens, l'Egypte serait, tout autant, qu'un "don du Nil", un "don du désert", des "bergers du désert", aïeux directs des premiers égyptiens, lesquels, entre parenthèses, inaugurèrent la pratique de la momification, dans les tout débuts, en recouvrant simplement les corps des défunts d'un monticule de sable.
De ces "bergers du désert", les Pharaons conservèrent des souvenirs, qu'ils transformèrent en symboles, tels que la houlette ou la queue de taureau.
"L'assèchement du Sahara a été un véritable déclencheur de la civilisation égyptienne".
"L'Egypte, ajoute fièrement Zahi hawass, n'a pas surgi du néant ni d'une race supérieure extérieure envahisseuse. Elle a inventé le premier système d'écriture phonétique du monde".
Pas besoin de Sumer; l'Egypte est bel et bien africaine.
L'Egypte est "l'incroyable héritage du Roi Scorpion".


P.Laranco.

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Ananda 2760 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines