Race et Histoire
Race et Culture
Claude Lévi-Strauss
Ed Albin Michel, 2002, éd originale 1952 et 1971
Un demi-siècle après les premiers engagements de l'Unesco dans la lutte contre les préjugés raciaux, le moins que l'on puisse dire, c'est que la partie est bien loin d'être gagnée ; aussi le combat doit-il se poursuivre, en toute lucidité éthique et politique. A ce combat, Claude Lévi-Strauss s'est associé dès 1952, avec Race et Histoire, qu'a complété en 1971 Race et Culture. Les échecs d'une entreprise interminable invitent moins à céder du terrain au racisme, qu'à mieux apprendre à en dénoncer les manifestations par-delà les rassurantes productions de bonnes paroles. Réunis en un seul volume pour la première fois en France, les deux textes de Claude Lévi-Strauss frappent d'abord par leur actualité. Voici, sous la signature d'un des grands esprits de ce temps, une réflexion d'une portée indépassée sur notre monde.
Dans Race et histoire, rédigé en 1952, Claude Lévi-Strauss, qui n'est pas encore un anthropologue renommé, nous livre sa conception du fait culturel. Sans polémiquer, le texte renverse bon nombre d'idées reçues : l'illusion ethnocentrique selon laquelle l'humanité s'arrête aux portes de sa propre culture est partagée par tous les peuples ; l'idée de sociétés primitives suppose la croyance naïve en un progrès général de l'humanité au nom duquel certaines civilisations sont jugées en avance sur d'autres.Quant à la notion de race, contestée par la biologie génétique, elle n'a pas davantage de pertinence pour l'anthropologue qui raisonne sur des cultures qui ne sont jamais homogènes du point de vue ethnique. Ce que l'auteur met finalement en question, à travers ces quelques pages, c'est le discours humaniste de l'essence humaine. Pour l'anthropologue, il n'y a pas une humanité mais des peuples, qui n'existent que par les diversités qui les distinguent. Une belle leçon de relativisme culturel. --Émilio Balturi