Magazine Finances

des gains de productivité dans les hypermarchés (partie 1)

Publié le 04 novembre 2009 par Christophe Foraison

des gains de productivité dans les hypermarchés (partie 1) Après avoir dressé le constat d'une productivité du travail élevée dans les grandes surfaces en France, essayons d'en rechercher les facteurs explicatifs (sans prétendre à l'exhaustivité bien évidemment).
Aujourd'hui, nous allons analyser les facteurs liés à l'organisation du travail et au facteur travail.
Quelques rappels généraux sont tout d'abord nécessaires.
Nous pouvons distinguer quatre origines aux gains de productivité :

1 / l'investissement et l'accumulation du capital.
En effet, en utilisant davantage de biens d'équipement, l'efficacité du travail sera améliorée. Comme on dit souvent, pour travailler, il faut disposer des outils ^^
2 / la division du travail.
En rationalisant l'organisation de la force de travail, chaque heure d'effort sera plus efficace: gain d'habileté, de temps,
mécanisation: ce sont les trois arguments qu'Adam Smith avait repéré pour justifier le lien entre division du travail et productivité.
3/  la qualité de la main-d'oeuvre.
Des salariés mieux instruits et formés seront plus efficaces dans leurs activités.
4/ le progrès technique
 Il peut être à l'origine d'une nouvelle combinaison productive qui permettra de produire plus en moins de temps.


Dans ce premier billet sur les origines des gains de productivité, nous allons nous concentrer sur le facteur travail (origine n°2 et 3).
Une organisation de la force de travail au service de l'efficacité.

- A- Les grandes surfaces reposent sur une organisation qui n'est pas sans rappeler le taylorisme avec une division verticale du travail très poussée comme on peut le voir sur ce schéma
des gains de productivité dans les hypermarchés (partie 1)
D'autre part, pour le personnel en prise directe avec la clientèle, les normes sont très strictes et la surveillance très présente.
Ainsi une caissière devra (en autre) respecter deux exigences qui peuvent s'avèrer contradictoires à certains moments (notamment en cas de très forte affluence):
    - le rythme de passage qui va de 20 à 40 articles par minute : c'est la contrainte de rapidité.
    - appliquer le "SBAM": Sourire, Bonjour, Au revoir, Merci : ici, il s'agit de la contrainte de qualité du service rendu.

Pour obéir à ces impératifs de productivité, les grandes surfaces recherchent un personnel particulier dans leur recrutement: ce sont les salariés qui n'ont pas beaucoup d'autres choix dans leur possibilités d'embauche.
Une discipline stricte, un personnel aux ordres...mais ce n'est pas la seule source de productivité
des gains de productivité dans les hypermarchés (partie 1)
- B - Une flexibilité pour faire face aux fluctuations de la clientèle.
            - la recherche d'une poyvalence pour les besoins les plus urgents.
Premier exemple: en cas de forte affluence, on peut utiliser les cadres et chefs de secteur qui peuvent soit ouvrir une nouvelle caisse, soit aider les clients à mettre les produits dans leurs sacs.
Certaines grandes surfaces demandent à des salariés de s'équiper de roller pour accélérer la vitesse dans les déplacements.
Autre anecdote, la quasi-disparition des sacs plastiques (pour des raisons écologiques) a permis de faire augmenter considérablement l'intensité du travail en caisse (le client, pour la plupart, place ses courses directement dans le caddie au lieu de les mettre dans les sacs).
Deuxième exemple: les employés du rayon "poisson" peuvent aller aider leurs collègues au rayon "charcuterie" voire même faire une deuxième rotation de poste vers le rayon "fromage".
La hiérarchie considère qu'il y a toujours quelque chose à faire. Pour beaucoup de ces postes, la formation est très limitée, on peut donc facilement passer d'un poste à l'autre.
Cette polyvalence comporte donc deux caractéristiques:
- elle est informelle, donc peu reconnue (et valorisée)
- elle est subie (sous la pression de la clientèle) donc génère de l'inquiétude chez les salariés.
          - Le recours au temps partiel
des gains de productivité dans les hypermarchés (partie 1)
Commentaire: au total, dans les hypermarchés, 45 % des salariés sont à temps partiel, les plus touchés sont les moins qualifiés (caissières) et les plus jeunes (ils sont 2 fois plus concernés par le temps partiel que les plus de 50 ans).
Or, le temps partiel a de multiples effets positifs sur la productivité
- il est source de productivité: en moyenne un salarié qui travaille à 60 % d'un temps complet n'aurait pas une productivité de 60 % de celui qui est à temps complet mais de 77 % (source: étude de McKinsey, citée dans un rapport du Conseil Economique et Social de 1997).
- il diminue les effets de fatigue (au-delà d'une certaine durée de travail, les dernières heures ont un rendement décroissant) et l'absentéisme pour raison de santé.
- il permet une adaptation souple aux fluctuations de la demande, ce qui facilite une meilleure adéquation des heures travaillées et des heures rétribuées. En effet, les caissières vont avoir des heures "intenses en travail" car elles ne seront présentes que lorsque les clients seront en nombre suffisant)
Ceci dit, le temps partiel n'est gage à lui seul de forte productivité: il peut démotiver le salarié si le temps de travail est trop court; de plus, il génère davantage de temps morts de mise en train.
des gains de productivité dans les hypermarchés (partie 1)
Le prochain billet sera consacré au facteur capital et à l'innovation (origine 1 et 4)


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Christophe Foraison 117 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine