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Pour l’industrie pharmaceutique: le doute est le meilleur produit !

Publié le 04 novembre 2009 par Suzanneb

De fil en aiguille je suis tombée sur un ouvrage qui m’a permis de mieux comprendre comment l’industrie pharmaceutique réussit à insuffler le doute, pour concurrencer les preuves dans l’esprit du public et commercialiser sans contrainte, toutes sortes de produits nocifs mais avouons-le… rentables.

Aux USA, c’est la loi qui donne aux corporations une procédure bien établie, pour tuer dans l’œuf ou altérer les documents gouvernementaux avec lesquels ils ne sont pas d’accord.

Il existe déjà quelques ouvrages qui dénoncent certaines tactiques de l’industrie, influencent la législation canadienne et représentent un danger pour la santé (Shiv Chopra entre autres). Mais les sonneurs d’alarmes sont rares chez nous comme ailleurs et on leur fait la vie dure !

Il nous faudrait dénicher d’autres analyses semblables chez nos experts canadiens, mais en attendant, que chacun se demande «dans quelle mesure nous pouvons comparer ce qui se passe aux USA et ce qui se passe chez nous».

Personnellement, je ne crois pas à des différences notables. Selon moi, le comportement de l’industrie en dit long sur ses vertus morales… si leurs produits franchissent les frontières, leurs méthodes peuvent en faire autant.

Si vous croyez qu’il est devenu indispensable de rééquilibrer santé et argent, je vous invite à lire cet extrait, dont l’original (en anglais) est disponible sur cette page.

Il a été traduit et corrigé avec la complicité de personnes engagées, avec qui j’ai le plaisir de suivre et commenter divers débats d’actualité, entourant science médicale et industrie pharmaceutique. J’en profite pour les remercier chaleureusement pour leur inestimable contribution.

Title: DOUBT Is Their Product ,  By: Michaels, David, Scientific American, 00368733, Jun2005, Vol. 292, Issue 6

Il y a peu de défis scientifiques plus complexes que celui de comprendre les risques auxquels nous exposons notre santé lors de l’utilisation d’un médicament ou composé chimique.

Les enquêteurs ne peuvent administrer diverses doses de composés chimiques aux gens pour déterminer à quelle dose celui-ci ou celui-là est cancérigène.

Alors, les chercheurs se fient à des tests faits sur des animaux et des épidémiologistes examinent l’exposition humaine déjà existante à certains produits sur le terrain. Les deux types d’études ont leurs limites et les scientifiques doivent extrapoler quant aux liens de causalités prouvés pour faire des recommandations préventives. La certitude d’une sécurité absolue est extrêmement rare et il serait impossible de l’exiger avant de convenir de programmes encadrant l’utilisation d’agents chimiques. Les responsables gouvernementaux doivent donc se satisfaire des meilleures preuves disponibles pour réguler l’utilisation d’agents chimiques nocifs et déterminer le niveau de sécurité d’un médicament.

Ce manque de certitude absolue est inhérent à la science. Il ne faut pas confondre ce fait avec la production délibérée d’incertitude.

Durant les 30 dernières années, les industriels se sont impliqués dans le processus déterminant la sécurité d’un produit dès lors que cette même sécurité était mise en doute.

Par exemple, si des études démontrent qu’une compagnie expose ses employés à un niveau dangereux d’un agent chimique donné, l’entreprise, à son tour, embauche des chercheurs à elle, dans le but de créer le doute quant aux résultats des travaux initiaux.

De même, lorsqu’on questionne une compagnie pharmaceutique par rapport à la sécurité d’un de ses médicaments, les dirigeants de cette compagnie publient les résultats d’essais cliniques financés par cette même compagnie.

Ces résultats mettent généralement en lumière qu’il n’y a aucun risque significatif à utiliser leur produit tout en ignorant ou enterrant toute étude soulevant un résultat moins rassurant.

Dans une certaine partie de l’Amérique corporative, la procédure de discréditation de recherches menaçantes surnommée «science à gogo» et son pendant, à savoir «la sanctification des études financées par l’industrie comme était la VRAIE science» est devenue la normalité.

En 1969, un cadre du producteur de cigarette Browns&Willianmson racheté maintenant par R.J. Reynolds Tobacco Cie, a commis l’erreur de mettre sur papier le parfait slogan pour la campagne de désinformation en faveur de cette industrie :

Le doute est notre produit. Le doute est notre meilleur moyen de concurrencer les preuves dans l’esprit du public.

Dans les dernières années de nombreuses industries ont adopté cette stratégie.

Des corporations ont entamé des campagnes questionnant la validité d’études démontrant des effets secondaires défavorables lors d’exposition au bérillyum, plomb, mercure, chloride de vinyl, chromium, benzène, benzidine, nickel et bien d’autres produits chimiques et pharmaceutiques.

Comme si ce n’était pas assez, le Congrès et l’administration Bush ont encouragé ces tactiques en facilitant la procédure pour des groupes privés qui voulaient mettre au défi des recherches subventionnées par le gouvernement.

Bien qu’il existe des situations où une telle démarche puisse s’avérer légitime, le résultat de ces procédés est inquiétant :

  • De nombreuses corporations d’industries diverses ont réussi à s’éviter des frais et d’autres inconvénients en bloquant et ralentissant des efforts de protection de la santé publique.

Le «niveau Taxi»

La partie suivante qui s’intitule «Niveau Taxi» fait référence au fait que le niveau jugé sécuritaire d’exposition à un métal léger ( béryllium, utilisé dans la fabrication de tête de missiles nucléaires d’abord puis dans des composés d’équipements électroniques ) a été fixé lors d’une course en taxi par 2 scientifiques à 2 mcg par mètre cube d’air. La Commission d’énergie atomique a dès lors introduit ce niveau comme étant sécuritaire et l’expression «niveau taxi» était née.

L’exposition à des particules infimes de ce métal léger rendait malades les travailleurs exposés même en périphérie de processus de transformation de ce métal. L’auteur était assistant du secrétaire à la santé et sécurité dans le domaine de l’énergie et à l’environnement aux USA de 1998 à 2001.

Ce niveau jugé sécuritaire n’avait alors pas été réévalué depuis 1949. Ceci malgré la mise en place d’une instance, en 1971, visant à protéger la santé au travail dans le secteur privé.

Dans les années qui avaient suivi, il était devenu évident que des travailleurs tombaient malades même lorsque leur taux d’exposition était très inférieur au niveau accepté.

Dans les années 90, commençaient de longues et fastidieuses démarches administratives et légales pour changer ce niveau acceptable. Dans le domaine public ils ont fini par le réduire de 10 fois (!).

Dans le privé, non. Les industriels estimaient que cela prenait plus d’études. En 2002, l’Agence OSHA (agence de santé, sécurité au travail pour secteur privé établie en 1971) a implicitement accepté la résistance des industriels au privé en réclamant plus de données reliées à des pathologies associées au béryllium, entre autres, la taille, le nombre de particules et la durée de contact avec la peau et la surface en question. En 2005 la situation était encore telle.

Il se trouve que la plupart des scientifiques ont trouvé une relation avec le cancer des poumons. Plusieurs études menées par des épidémiologistes de CDCP tirent ces conclusions.

En 2002, par contre, des statisticiens d’une autre firme de défense de produits, Roth et associés de Rockville, Md et l’Université de l’Illinois, ont publié une nouvelle analyse d’une étude vieille de 10 ans que le CDC avait faite.

En changeant certains paramètres clé, les auteurs ont ainsi augmenté la prévalence de cancer des poumons de base [cancer déjà présent avant] diluant ainsi la responsabilité béryllium dans les apparitions de cancer. Le résultat étant que statistiquement, les chiffres reliant ce métal nocif au cancer devenaient négligeables.

(Cette procédure est en fait assez facile à accomplir alors qu’il est nettement plus difficile de faire le contraire, à savoir rendre des résultats insignifiants, signifiants)

Brush Weilman et NGK Metals, des producteurs d’alliages contenant du béryllium, finançaient cette nouvelle analyse.

Les résultats étaient publiés dans un journal de toxicologie bien réputé parmi ce groupe de scientifiques et fabricants, non pas un journal d’épidémiologie mais tout de même un journal qui a de la crédibilité. Et l’industrie, maintenant, répand l’idée que cette étude-ci est plus valable et que les précédentes sont fausses.

Ce schéma n’est pas spécifique à l’industrie du béryllium. Beaucoup de fabricants de produits chimiques dangereux ont embauché des chercheurs dont l’objectif est de re-questionner et re-analyser des données démontrant des effets secondaires nocifs.

Leur conclusions sont presque toujours les mêmes : les résultats sont ambigus donc il n’est pas recommandé de réviser les niveaux d’exposition sécuritaires. Sur 3000 substances chimiques fabriquées en grosses quantités (plus de 1 million de livres par an) l’OSHA n’a fait de recommandations sur les niveaux sécuritaires d’expositions que pour 500 produits. Dans les 10 dernières années, cette agence a ajusté les niveaux pour 2 substances chimiques.

Pour la plus grande part des autres produits, la régulation sur une base volontaire qui était en vigueur avant 1971 lorsque cette agence a été mise sur pied, est toujours de mise. L’agence avait alors adopté les régulations existantes sans la moindre critique.

Les nouveaux résultats des nouvelles études faites depuis lors n’ont eu aucun impact. Je conclus que les divers responsables successifs de cette Agence ont simplement admis que d’établir de nouvelles régulations est si exigeant en terme de temps et d’efforts, qu’il ne vaut pas la peine d’y consacrer ses ressources limitées, sachant très bien qu’il s’agirait de faire face à la résistance extrêmement bien organisée de l’industrie.

Souligner le doute dans l’intérêt des grosses entreprises est devenue une entreprise en elle-même. Les compagnies de défense des produits sont devenues expertes en épidémiologie, biostatistiques et toxicologie.

En fait, de nos jours, il est tout à fait exceptionnel que les résultats scientifiques à la base d’une mesure de contrôle dans le domaine de l’environnement et de la santé publique, ne soient pas immédiatement remis en question quelle que soit la certitude des preuves.

En ce moment même, il y a des représentants de salons de bronzage qui minimisent le rôle des rayons ultra violet dans les cancers de la peau.

De plus, la négation de preuves scientifiques et l’exigence de certitudes à 100% ne sont pas limitées seulement aux intérêts des entrepreneurs.

PPA et Vioxx

Le pouvoir des compagnies pour influencer et déformer les résultats d’études est tout aussi puissant dans l’industrie pharmaceutique.

Examinons la démarche tardive de la FDA pour contrôler la phenylpropanolamine, un composé d’un décongestionnant ayant des vertus de coupe-faim, vendu sans ordonnance durant des dizaines d’années.

C’est dans les années 70 que des signalements d’ACV hémorragiques chez de jeunes femmes ont commencé à circuler.

Durant les 20 années suivantes, la FDA questionnait la sécurité de ce composant. Mais, les représentants des laboratoires (Bayer, Sandoz qui fait partie de Novartis ce jour, Wyett et GlaxoSmithKline) réfutaient les inquiétudes de l’agence en employant des scientifiques et lobbyistes afin de garder le composé sur le marché.

Finalement, il y a eu compromis : les compagnies pouvaient sélectionner un enquêteur et financer une étude épidémiologique dont le plan serait autorisé par les compagnies et par la FDA. Ils ont choisi l’École de médecine de Yale.

En 1999, l’étude a confirmé que la PPA causait des AVC hémorragiques.

Est-ce que le fabricant a retiré les médicaments en question ayant une valeur de $500 millions annuellement du marché ? Non.

Au lieu de cela, les fabricants se sont adressés au groupe WEINBERG, des consultants de défense de produits basés à Washington DC.

Ceux-ci ont attaqué l’étude avec leurs avocats qui ont fait subir aux scientifiques ayant réalisé l’étude en question des interrogatoires exténuants.

David A. Kessler, qui était directeur de la FDA à l’époque a dit :

Vu le harcèlement et le trouble que les scientifiques de Yale ont subi dans cette affaire, je suis sûr que la prochaine fois qu’on leur proposera un tel travail ils se demanderont si le jeu en vaut la chandelle.

La FDA a finalement donné la directive aux fabricants de cesser la vente de PPA en novembre 2000. La FDA estime que ce produit a causé 200 à 500 AVC par an chez les 18-49 ans.

VIOXX.

Examinons le Rofecoxib plus connu sous le nom de Vioxx , l’antalgique jadis si populaire et fabriqué par Merck.

Avant même que la FDA n’approuve le produit en mai 1999, l’agence avait analysé des données suggérant que ce médicament augmentait le risque cardio-vasculaire.

Plusieurs scientifiques indépendants (non payés par Merck ) ont eux aussi sonné l’alarme mais la FDA a choisi de les ignorer. En 2000, les résultats d’une étude clinique montraient que le risque d’infarctus était multiplié par 5 chez les participants ayant pris du Vioxx durant 9 mois comparé aux participants ayant pris du Naprosyn ( Aleve ).

Les chercheurs de Merck faisaient face à un dilemme. Ils pouvaient interpréter ce résultat de différentes façons :

  • ou le Vioxx augmentait le risque d’infarctus de 400 %
  • ou le Naprosyn le diminuait de 80% ce qui revenait à dire que ce dernier était 3 fois plus efficace que l’aspirine pour protéger le système cardiovasculaire.

Ils choisirent donc… la 2ème interprétation !

Mais Merck fit volte-face et retira le Vioxx des tablettes en septembre 2004, lorsqu’un autre essai clinique démontrait que les participants ayant pris du Vioxx plus de 18 mois, faisaient 2 fois plus d’infarctus et d’ACV que ceux sur placebo.

Un analyste de la FDA estimait que le Vioxx aurait causé entre 88 000 et 139 000 infarctus durant les 5 ans de mise en marché de ce médicament, dont 30 à 40 % étaient probablement mortels.

Bien que le Journal Wall Street ait déclaré que certains dirigeants de Merck étaient peut-être au courant des risques liés à la prise de Vioxx, il est difficile d’imaginer que les scientifiques de cette compagnie aient agit de la sorte de façon délibérée, à savoir promouvoir un produit non sécuritaire, en connaissance de cause.

De même, il est difficile de croire qu’ils aient cru, honnêtement, que le Naprosyn diminuait le risque d’infarctus de 80 %. S’ils y croyaient, ils aurait dû exiger du gouvernement qu’ils en mettent dans l’eau courante.

Il est plus probable que leurs allégeances étaient si enchevêtrées avec les produits sur lesquels ils travaillaient et la santé financière de leurs employeurs, que leur jugement en était fatalement altéré.

Et la FDA ?

Cette agence n’a, ni l’autorité légale ni les ressources pour identifier correctement les effets secondaires d’un produit qui est déjà sur le marché.

Par conséquent, les poursuites judiciaires au civil, sont devenues le moyen premier pour protéger le public des effets nocifs de médicaments et produits chimiques non sécuritaires.

Par ailleurs, des décisions récentes de la Cour Suprême ont rendu plus difficile pour la partie plaignante, d’avancer des témoignages scientifiques pour plaider leur cause.

Suite à des précédents basés sur le cas de Daubert versus Mertell Dow Pharmaceutics et deux jugements reliés à cette affaire, les juges de procès fédéraux se doivent de déterminer la fiabilité et la pertinence des témoignages.

Ce qui a débuté avec une bonne intention d’améliorer la qualité des données scientifiques présentées, a eu des conséquences perverses :

Selon une analyse publiée en 2002 dans le Journal des Associations Médicales Américaines, les juges fédéraux ont banni des chercheurs réputés et leurs témoignages, lors de procès dans le domaine des médicaments, parce que leurs preuves n’arrivaient pas à la hauteur des nouvelles exigences.

Les défenseurs des grosses corporations sont devenus de plus en plus agressifs, en mettant au défi tous les témoignages d’experts qu’ils rabaissent souvent comme des scientifiques de pacotille.

Les groupes industriels ont toujours tenté de manipuler la science, quel que soit le parti au pouvoir, mais leurs efforts sont devenus plus osés depuis la présidence de G.W. Bush.

Jamais, dans notre histoire, les intérêts corporatifs n’ont été aussi efficaces pour ajuster le contrôle des procédures scientifiques à leurs désirs.

Je crois qu’on peut sincèrement dire que jamais, dans notre histoire, les intérêts corporatifs n’ont été aussi efficaces pour ajuster le contrôle des procédures scientifiques à leurs désirs.

En 2002, par exemple, l’administration Bush a reformé un comité consultatif qui conseillait le CDC en matière d’intoxication par le plomb chez les enfants.

Tommy Thompson, secrétaire des services de santé y a remplacé des chercheurs notoires par des personnes plus enclines à pencher du côté de l’industrie liée au plomb.

L’un des nouveaux membres de ce comité avait témoigné notamment, en faveur de la peinture contenant du plomb dans un procès entamé par l’état du Rhose Island, pour récupérer les coûts liés au traitement d’enfants victimes d’intoxication au plomb et à la décontamination des maisons.

cette administration a tenté de faciliter et d’institutionnaliser la stratégie des corporations qui est de créer du doute

Depuis lors (2002) le CDC n’a pas fait un pas vers le renforcement du respect des taux pour prévenir ce type d’intoxication et ceci, alors que les preuves scientifiques abondent pour dénoncer que même un taux tout à fait minime de plomb dans le sang diminue le QI chez un enfant.

De pus, cette administration a tenté de faciliter et d’institutionnaliser la stratégie des corporations qui est de créer du doute.

Son outil le plus révélateur est l’Acte des Données sur la Qualité (DQA). [genre de législation passée en douce et approuvée par le congrès sans audition ni discussion]

Ce DQA autorise le développement de lignes directives visant à «maximiser la qualité, l’objectivité, l’utilité et l’intégrité de l’information». Ceci sonne plutôt positif et même bénéfique. Qui ne voudrait pas assurer la qualité de l’information disséminée par le gouvernement ?

Dans la pratique par contre, l’industrie se sert de DQA pour ralentir ou stopper les tentatives de régulation en réduisant les rapports scientifiques.

C’est donc la loi qui donne aux corporations une procédure bien établie pour tuer dans l’œuf ou altérer les documents gouvernementaux avec lesquels ils ne sont pas d’accord.

Cet acte a été utilisé par des groupes financés par l’industrie pétrolière pour discréditer l’Évaluation Nationale sur les Changements Climatiques, un rapport fédéral sur le réchauffement du climat.

La même stratégie sert à l’industrie alimentaire pour attaquer l’OMS, qui recommande de réduire les sucres pour prévenir l’obésité tout comme par l’Institut du Sel pour défier l’Institut National de la Santé qui recommande aux américains de diminuer leur consommation de sel.

Mais ce qui serait encore plus efficace pour les industries, ce serait de carrément contrôler l’information avant qu’elle ne soit intégrée à des documents gouvernementaux.

Pour arriver à ses fins, le Bureau de Gestion du Budget a accouché en août 2003, d’une nouvelle proposition intitulée «Révision par les pairs et qualité de l’information».

D’après ce plan, toute information devra passer un examen par les pairs avant de pouvoir être publiée par une agence du gouvernement. Et toute information susceptible d’avoir un impact sur la nécessité ou non de réviser certaines politiques et procédures publiques ou d’affecter des prises de décisions dans le secteur privé, seront soumis à un lourd système selon lequel toute cette information devrait être revue par des experts indépendants de l’agence.

Parce que ce processus de révision par les pairs exclut tout scientifique recevant des subventions ou bourses de l’agence, il semble évident que l’objectif est de maximiser la latitude pour des intérêts industriels d’augmenter les incertitudes scientifiques qui sèmeront la confusion.

Assez c’était assez.

En novembre 2003, lors d’une réunion demandé par l’Académie Nationale des Sciences et organisée par le Bureau de Gestion du Budget, la communauté scientifique tranquille jusque là, protesta. À la lumière de cette opposition, des douzaines d’organismes inondèrent la Maison Blanche de lettres cinglantes.

Le Bureau de Gestion du Budget fit marche arrière et implanta un programme moins coûteux, qui n’excluait pas les scientifiques les plus qualifiés de ce processus de révision de l’information par les pairs.

Un nouveau paradigme de règles est nécessaire mais l’administration Bush va en sens inverse. Au lieu d’encourager les groupes industriels à réviser les rapports publiés par les scientifiques gouvernementaux, les agences de ceux-ci devraient éplucher plus en détail les données et analyses que produisent les scientifiques payés par les grosses corporations et les entreprises de défense des produits.

Puis, plutôt que de permettre à l’incertitude d’excuser le manque d’action, les contrôleurs devraient revenir au principe premier de la science : il faut se contenter des meilleures données qu’il est possible d’avoir en science plutôt que d’exiger la certitude à 100% car elle n’existe pas.

Un bon exemple d’une telle approche est le programme de compensation pour les manipulateurs d’armes, malades après des expositions à des radiations ou substances chimiques dans des sites du DOE (département des Énergies) [où travaillait l’auteur].

J’ai participé à son élaboration et il a passé au Congrès en 2000. Puisqu’il est impossible de dire avec certitude que tel cancer en particulier a été causé par l’exposition aux radiations, ce programme estime les probabilités en se basant sur le taux de cancer parmi les survivants de Nagasaki et Hiroshima.

Ce modèle n’est pas parfait, mais les estimés sont le plus juste possible considérant les données et méthodes disponibles.

Dans ce cas-ci, nous avons fait la chose juste. Maintenant il est temps pour l’industrie de faire de même.

Il est indispensable d’avoir un meilleur équilibre entre santé et argent.

DOUBT Is Their Product - By: Michaels, David, Scientific American, 00368733, Jun2005, Vol. 292, Issue 6


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