Jusqu'à présent, nous manquions de documents attestant que des compagnons tailleurs de pierre aient été à l'origine de polyèdres. Or, le journal Le Compagnonnage n° 195, du 1er novembre 1935, reproduisant en page 3 un article de la presse lyonnaise sur l'Union compagnonnique, renferme le passage suivant :
Suite:
« Le chef-d'œuvre, c'est la pièce maîtresse qui consacre l'ouvrier compagnon. Or, dimanche, en même temps qu'on fêtait les soixante ans de compagnonnage de M. Dubost, on rendait hommage au talent d'un compagnon genevois, M. Corajod, tailleur de pierre. Mme Madeleine Fayard, fille de Mme Dars (NB : Marguerite Dars, épouse d'un compagnon maçon-constructeur et Mère de cette corporation puis de l'Union) nous présente l'objet qui tiendrait presque dans sa petite main : deux pyramides entrelacées de façon à former un délicat polyèdre étoilé à huit pointes. La difficulté consistait à tailler ce volume dans la pierre dure et surtout à l'évider en laissant à l'intérieur une sphère parfaitement régulière et mobile. »
Ce type de chef-d'œuvre ou de tour de force a donc été réalisé par un tailleur de pierre genevois, qui, dans les années 1930, devait perpétuer une tradition de ses anciens, qui, en Suisse, étaient tous des compagnons tailleurs de pierre du Devoir Étranger.
Il est à noter qu'un polyèdre correspondant à la description ci-dessus est exposé au musée du Vieux Chinon (Indre-et-Loire). Constitué d'un bloc de tuffeau évidé avec une boule mobile à l'intérieur, il mesure une quarantaine de centimètres de diamètre. Il a été réalisé par un nommé Jaillais durant l'entre-deux-guerres, qui ne paraît pas avoir été compagnon.
© Photographie Musée du Compagnonnage de Tours, D.R.
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