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Faut-il sauver le soldat Obama...?

Publié le 06 novembre 2009 par Jean-Philippe Immarigeon

Voilà que la presse américaine entre dans la métaphore militaire... Paul Krugman dans The New York Times évoque, à propos d'Obama, le ratage d'Anzio, du nom de cette plage au sud de Rome où deux divisions de PanzerGrenadier tinrent en échec un corps d'armée américain plusieurs mois au printemps 1944, au grand dam de Churchill qui se lança alors, comme tout bon Britannique qui se respecte et malgré son ascendance américaine, dans un numéro d'anti-américanisme primaire, forcément primaire et pavlovien diraient aujourd'hui Alexandre Adler et B-H.L (voir extrait d'American parano ci-dessous).

Ce que Paul Krugman dit de la politique économique pourrait se dire de sa politique étrangère (la capitulation en rase campagne face à Israël, déjà prévisible dès sa visite électorale en Orient bien avant son élection, confirmée par le discours du Caire de juin dernier) comme militaire, puisque l'erreur première d'Obama est d'avoir louangé lors de sa campagne électorale le surge irakien *, et de s'en servir comme modèle pour l'Afghanistan, pour s'apercevoir aujourd'hui que c'est un échec total. A Anzio, le contournement de la Ligne Gustav et du Monte Cassino par le C.E.F. de Juin permit de dégager les Américains. Qui faillirent également rembarquer à Omaha Beach et l'auraient fait si les Anglo-Canadiens n'avaient pas réussi, eux, leurs débarquements à Sword, Juno et Gold.

Mais qui sauvera le soldat Barack disparu à Obama Beach ?

* « Je suis bien obligé de constater que le surge est un succès que personne n’avait anticipé… Et je le répète : c’est une réussite qui va au-delà de nos rêves les plus fous (beyond our wildest dreams)». Barack Obama, Fox News TV, The O’Reilly Factor, 4 septembre 2008, cité in Jean-Philippe Immarigeon, L'imposture américaine, Bourin Editeur, janvier 2009.

Second élément de cette sous-productivité de la guerre américaine : la transposition à la chose militaire d’une impéritie bureaucratique typiquement américaine, qui réduit dramatiquement les capacités de combat comme elle grève la compétitivité des entreprises. L’hypertrophie des services et de la logistique au détriment des unités de première ligne en résulte. Winston Churchill s’étonnait de la proportion anormalement basse qui existait dans l’armée américaine entre les combattants et les rationnaires (Notes de Churchill des 11 octobre et 1er novembre 1943, en annexe de The Second World War) , et tempêta lors de l’échec du débarquement d’Anzio début 1944 en Italie : « Le spectacle de ces 18.000 véhicules (sans compter les 4.000 camions qui faisaient la navette) bloqués sur le rivage au 14ème jour, pour 70.000 hommes seulement, soit un véhicule pour 4 hommes en comptant les conducteurs et le personnel d’entretien, alors qu’ils n’avaient pas plus de 20 à 25 kilomètres à parcourir (pour atteindre les faubourgs de Rome), était quelque chose d’ahurissant ». Et d’ironiser : « Nous devons avoir une grande supériorité en chauffeurs ».

Jean-Philippe Immarigeon, American parano, Bourin Editeur, septembre 2006



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