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Jean Sarkozy, ou le syndrome de la méritocratie française

Publié le 06 novembre 2009 par Opinion Sur Rue

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Après Brice Hortefeux et Frédéric Mitterrand, c’est au tour de Jean Sarkozy d’être lâché dans la fosse aux médias. Jean Sarkozy, 23 ans, 2ème année en Licence de Droit présente sa candidature à l’EPAD début octobre 2009. L’audimat français explose, c’est un scandale : la méritocratie française, c’est l’égalité vers le bas.

Le recrutement républicain français passe par la méritocratie. Avec son système de concours d’entrée dans la fonction publique et autres corps de l’État, l’hexagone est un des pays qui a le plus mis en place la logique de méritocratie dans ses institutions.

Pauvre France, pauvre Jean Sarkozy. On se plaint des vieux croûtons qui font des bulles à l’Assemblée Nationale, mais nous ne voulons pas du fils blond aux cheveux longs. On crie et pleure la tyrannie des diplômes mais lorsque le bac+1 débarque, on lui vomi sur ces nouvelles chaussures vernis. Tout frais et déjà périmé … La justice sociale redistributive se mêle de tout, même de loin et sans lunettes. En gros, ne vous inquiétez pas, ici, on pense pour vous, même si nous ne sommes pas du quartier.

Le sociologue Pierre Bourdieu ronge le socle méritocratique par les notions de capital économique, capital social, capital culturel inégalement réparties chez les individus. La violence symbolique de ce système est puissante puisqu’elle occulte en particulier les effets du capital culturel acquis au sein des groupes.

Une personne ayant grandi toute sa vie dans une famille de mécanicien peut-il devenir mécanicien à son tour sans passer de diplômes ? Une jeune fille talentueuse en sculpture doit-elle faire les Beaux-Arts pour vendre ses créations ? Un jeune homme passionné d’Internet peut-il créer sa propre société web alors qu’il n’a qu’un BEP Secrétariat ? Non hein ? C’est normal, pourquoi lui qui est sans diplômes devrait prendre le poste pour lequel je posture alors que moi qui ai fait des études ?

Si nous regardons chez nos cousins anglophones, à Londres, Sydney ou New York, chercher du travail ou même en trouver parait beaucoup plus égalitaire. Vous présentez votre curriculum vitae à des employeurs. On vous rit au nez, et on a bien raison. Ce qui compte ce ne sont pas les études, mais l’expérience. Ils sont fous ces anglo-saxons, ils laissent des non diplômés tenter leur chance ! Comment et où se sont créer tous les Facebook, Google, Windows ou autres Virgin ? Dans des pays anglo-saxons, des pays où l’on fait confiance à celui qui a le talent et la volonté mais pas forcément les diplômes. Je ne vous le fais pas dire, on est mieux en France, où en plus des diplômes, il faut de l’expérience. On ne donne pas un poste de chef de choucroute chez Monoprix à un non bachelier on est d’accord.

Jean Sarkozy est donc la preuve que les seuls talents d’une personne et son un héritage social ne suffisent pas et que la France aime castrer les origines sociales de chacun pour laisser place au fantasme d’une application extrême de l’égalité des chances (ou des opportunités, tout dépend de la date de votre suicide). Si vous avez des rêves à réaliser, ne restez en France, on ne veut pas de vous.


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