C’est à partir du dix-huitième siècle que l’Occident, l’Europe en l’occurrence, a façonné un modèle de civilisation fondé, principalement et pour faire extrêmement court, sur le progrès scientifique et technologique, l’urbanisation de la société et la Liberté individuelle. C’est ce que les historiens ont baptisé les « Lumières » auxquelles s’opposent évidemment « l’Obscurantisme ».
C’est à partir de cette époque que la conquête de la planète par les Occidentaux cesse d’être exclusivement mercantile pour acquérir une dimension civilisationnelle. C’est à partir de cette époque aussi que ressurgit le mythe du Bon Sauvage, initialement du à Montaigne et repris en force par Rousseau et ses héritiers intellectuels dont, notamment, Levi-Strauss que redécouvrent à l’occasion de sa disparition tous ceux qui n’ont pas lu Tristes Tropiques.
Depuis, la confrontation idéologique n’a jamais réellement cessé entre les deux camps, entre prosélytes de la (vraie) galette-saucisse et bobos biophages, entre les lecteurs de « Restons Correct ! » et ceux du Monde Diplomatique, entre progressistes et obscurantistes, entre humanistes et naturalistes, entre occidentalistes et tenants du relativisme civilisationnel.
Décidément et quoi qu’en pensent tous ceux qui n’ont pas plus lu Huntington que Lévi-Stauss, non seulement le Choc des Civilisations est bien réel mais il peut parfois prendre un tour surprenant à défaut d’être toujours poétique.