Pendant que Xavier Darcos, le ministre de l'Éducation nationale, s'occupe d'un problème capital pour l'avenir du pays en présentant son "plan anti cartable lourd" en attenant la révolution numérique grâce à laquelle "dans quelques années, les élèves pourront disposer non seulement d'écrans numériques mais surtout de livres numériques", Eric Woerth, le ministre du Budget, sans doute vexé d'avoir été distancé en mauvaise foi par Christine Lagarde, ne lésine pas sur les moyens pour tenter de la rattraper.
Et le moins que l'on puisse dire c'est qu'il y va fort ; en réponse à une question de l'opposition il affirme sur un ton péremptoire : "non, voilà, nous n'augmenterons pas les impôts comme vous nous le dites chaque fois ! Ils ont été clairement définis, ils sont dans le budget. Je pense que ma réponse est claire : pas d'augmentation". Dont acte serait-on tenté de dire face à tant d'assurance. Sauf que… dans le même temps la commission des Affaires culturelles de l'Assemblée nationale décide, suite à un amendement de l'UMP Christian Kert, d'augmenter de deux euros le prix de la redevance télévision en faveur de l'audiovisuel public. Certes deux euros c'est pas énorme, mais jusqu'à preuve du contraire c'est un bien une augmentation d'impôts…
Mais le plus beau reste à venir ; un mensonge ne suffisant visiblement pas à Eric Woerth, il ajoute : "nous avons l'habitude de voter une fois le budget dans l'année". Et là on croit rêver, le ministre du Budget doit être atteint d'un Alzheimer précoce pour ne pas se souvenir qu'il a lui-même défendu devant la même assemblée un collectif budgétaire cet été, et que ses prédécesseurs de 2002 à 2006 en avaient fait de même chaque année. Ce qui ne l'empêche pas d'affirmer à l'opposition : "vous passez votre temps à vouloir créer une réalité qui n'existe pas. Regardez les choses en face". Et en ce qui est de "vouloir créer une réalité qui n'existe pas", tout comme une croissance qui n'existe pas, l'ancien trésorier de l'UMP s'y connaît…
Avec un ministre du Budget qui a autant de mal avec les chiffres (et avec la vérité) au point de rappeler le Thierry Breton de la grande époque, la seule rupture effective à l'heure actuelle semble bien concerner l'arithmétique…