Voir le monde autrement...

C’est de François Boudreau, un sociologue québécois : « A partir de ce constat généralisé d'une transformation du rapport à la nature des communautés, les deux idées qui reviennent le plus souvent dans la définition de ce rapport sont que la nature est un don du créateur, donnée en commun aux hommes pour y vivre en harmonie et en équilibre avec l'ensemble de la création, et que le rapport à la nature en est un de responsabilité. «Nous avons la responsabilité de vivre en harmonie avec la création, dit un ainé, nous ne pouvions rien prendre de la nature (plantes, arbres, etc.) sans remercier le Créateur, parce que tout lui appartient.» Un autre affirme: «Je vois la nature respirer, comme un être vivant, humain.» Un autre: «J'ai une relation spirituelle très profonde avec mon pays (my land), je ne me vois pas comme séparé de lui» ou encore: «Nous nous trouvons appartenir à une plus grande famille, la famille de cette terre.» «La vie est interdépendante ; nous la voyons comme un cercle. Les humains, les animaux, les plantes, les roches, tout est relié. Si vous tentez d'en exploiter trop dans un domaine, vous déséquilibrez le monde.» Ainsi le rapport à la terre, à la nature, est-il constitutif de la vision du monde de l'Ojibwa. L’interdépendance des différentes manifestations de la vie, la responsabilité envers la création, la nécessité de faire un don lorsqu'on accapare une ressource de la terre dans le but d'en maintenir l'équilibre, etc., ne sont que quelques-unes des manifestations de la dette du sens telle qu'elle se manifeste encore. Tous ces éléments participent en effet de ce respect envers le mystère, la générosité et la beauté de la vie. Prendre et donner, vivre la circularité de ce monde, vivre son eternel recommencement imposé par le rythme des saisons, par le cycle naturel, voila comment les indiens ojibwas voient le monde dans leur culture, comment ils construisent leur rapport a la nature, comment ce rapport à la nature façonne leur vision du monde. L’adoption, et l'adaptation, de la roue médicinale est d'ailleurs une excellente illustration de l'association de la nature à la spiritualité dans la création de sens. » (in Recherches améridiennes au Québec ; Spiritualité et identité. n°1 ; 2000). Et puis ceci, plus loin : « Le monde de l’esprit et le monde matériel sont constamment en relation. L’intérieur du cercle est le moi, et tout ce qu’il contient est du domaine de la réalité. L’espace est occupé par les choses animées et inanimées, et l’esprit existe depuis toujours. » C’est presque trop beau pour être vrai…