Nicolas Sarkozy aime bien les phrases choc à connotation historique. Surtout celles qui ont assez d'ambiguïté pour plaire à une frange populiste de son électorat et mettre la Gauche et au-delà d'elle, les Républicains dans l'embarras.
Celle prononcée, lors d'une de ses récentes sorties, face à des agriculteurs venus chercher de nouvelles aides financières, est toutefois très claire.
“La France a un lien charnel avec son agriculture, j'ose le mot : avec sa terre. Le mot terre a une signification française et j'ai été élu pour défendre l'identité nationale française”
Cette phrase fait historiquement écho à une autre prononcée, quasiment identique, il y a bien années :
“La terre, elle ne ment pas. Elle demeure votre recours. Elle est la patrie elle-même”
Celle-ci a été prononcée par Philippe Pétain, en juin 1940, après que celui-ci se soit emparé du pouvoir, à la suite de la défaite des armées françaises et qui allait ouvrir la période la plus noire de la France moderne.
Le Chef de l'Etat ne pouvait ignorer lorsqu'il prononçait ces mots qu'il allait faire remonter de vieux démons mal enfouis dans les profondeurs d'une droite française, maurassienne et réactionnaire. On dirait aujourd'hui, décomplexée. Car, c'est à dessein que Nicolas Sarkozy a repris à son compte les vieilles valeurs d'une France repliée sur elle, apeurée et méfiante.
Au moment où, tous les éléments de la cohésion sociale de la nation sont attaqués par son gouvernement et sa majorité, où le régime subit le mécontentement de l'opinion suite aux affaires Mitterand neveu et Sarkozy junior, où la mauvaise gestion financière du pays l'entraîne dans des déficits abyssaux, où chaque semaine les Français voient leurs acquis, leurs libertés ou leur patrimoine piétinés par de nouvelles lois ou de nouvelles taxes, Nicolas Sarkozy a choisi de relancer le débat sur l'identité nationale pour rassembler un électorat conservateur qui s'interroge.
Ce n'est pourtant pas la première fois que Nicolas Sarkozy puise dans les valeurs et le vocabulaire pétainistes. Les attaques contre la laïcité et le discours de Latran, la mise en avant du travail et du mérite comme base de l'ordre social, la personnalisation du régime, les mises en cause des étrangers et les expulsions arbitraires, la tutelle exercée sur la justice… Tout cela a déjà été exploité par le chef de l'UMP. Et quand ce n'est pas par lui, c'est par ses comparses Hortefeux et Besson. Et à chaque fois, il s'agit de mobiliser en sa faveur, une frange de la population la plus conservatrice et nationaliste. Une population, qui aujourd'hui encore, lorsqu'on lui parle d'identité nationale comprend révolution nationale.
Alors “Sarko facho” comme le préconisait un slogan de 2007 ? Non probablement pas ! Mais réactionnaire, assurément. Héritier d'une droite autoritaire, sécuritaire et traditionaliste. Et qui n'hésite pas à jouer de cet héritage, quitte à remettre en cause les valeurs de la République, qu'il est sensé défendre et promouvoir.