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Le Mur

Par Eric Mccomber

Le Mur
Je suis passé par Fort Bourtange pour la troisième fois, hier. La première, c'était les premiers jours, avec Joachim et Loulou. Notre hôte voulait nous faire un peu visiter la région. Je n'ai pas vu grand chose, occupé que j'étais à tousser et cracher partout, essoufflé au moindre pas. La seconde fois, une semaine plus tard, c'était lors du faux départ vers Groningen, cette infâme journée qui me hante encore aujourd'hui. Puis, avant-hier, en quittant l'Allemagne une nouvelle fois, cette fois accompagné de Rita et Joachim. Nous nous sommes attablés sur la place centrale pour prendre un petit café, entourés de nos vélos glacés. Puis nous avons franchi le pont d'enceinte et fait quelques photos. Ils sont partis vers l'Est, direction Rhede, et moi vers l'Ouest, direction Paris, direction Languedoc, direction que sais-je.
Je ne suis pas resté pour les fêtes de l'anniversaire de la chute du mur. Je crois que les murs sont plus présents que jamais, entre les humains et leurs rêves, entre les peuples et la paix, entre le monde et la justice, entre la connaissance et les faits, entre le sens et le spin, entre les aspirations intrinsèques du corps et leur assouvissement. Des murs de brouillages, de mensonges, de hiérarchies, de pseudo-événements, de tampons bernaysiens, de pillules, de chimies, d'inventions, de conventions, de paperasses, de tracasseries, de labyrinthes, de bigoterie, de racisme, de médiocratie, de crétinocratie, de médiacratie, de plastiques, de tôles, de poudres, de cartons, d'arêtes, d'ossements, d'abats, de coagulations, de cornes, de cartilages, de sabots, d'ongles, de paupières, de gueules, de dents, de chitine, de griffes, de prothèses avariées, de gel-minceur, de shampooing-qui-donne-du-volume, de jeans délavés, de brassières coussinées, de serrures rouillées, de savons anti-bactériens, de gants de caoutchouc, de prophylactiques, de vieilles photos anonymes, de disques durs plantés, d'écrans aveugles, de souris mortes, de lampes éteintes, d'yeux crevés et de crânes vides et atones.
Je célèbre tous les jours le succès de mon évasion. Pour le moment, je poursuis, libre, au vent, à l'air, et euh… stie. C'est pas rien.


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