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Utilitarisme des libertariens de l’IPJ

Publié le 26 mai 2009 par Keros

Contribution d’une lectrice :

 Utilitarisme et Libertariens de l’IPJ

 A la lecture de la charte philosophique de l’Institut Pour la Justice un ouvrage a retenu notre attention.  Il s’agit du livre « Pourquoi punir ? » de Xavier Bébin, paru aux éditions de l’Harmattan en 2006.

Pour ceux qui ne le connaissent pas, Xavier  Bébin , récemment salarié de l’association, est chargé des « études et des publications » de l’Institut. Son travail, dixit le bulletin n°2 de l’IPJ, consiste à “faire des recherches en droit et en criminologie pour formuler des propositions de réformes réalistes

Le jeune auteur est avant tout un adepte de l’utilitarisme. Mais qu’est-ce que cette théorie ?

En guise d’introduction l’auteur nous précise que ” la plupart des présupposés de cette doctrine avaient été développés par les philosophes matérialistes français d’Holbach, Diderot, Helvétius et La Mettrie.“(p 15)

Nous voilà prévenus et comme si cela ne suffisait pas il ajoute: “postuler que tout est matière, y compris l’esprit humain, revient à replacer l’homme dans une perspective radicalement nouvelle. (p 15)

Nous apprenons au fil des pages que l’utilitarisme en matière pénale a été en vogue surtout dans les pays anglo-saxons. 

En France, le droit repose sur la justice rétributive (le coupable mérite d’être puni en fonction de la gravité de l’acte qu’il a commis). Dans cette approche, on reconnait le libre arbitre du coupable et combien il est juste qu’il soit puni. On entrevoit en filigrane la notion de conscience chez l’Homme.

Faisant fi de cet héritage largement inspiré du Droit Romain et de la Scolastique chrétienne, l’utilitarisme entend faire valoir une approche plus pragmatique : à la justice rétributive telle que nous la concevons,  l’auteur oppose l’utilitarisme qui recherche avant tout le bonheur ou plutôt le bien-être du plus grand nombre sans trop de considération sur la  responsabilité morale.  L’utilitarisme rejette le concept de ”justice intangible”.

Mais comment expliquer alors nos sentiments rétributifs (le fait que nous pensions qu’il est juste de punir le coupable) ? A notre avis, l’auteur répond, sans convaincre, à cette question dans la deuxième partie du livre intitulée « Nos intuitions morales à l’épreuve du naturalisme scientifique ». Il donne au chapitre 4 un titre explicite: « le caractère illusoire de la responsabilité morale ».

Pour ce faire X. Bébin s’appui sur les récentes découvertes de la psychologie évolutionniste et des neurosciences :
“Les psychologues évolutionnistes Martin Daly et Margo Wilson en concluent que ” le volume énorme des péroraisons mystico-religieuses sur l’expiation , la pénitence , la justice divine n’est autre que l’attribution à une autorité supérieure et objective de ce qui est en réalité une affaire on ne peut plus pragmatique et  terrestre: décourager les actions concurrentielles égoïstes en réduisant leur rentabilité à zéro”. (p 102)Et encore: ” L’essence même de la théorie de Darwin est que l’évolution est un phénomène sans aucune finalité” ” Les implications de la théorie de l’évolution remettent ainsi en cause toute tentative philosophique de “fonder” quelque théorie morale que ce soit” (p 113). ” L’intuition rétributive qui nous fait penser qu’il est intrinsèquement juste de punir un coupable est le produit d’une réaction émotionnelle sélectionnée au cours de l’histoire évolutive pour la seule raison qu’elle conférait un avantage adaptatif à ceux qui la possédaient” ( p 220)

La naturalisation de l’homme conduit à naturaliser la morale, et le naturalisation de la morale conduit à en montrer le caractère projectif et illusoire” ( p221)

Optimiste, l’auteur conclut: ” L’approche utilitariste mériterait de sortir de l’ombre; son renouveau pourrait ainsi former avec la révolution naturaliste, l’occasion de redécouvrir et d’approfondir ce que nous a apporté le siècle des Lumières” ( p 222)

Ces quelques citations peuvent  résumer la pensée qui anime ce courant de philosophie et, c’est à craindre, l’IPJ. Les sympathisants et donateurs de l’IPJ se reconnaitront-ils dans cette approche ?

Anne R.

Contribution d’une lectrice


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