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A quoi servent les tournées ?

Publié le 09 novembre 2009 par Lben

Chronique du lundi 9 novembre 2009.

Avec le match contre l’Afrique du Sud vendredi prochain, l’équipe de France démarre sa nouvelle tournée de novembre alors que, ce week-end déjà, l’Angleterre, contre l’Australie, et le Pays de Galles, contre la Nouvelle Zélande, ont démarré la leur. Mais à quoi peut bien servir cette série de matchs internationaux ?

Les Tournées, une logique historique :

Lorsque, au début du XXème siècle, une équipe Néo-Zélandaise, voyage, pendant près d’un mois, en bateau, pour se rendre en Europe, rencontrer les équipes Ecossaises, Irlandaises, Galloises et Anglaises et même l’équipe de France, pour ce qui sera le premier match officiel pour cette dernière, il est pour la première fois question d’une tournée. En effet, au vu de la durée du voyage, il n’est pas question de jouer un match et de rentrer. Il s’agit d’un long voyage à la fois par le trajet et par la série des rencontres que l’équipe va disputer entre les îles britanniques, la France et même les Etats-Unis au retour. Les joueurs seront alors parti de leur pays pour un périple qui aura duré près de 8 mois et qui les verra opposés non seulement aux équipes nationales mais aussi à des sélections régionales voire locales de manière à ce qu’ils aient les moyens de peaufiner leur jeu, de monter en puissance et de voir du pays. Ca paraissait alors totalement logique car ce système répondait, encore une fois, à des contingences logistiques.

Plus tard, avec l’amélioration des conditions de voyage et la facilité de prendre l’avion, les tournées ont évolué vers un format un peu plus court, 4 à 5 semaines, avec généralement un déroulé classique où, les premières semaines, l’équipe en Tournée rencontrait des sélections régionales, histoire de monter en puissance, avant les fameux test-matchs qui étaient placés en fin de tournée.  C’était le principe qui prévalait, notamment dans les années 90, au moment de l’instauration du professionnalisme.

Les Tournées, une logique qui n’a plus de raison d’être :

Avec l’arrivée du mode professionnel, des calendriers de plus en plus remplis, de la montée en puissance de la Coupe du Monde, même si cette compétition n’a lieu que tous les 4 ans, le principe des Tournées a été remis en question. Oh, pas énormément mais juste ce qui faut pour que le format soit réduit et que les matchs de provinces soient supprimés, histoire de réduire la durée et de se focaliser sur les test-matchs uniquement. Ainsi, au mois de juin dernier, l’équipe de France s’est déplacée pendant 3 semaines seulement, affrontant la Nouvelle-Zélande, 2 fois, et l’Australie, 1 fois. Cette solution permet de garder un certain nombre de match internationaux par saison, voire même de les augmenter, on est passé de 8 à 11 depuis le début des années 2000, ce qui permet aux fédérations de récupérer plus d’argent mais pas obligatoirement aux équipes de jouer mieux, vu quelles n’ont pas toujours le temps de préparer ces rencontres.

Le problème, c’est que la question se pose aujourd’hui de savoir à quoi correspond maintenant le modèle des tournées et des test-matchs. Il y a plus de 100 ans, il avait sa propre logique mais aujourd’hui ? A quoi correspondent ces matchs ? Comment expliquer au grand public ce que ce terme veut dire. Match amical ou compétition sans queue ni tête ? Allez discuter entre spécialiste quelle est la meilleure équipe du monde à l’instant T alors que, en novembre, les équipes de l’hémisphère sud commencent à être touchées par la fatigue et que, en juin, c’est celles de l’hémisphère nord qui le sont.

Ces matchs de tournées ne valent que par la qualité de l’affrontement qu’ils offrent. C’est déjà pas mal peut répondre le puriste. Mais c’est loin d’être suffisant maintenant que le rugby se veut professionnel et ne peut plus se contenter de s’adresser seulement à des puristes capables de se contenter du minimum.

Une nouvelle organisation des compétitions est nécessaire :

Le rugby mondial doit faire sa révolution. C’est aussi important maintenant qu’il était obligatoire en 1995 pour ce sport de passer professionnel. En effet, les nations de l’hémisphère Sud souffrent financièrement de la faiblesse de leur monnaie vis à vis de l’euro et même de la Livre Sterling, alors que les nations en voie de développement ont du mal à se développer, vu que l’International Board n’a rien à leur proposer. Ah si, j’oubliais le rugby à 7. Pour être honnête le rugby a 7 est un bon levier de communication et de développement du rugby dans le monde mais si on se contente de cela, le rugby qui se joue à 15, lui, ne progressera pas beaucoup dans les 20 prochaines années.

Ce dont a besoin ce sport, c’est de nouvelles compétitions qui lui donnent une visibilité mondiale, à l’image de la Coupe du Monde. Le rugby ne peut pas se contenter d’avoir une seule compétition à visibilité internationale qui implique une audience large, 4 milliards de téléspectateurs en 2007, seulement tous les 4 ans. Ce sport a besoin d’émerger plus régulièrement et de ne pas donner l’impression que pendant 3 ans et 10 mois, il ne se passe rien. Parce qu’il faut être honnête, ce n’est pas les tournées et leurs matchs sans véritable enjeu qui vont intéresser un public plus important et plus international alors que, justement, ces compétitions ne s’adressent qu’à un nombre limité de pays. Non ! Il faut que le rugby soit capable de proposer un dispositif plus complet et surtout qui couvre mieux la période entre les Coupes du Monde.

Proposition d’une nouvelle compétition à l’échelle mondiale :

De manière à garder à la Coupe du Monde son caractère unique et de proposer une nouvelle épreuve qui puisse servir au développement du rugby, je propose de créer une compétition entre les 6 meilleures nations, sous la forme d’un championnat disputé dans un pays unique et qui se disputerait tous les 4 ans, de manière à avoir un décalage de 2 ans avec la Coupe du Monde. Par exemple, cette compétition, appelons-là SUPER 6 pour répondre aux terminologies à la mode, se disputerait en 2013 au Japon ( ou Hong-Kong ou sur la côte Ouest des Etats-Unis ou à Amsterdam ou à Barcelone ou… ) et opposerait les 3 du Sud : Nouvelle-Zélande, Australie, Afrique du Sud à la France, l’Angleterre et l’Argentine sur 5 semaines ( 6 si l’on rajoute une finale ) avec un principe où toutes les équipes se rencontreraient de manière à être classées de 1 à 6. L’équipe classée 6ième serait alors rétrogradée et remplacée par l’équipe vainqueur de la même compétition qui, en parallèle et sur un autre lieu, opposerait les 12 nations qui suivent ( Pays de Galles, Irlande, Ecosse, Canada, Japon, Etats-Unis, Tonga, Samoa, Fidji, Italie, Maroc, Namibie par exemple ). Cette compétition disputée sur la même période proposerait un format différent avec un principe de poules ( 2 ou 3 ) et de matchs de classement.

Ainsi en 2017, le SUPER 6 verrait le Pays de Galles ( ou l’Irlande ou ? ) intégrer la compétition alors que l’Argentine ou l’Angleterre ou la France ou ? serait rétrogradée au niveau inférieur. Ce qui donnerait un sacré enjeu aux 2 niveaux de compétition. Et surtout, le rugby mondial s’offrirait ainsi, tous les 2 ans, un classement clair et indiscutable de la hiérarchie entre les équipes, avec pour les entraîneurs nationaux des objectifs clairs et simples à court et moyen termes. Ce qui aiderait non seulement à la clarification des compétitions et des matchs internationaux mais surtout au développement de ce sport auprès du grand public, tout en proposant de nouvelles sources de revenus grâce aux contrats TV et sponsoring générés par ces nouvelles compétitions. Ce qui semble indispensable pour le futur du rugby…


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