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On entre en collage comme en écriture, par effraction

Par Libanus @Alain_Chemali
On entre en collage comme en écriture, par effraction. Par une nuit sans lune, on s’avance hors des voies tracées un cutter à la main et on taille en pièces la représentation du réel telle qu’elle est donnée à voir. Puis, avec un tube de colle on s’amuse à en recomposer d’autres plus seyantes, plus belles ou plus moches, plus tartes ou plus percutantes, en couleurs ou en noir et blanc, ou les deux mon général, en photos ou en gravures, ou les deux mon colonel, mais on colle.
On colle des images de pensées telles qu’elles se font dans l’œil, bien avant que le cerveau ne saisisse. On colle pour l’ivresse que ces agencements multiples de fragments et de sens nouveaux qui en émanent, procurent. On colle en état de transe, en apesanteur entre réel et virtuel. On fusionne les espèces et les genres. On amalgame peinture et écriture, photographie et cinématographie, philosophie et poésie, d’où les appellations possibles de ceux que démange le démon du collage: collagistes, poésophes, allégoristes ou taxidermistes. Ils sculptent, dissèquent, équarrissent, œuvrent au plus près des articulations de tous ces langages pour réussir à fabriquer chacun le sien tout en étant compris par tous.
C’est ainsi que j’en suis venu à coller en flux continu comme on écrit son journal de navigation dans l’existence. J’ai dans mon sillage deux livres, « la poésie doit être faite par tous » et son corollaire « Epiphanie ».
Des séries sur mes fréquentations, Benjamin Fondane, Walter Benjamin et Carl Einstein et plus récemment la «Série gravures» qui comporte des sous séries « Dadachemax », « Al Akhbar » (les nouvelles en arabe) ou « Photogravures ». Il y a aussi, toujours en cours,ce fameux monologue intérieur qui n’a cessé de prendre de l’ampleur au point de devenir ce qu’il est, un « Autoportrait in progress », mon Merzbau et ma Sagrada Familia à la fois. Un édifice, fait de bric et de broc selon les états d’âme et les conditions atmosphériques, abritant un personnage déambulatoire, insaisissable, à géométrie de faciès variable et à personnalités pluri-dimentionnelles. La romance perpétuelle, le roman des origines constamment remanié, retravaillé, pour dire l’écoulement des mots et des choses.

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