La chauve-souris

Dehors chaque soir, vraie noctambule accro

Elle est de toutes les fêtes et hante les casinos

Et les bars et les boites, les bowlings, les tripots.

C’est un oiseau de nuit et si tu veux la croiser

Il faudra carrément réserver ta soirée

Car elle n’est visible que dans l’obscurité !

Déjà le crépuscule, et dès le soleil couché

La silhouette nerveuse est déjà bien dressée

Solitaire éveillée, prête à tous les excès.

Elle sort toutes les nuits arpenter le pavé

En courtes lignes aveugles désordonnées

Ou longs mouvements convulsifs et variés.

Surexcitée elle ne cesse de bondir et tourner,

Parcourt en courant presque toutes les allées

Et se cogne, se raccroche ou saute sans arrêt.

A trop bouger et tant et tellement s’énerver

La chauve-souris a fondu et elle s’est transformée

Faisant à présent preuve d’une maigreur insensée.

Les os fins et visibles et la peau plissée

Sur de frêles épaules quasi prêtes à casser,

De petits yeux rouges cernés exorbités…

Un vrai visage de mort aux traits figés

Qui s’empresse au matin d’aller se réfugier

Dans une chambre noire hermétiquement fermée.

Et tant qu’il fera jour elle restera dedans

Même si tu sonnes dehors jusqu’à l’épuisement

Ou tapes dans la porte et appelles en hurlant…

Besoin d’un service ou envie de parler ?

Si c’est avant la nuit pas la peine d’espérer

Car l’amie chauve-souris ne sera pas levée !

Magazine Poésie