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11 Novembre...

Publié le 11 novembre 2009 par Yvesd

monument_morts-1.jpgJour férié, sonnerie aux morts, bus pavoisés, dépôts de gerbes et temps de Toussaint : pas de doute, nous sommes bien le 11 novembre.

La question n’est évidemment pas de savoir s’il est ou non légitime de célébrer la fermeture, du reste comme on le sait très provisoire, de la grande boucherie nationaliste du vingtième siècle. Ca l’est probablement même si, au fil du temps, la disparition de ses derniers témoins en atténue irrémédiablement l’impact émotionnel.

Le 11 novembre est sans doute l’un des derniers rites de cette religion de l’Identité Nationale dont Moëz Karoui nous parlait ici même il y a quelques jours. Respectons le.

Le nationalisme de « Restons Correct ! » a beau être aussi tiède qu’une (vraie) galette-saucisse oubliée sur le zinc d’un comptoir, ce n’est évidemment pas une raison pour troubler le repos des guerriers disparus ni pour oublier le sacrifice et les souffrances endurées par une génération entière de jeunes Français et, plus largement, de jeunes Européens.

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Pour autant, au-delà de l’émotion historique, nous n’oublions pas que cette date marque aussi le commencement de la fin de la suprématie européenne sur le monde, le début du déclin économique et culturel de notre vieux continent. C’est sans doute une occasion de réfléchir au caractère éphémère des civilisations, y compris de la notre.

De fait, jusqu’en 1914 l’atelier du monde est européen : britannique, allemand et partiellement français pour l’essentiel. C’est là que se situent la richesse industrielle et financière, la connaissance scientifique et technologique, l’intelligence et la créativité de l'époque.

A partir de 1918, l’excellence va se déplacer Outre-Atlantique. Elle s’y trouve encore, même s’il est clair que la suprématie américaine a de plus en plus de plomb dans l’aile, en raison notamment du réveil de l’Asie.

Gérer, au mieux des intérêts de leur population, le déclin relatif des U.S.A. sera la lourde tâche de Barack Obama et de ses successeurs. On leur souhaite bon courage mais ceci est une autre histoire, elle n’est pas encore écrite.

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Dans « l’Entre Deux Guerres » la jeunesse américaine « branchée » se rue à Paris. Ce furent les Années Folles celles des séjours initiatiques à Montparnasse que favorisaient la force du dollar et la faiblesse du franc. Un peu comme au siècle précédent les rejetons de l’aristocratie anglaise faisaient leur « grand tour » d’Europe, redécouvraient les ruines classiques de Rome et les douceurs de Capri grâce à la toute puissance de la livre sterling.

Ces jeunes Américains s’appelaient Scott Fitzgerald, Ezra Pound, Ernest Hemingway… Cuites homériques, virées à Pampelune et bouffes chez Lipp ou à la Closerie des Lilas qui n’étaient pas encore devenues les cantines attitrées des vieux pipoles cacochymes.

Gertrude Stein, leur talentueuse marraine en littérature, les a appelé la Génération Perdue. Pas perdue pour tout le monde et certainement pas pour la littérature : L’Adieu aux Armes, Gatsby le Magnifique furent en grande partie écrits en France.

La décadence ce n’est pas la dissolution de l’Identité Nationale, c’est quand un pays n’attire plus que rarement les talents, pour ne pas écrire plus du tout…


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