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Tabac : la communication fumeuse de l’Etat

Publié le 11 novembre 2009 par Livmarlene
Tabac : la communication fumeuse de l’Etat

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C’est la crise? Qu’à cela ne tienne : augmentons les taxes, surtout lorsque l’on peut invoquer une bonne excuse pour le faire ! C’est suivant cette logique bien huilée que l’Etat vient d’augmenter le prix du tabac de 6%, amenant ainsi le paquet de Marlboro, marque la plus achetée, à 5,60€... Soit disant dans le cadre du plan cancer, pour réduire le nombre de fumeurs français.

Mouais, sauf que pour aider les fumeurs à surmonter le stress d’un éventuel sevrage, je n’ai entendu nulle part que les produits de luxe genre gambas fraîches, truffe noire du Périgord ou fruits exotiques, tous excellents pour la santé, allaient voir leurs prix baisser de 6%.

Dans le même temps, l’Etat ne cache pas la situation catastrophique des finances publiques. Entre autres, les recettes fiscales liées au commerce du tabac ont diminué. Et pour cause, 20% des cigarettes fumées en France sont désormais achetées à l’étranger, Espagne et Belgique en tête.

Alors résumons un peu : les personnes pouvant s’approvisionner dans les pays frontaliers du nôtre échappent à la hausse du prix du tabac. Quant aux autres, ils sont pris en otages, pour leur bien s’ils arrêtent de fumer, ou pour celui du Trésor Public, s’ils choisissent de continuer. La stratégie est imparable. Les personnes qui arrêtent de fumer cesseront de “cotiser” par leurs achats de tabac, mais auront moins de chance de coûter plus tard une fortune à la Sécu. Celles qui refusent de se plier à ce qui ressemble de plus en plus à une obligation d’arrêter de fumer, celles-là, les pauvres, paieront leur vice au prix fort, de plus en plus fort d’ailleurs, puisque le plan cancer prévoit une augmentation annuelle de 3% du prix du tabac à compter de l’an prochain.

Une question cependant demeure dans l’esprit de nos chers gestionnaires publics : Est-ce encore bien utile de se soucier de notre système de couverture sociale public, étant donné qu’il agonise et devrait bientôt être relayé par des assurances privées ?

C’est que j’en arriverais presque à croire que les intentions du gouvernement sont pures, aussi pures que le grand air des hautes Alpes, loin de la pollution de la capitale où sont prises les décisions.

Bon, je veux bien leur accorder un mini bénéfice du doute. Mais alors, Madame Bachelot and Co, vous en faites trop ou pas assez. Pour être cohérents, il faudrait soit

* faire voter une loi interdisant purement et simplement la vente et la consommation de tabac dans le pays, à grand renfort de cures de désintoxication subventionnées, avec le risque de voir exploser les ventes clandestines, soit

* vous en tenir à des campagnes d’informations sur les risques liés à la consommation de tabac et autres drogues, à l’excès de sucre et de gras dans l’alimentation, et autoriser la vente de tabac, de cannabis, d’anxiolytiques et d’antidépresseurs, sans ordonnance bien entendu !

Mon raisonnement peut paraître trop binaire et caricatural, mais les tentatives de justification de la hausse des prix le sont encore davantage. Et si je voulais être méchante, j’irais plus loin : créer de l’interdit, marteler une morale hygiéniste sur tous les tons ne sont-ils pas le meilleur moyen d’inciter les gens à la transgression, histoire de les rendre malades et de diminuer l’espérance de vie des français qui n’en finit pas d’augmnter ? Car après tout, les retraites, voilà un autre trou énorme dans la bourse de l’Etat.

Ouh, je suis remontée dites donc. Autant être claire, je ne fume rien du tout, jamais. Mais à force de voir les fumeurs pourchassés, montrés comme des monstres qui mettent leur entourage en danger par les volutes toxiques de leur drogue, contraints d’exposer leurs poumons déjà fragilisés au risque d’une bronchite pour aller griller leur clopinette dans le froid, j’ai envie de les défendre !

Parce que demain, les produits gras et sucrés, dont le chocolat que je consomme sans modération, pourraient bien faire l’objet d’une nouvelle taxe à visée sanitaire. Allez-y, supprimez tout ce qui est source de plaisir encore accessible au grand public ! Faites-nous la leçon, on adore ça : “Mangez gras ou sucré, ça tue”, “fumer tue”, “Rouler tue”, “Frauder c’est maaaal !”

Mais bouffer des repas gastronomiques entre deux réunions dans des amphithéâtres luxueux, vivre grassement aux frais des contribuables, c’est cela qui mériterait une bonne réforme. Surtout quand on tient des discours contradictoires comme si l’on n’avait pas pris le temps de relire sa copie avant de la rendre.

Non messieurs Dames, on ne peut pas à la fois vouloir encourager la consommation, stimuler les ventes automobiles ET prêcher les économies d’énergie, la réduction de la quantité des déchets et la sensibilisation à l’écologie !

Voilà, j’ai tout dit ! Ce coup-ci, je crois que je viens de gâcher toutes mes chances de finir ministre. C’est bête, j’ai largement assez de bouteille par les temps qui courent. Imaginez : j’ai trente ans !


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