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H1N1 - Mensonges et omissions du ministre Bolduc à Christiane Charette

Publié le 13 novembre 2009 par Suzanneb

Le 6 novembre dernier, Christiane Charette recevait à son émission sur les ondes de la première chaîne de Radio-Canada FM, le ministre Yves Bolduc, Nathalie Petrowski, Josée Legault et Daniel Weinstock. Il a bien évidemment été question de la campagne de vaccination contre la grippe A(H1N1).

Je vous copie quelques détails qui m’ont intéressée tout particulièrement…

Organisation de la campagne de vaccination

Priorités

Questionné à savoir pourquoi les préposés aux bénéficiaires de plusieurs établissements offrant des soins de proximité à des personnes âgées n’étaient pas priorisés, le bon docteur ministre nous a offert une prestation de patinage artistique digne des plus grands noms de cette discipline, comme nombre de ses prédécesseurs et/ou confrères ministres l’ont fait avant lui. Il n’y a plus aucune raison de refuser à Québec son statut de ville olympique je vous le garantis !

En substance il déclare:

«… subir de la pression pour changer des décisions… décisions prises par des experts, il faut être prudent… tout a été établi par des experts» répète-t-il inlassablement, au point de faire perdre patience à Nathalie Petrowski [autour du minutage 11:00 du document audio] qui analyse la situation à peu près en ces termes:

«Toute la philosophie de cette campagne c’est que vous vous rendez au vaccin, il ne se rend pas à vous. Le plan d’action est basé sur ce principe. Les experts ont pris ces décisions en vase clos sans contact avec la multiplicité des cas, je trouve vos experts soviétiques d’une grande rigidité bureaucratique. »

Elle souligne que M. Bolduc a affirmé ne pas vouloir perdre le contrôle de «qui on vaccine» mais qu’il l’a quand même perdu le contrôle, malgré les précieux avis des experts. Elle ne comprend pas pourquoi on n’a pas choisi de passer par les canaux traditionnels, pourquoi les experts soviétiques n’ont pas tenté de simplifier les choses…

Nous vendre la peur et les chiffres…

C’est alors [autour du minutage 12:00 de la bande audio] que le Dr. Bolduc y est allé de son grand maillet: Nous vivons une crise majeure ! Même Barack Obama a décrété l’état d’urgence récemment, (tiens ? c’est la première fois qu’on nous le sort celui-là).

Ensuite il énonce des chiffres concernant le temps que ça prend normalement pour vacciner 2 millions de personnes contre la grippe saisonnière (4 mois) et qu’en comparaison il lui faut maintenant assurer 7 millions de vaccins en 2 mois. Il déclare que ça prendrait un an et demi pour le faire dans les mêmes conditions. (s’entend: dans de bonnes conditions)

Retard de production des vaccins…

Un peu plus loin le Dr. Bolduc déclare que la pénurie actuelle de vaccins est la même partout dans le monde, en France souligne-t-il.

Et ce qu’on vit au Québec, on l’a vérifié en France, ils vivent la même chose actuellement, y’a une pénurie de vaccin aussi en France(…)ils ne sont pas capables de vacciner rapidement leur population… dixit le Dr. Bolduc.

FAUX ou au mieux OMISSION !

Voir LeMonde.fr Télézapping - Grippe A : une campagne de vaccination qui fait salle vide

La campagne de vaccination en France n’avait même pas débuté dans la population (le 6 nov date de l’émission). Seul le personnel de la santé avait eu droit au vaccin et environ 10% s’en était prévalu. Pas de pénurie donc, mais un retard de production ça oui.

Les raisons de ce retard sont assez surprenantes et certainement inconnues du public. Les 4 laboratoires pharmaceutiques qui ont reçu commandes pour ce vaccin spécifique, ont été eux-mêmes surpris de constater que la culture du virus sur les embryons d’oeufs ne se passait pas comme prévue.

La production du vaccin a été retardée parce que le virus est constitué d’une composante aviaire et les oeufs embryonnaires qu’on a utilisés, mouraient ou produisaient moins parce que la composante aviaire était toxique pour les oeufs de poulet, ce qui fait que ça a ralenti la production, et tout le monde l’a découvert un peu par surprise, on n’est pas les seuls au Canada, les quatre manufacturiers sur la terre ont fait la même découverte en même temps.

Dr. Richard Marchand, microbiologiste, infectiologue de l’Université de Montréal

Doit-on se mettre la tête dans le sable en attendant que les autorités décident pour nous de ce qui est bien, en se basant sur des incertitudes transformées en analyses complaisantes ?

Opinion d’un spécialiste de l’éthique

Daniel Weinstock professeur de philosophie à l’Université de Montréal, directeur du centre de recherche en éthique a fait paraître dans divers journaux une lettre intitulée: H1N1 un climat éthique inquiétant.

En entrevue avec Christiane Charette il a déclaré que «la meilleure arme dont on dispose pour lutter contre les crises sanitaires c’est une population informée. vigilante, qui n’a pas peur, capable d’assumer ses responsabilités. En d’autres termes, une population capable de poser des questions lorsque des choses ne sont pas claires

Il ajoute que différents responsables de la santé publique, par toutes sortes de gestes et de messages, ont fait comprendre à des gens qui posent des questions, que «maintenant, ce n’est pas le temps de poser des questions, c’est le temps d’emboîter le pas». M. Weinstock  croit que ce n’est JAMAIS une bonne idée.  Nous avons besoin, dit-il, d’une population informée et vigilante qui pose des questions, des questions parfois même un peu embarrassantes, fondamentales ou pas.

Il ne pouvait mieux dire.

Je vous laisse écouter cette émission de Christiane Charette, 6 novembre 2009 sur la première chaîne de Radio-Canada.


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