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Le français que je suis*

Publié le 13 novembre 2009 par Didier54 @Partages

Le français que je suis*Sur un blog voisin, on me demande c'est quoi être français aujourd'hui ? C'est le genre de question qui me plante. Net. Qui me laisse de prime abord sans voix. Parce que je n'ai pas d'avis. Parce que je n'en sais fichtrement rien, ce que c'est être français aujourd'hui. A vrai dire, je ne me pose pas ce genre de questions. Pas en ces termes.
J'éprouve du coup quelques peines à y répondre. Mais je vais essayer...
J'ai en effet bien noté que ces temps-ci, certains la posaient, cette question. La posaient à d'autres, ou se la posaient à eux-mêmes.
Je n'ai pas répondu. Je ne me suis rien demandé. Je le concède : je me suis éloigné de ce "débat".
J'ai noté également que, visiblement, certains ont une idée très, très précise de la réponse. Bien tranchée, leur idée. Et disons-le : je ne l'aime pas, cette idée. Je ne l'aime pas, leur France. Et je suis sûr d'une chose : quoi qu'il se passe, ce n'est pas ma France. Et ce ne sera pas ma France. Ils me piquent mon pays. Mais je ne vais le leur donner. Que vais-je faire ? Pour finir, recommencer. Continuer. Sans relâche. Je saurai m'adapter.
Je n'aime pas l'arrogance avec laquelle ces gens-là pensent que notre pays va sauver le monde ou le dominer, je ne sais. Je n'aime pas qu'on fasse devant des caméras des opérations dégradantes pour des femmes et des hommes qu'en d'autres temps, on a laissé croupir. Je n'aime pas qu'on brandisse le "jeunisme" à tout bout de champ alors qu'en réalité, ce que je vois depuis 20-30 ans, c'est qu'on ne les aide ni ne les aime, les jeunes. Comme on n'aide ni n'aime les "anciens". Ils construisent une société en creux, à force d'être des reflets. Parfois, je ne les vois plus. Je ne les vois pas. Ils passeront.
Par contre, j'ai aimé que devant ces mêmes caméras, des bénévoles montrent une autre idée de la France. Plus humaine, celle-là. Ma France, c'est celle-là. Celle qui brasse les cultures et se construit sur l'idée que les différences enrichissent. Celle qui accueille, tolère, s'ouvre au monde, autant par curiosité que par conscience que nous ne sommes pas seuls, qu'il n'y a pas qu'une manière de voir et de vivre le monde. Ma France, c'est celle qui respecte la terre, les régions, les femmes et les hommes. C'est celle qui partage. Qui s'organise pour que la solidarité des uns soient la dignité des autres. C'est celle, aussi, qui gagne la coupe du Monde de foot. Parce qu'il y a des étoiles dans les yeux des gens. Ma France cependant boit trop, fume trop, est trop souvent en mauvaise santé. Ma France déprime, se recroqueville, s'isole. Ma France ne pense plus trop, ou alors en marche arrière, en se faisant croire que modernité explique, elle avance. Ma France fait trop de vieilles soupes et pas assez de potager.
Là-dedans, où mettre le "être français" ? J'en sais rien. Je ne suis pas de ceux qui pensent qu'un drapeau et que chanter la marseillaise suffise. Je ne suis pas non plus de ceux qui pensent que le bon sens est de la naïveté. Je crois au contraire que le bon sens est nécessaire, a fortiori en ces temps déboussolés, et que ce bon sens se travaille. Je crois au collectif. Pas aux groupes. Je crois en la connaissance. P0as au savoir. Je crois à la patience. Pas à l'urgence. Je crois au projet. Pas aux solutions.
La France, sont-ce ces gens qui souffrent aujourd'hui ? Sont-ceux qui organisent cette souffrance ? Ou sont-ce ces gens qui essaient de moins souffrir, se battent, tantôt pour des choses, tantôt contre ?
Franchement, je ne sais pas.
Et franchement bis, quelque part, ça ne me dérange pas de ne pas savoir.
Probablement parce que je me sens français, j'allais écrire, tout simplement français.
Il y a les valeurs que j'aime, auxquelles je crois, pour lesquelles je m'escrime et parfois m'esquinte. Ce n'est pas toujours facile de rester droit, de se dire le soir, et ce soir, tu serais fier de toi ? Si tu meurs demain, ça va ?
Le français que je suis est quelqu'un de pacifiste. Quelqu'un qui ne veut pas faire la guerre. Quelqu'un qui serait du genre à se balader avec un drapeau blanc sans forcément se rendre compte qu'il est sur un champ de bataille. Le français que je suis crois en lui, en l'avenir, il y croit de toutes ses forces, il s'est comme inoculé une foi. Un espèce de virginité de l'âme. Un côté pâquerette qu'il revendique.
Le français que je suis est bourré de contradictions, mais j'essaie de faire ce que je pense, de dire ce que je fais, et de faire ce que je dis.
Le Français que je suis pense pardon sur plein de choses (la colonisation, la dégradation de la planète) et pense bravo sur pas mal d'autres choses (la résistance, la sécurité sociale, la solidarité).
Le français que je suis pense que nous vivons une période difficile, comme sans doute sont difficiles toutes les périodes. Alors le français que je suis continue de produire de la pensée. Pour être là. Pour être prêt. 2017, c'est pas bien loin ;-)


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