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Ségolène Royal veut opposer "l'écoute compréhensive" à la logique globale de sanction mise en oeuvre par la majorité présidentielle à destination de la jeunesse notamment.
Le temps de crise est d'ordinaire un temps d'union. Il s'agit de faire appel à tous pour lutter contre les circonstances difficiles.
La période actuelle échappe à cette logique. Elle est un temps d'exclusion. On assiste à une institutionnalisation de la stratégie de la peur qui permet d'opposer, de diviser et non pas d'unir.
Pendant des décennies, nous avions coutume d'entendre dire que la violation des droits de l'homme était le fait des pays totalitaires. Et certes, si les Droits de l'homme sont abordés par le seul biais des libertés civiles et politiques, cela reste scandaleusement et douloureusement vrai.
Mais il est d'autres façons de violer les droits de l'homme, et celles-ci, qui concernent tous les pays, y compris la France, consistent simplement à abandonner une partie de la population dans un état de grande pauvreté ou de misère.
La première difficulté réside dans le fait que le phénomène de la grande pauvreté est malaisé à mesurer car il est souvent le résultat du " cumul des différentes formes de précarité " : ressources trop faibles, absence de logement convenable, chômage de longue durée, défaut de couverture sociale, absence de qualification, formation insuffisante, que les statistiques ne parviennent pas à rassembler.
Les familles dans la grande pauvreté n'ont ainsi pour toit qu'un hangar, un camion désaffecté, une tente ou encore une cave ou un logement vétuste et malsain dans un quartier urbain attendant la rénovation ou la destruction. Les pères n'obtiennent pas d'emploi stable, notamment parce que leur adresse, non officiellement enregistrée, ne permet pas de les atteindre.
Nous voyons dans les zones d'habitation les plus défavorisées des hommes encore jeunes perclus de rhumatismes parce que toute leur vie se passe dans le froid, l'humidité ou les courants d'air.
Nous voyons des mères de famille épuisées à tenir un ménage à bout de bras dans des conditions inhumaines. Nous voyons des enfants qui dans des logements malsains se blessent, ne dorment pas et sont sans cesse malades.
Comment se fait-il que des droits reconnus à l'Homme parce qu'il est un homme deviennent en réalité des droits qu'il ne peut exercer qu'à condition de disposer d'un minimum de moyens ? Et dans ces circonstances comment veiller à ce que tous disposent des moyens nécessaires ?
Le droit à la parole et l'accès à la communication semblent les premières solutions à la sortie du cercle vicieux de la pauvreté.
C'est un dossier de la "vraie vie quotidienne" que Ségolène Royal vient d'ouvrir.
Une jeunesse que le pouvoir présidentiel marginalise en ne voulant pas voir ses problèmes de plus en plus graves :
- les bourses sont trop faibles pour les logements urbains,
- la prostitution se développe chez les étudiantes,
...
Par ses propositions à destination des lycées de la Région qu'elle préside, Ségolène Royal apporte une réponse précise à des questions concrètes. Elle marque un point important en occupant son créneau de la preuve par l'action locale.