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Funérailles d'antan

Publié le 14 novembre 2009 par Gérard Charbonnel @gcharbonnel

Quand la vie s'achevait

Les rites qui entourent les funérailles ont bien évolués. Les fastes d'antan ont peu à peu disparus et les enterrements " aseptisés " d'aujourd'hui n'ont plus rien à voir avec les cérémonies de l'époque.

Les funérailles étaient, avec les baptêmes et les mariages, les seuls évènements autour desquels se retrouvaient les familles. Les rites mortuaires sont, dit-on, le reflet d'une société. Ce qui se pratiquait jadis autour des obsèques n'a, il est vrai, plus rien à voir avec ce qui se passe de nos jours. Les fastes de l'époque ou les enterrements de première classe ont laissé place à des cérémonies beaucoup plus aseptisées ce qui laisse dire aux anciens : " On savait mourir en ce temps-là ! ".

Les coutumes et les rites qui entouraient autrefois la mort étaient très variables suivant les régions. Se perdant dans la nuit des temps, ils perdurèrent encore dans nos campagnes jusqu'à la moitié du XXè siècle.

Jadis, dans certaines paroisses de la plus profonde Auvergne, l'agonie du mourant était accompagnée d'une sonnerie. Cet usage fut cependant supprimé car, pensait-on, il précipitait le décès des malades. La fin proche d'une personne était tout de même annoncée au voisinage par la clochette et la lanterne de l'enfant de choeur qui accompagnait le prêtre lorsque celui se rendait au chevet du mourant pour lui " porter le Bon Dieu à domicile ". On arrêtait l'horloge et le temps s'interrompait alors pour le défunt et ses proches.

Le mort était lavé et vêtu de ses plus beaux habits : costume de noces pour les hommes, robe de mariée pour les femmes ou de baptême pour un enfant. La chambre du défunt avait préalablement été préparée et tendue de draps blancs piqués de lauriers. Les fenêtres étaient fermées, les volets clos, les glaces et les miroirs voilés, les seaux d'eaux vidés afin que l'âme ne puisse en aucun cas se voir avant de monter au ciel. Le lit était refait et le matelas changé. Sur la table de nuit, on disposait une coupelle d'eau bénite de Pâques avec un rameau de buis.

Dans certaines localités on allait même annoncer la mort du maître aux bœufs afin que ces derniers, eux-aussi, prennent part au deuil. " Lo mestre es mort, avetz un novel mestre ". Un voile de crêpe était alors fixé sur la porte de l'étable.

Les voisins venaient ensuite se joindre au deuil et veiller le corps après l'avoir aspergé d'eau bénite. La branche de buis, trempée dans le verre d'eau bénite servait à faire le signe de la croix sur le corps du défunt. Parfois, la veuve se mettait au lit et recevait à son chevet les condoléances des proches et des voisins. A la veillée, on parlait peu, toujours à voix basse et l'entrée dans la pièce du défunt se faisait en silence. La porte restait ouverte et les femmes allaient s'agenouiller près du lit. Les voisins s'occupaient de l'intendance en apportant à manger pour éviter que les proches du défunt ne se négligent. De même fallait-il nourrir la famille et les proches présents. On apportait alors du lait, un peu de charcuterie et des œufs.

Dans le cercueil, on plaçait aux côtés du disparu un objet familier que ce dernier emporterait avec lui dans la tombe. Généralement, il s'agissait d'un chapelet placé au bras droit, d'un crucifix fixé entre les mains ou d'un chapeau posé à ses pieds pour aller saluer Saint-Pierre. Parfois, le défunt était accompagné d'un journal sur lequel était paru son avis de décès. On plaçait même de la monnaie pour que le mort puisse payer son voyage au paradis.

Les funérailles avaient généralement lieu le surlendemain du décès. Le sonneur accompagnait le glas - neuf coup pour un homme, sept pour une femme et cinq pour un enfant - d'un nombre de coups espacés selon l'age du défunt. Pour les enfants, seule la plus petite cloche était actionnée.

Le cercueil en bois du défunt était porté jusqu'à l'église par quatre hommes, relayés par quatre autres et ainsi de suite. Le mort était allongé les pieds devant. Pour un suicidé, la tête passait la première. A l'office, outre la famille du défunt, chaque famille du village était représentée par un ou plusieurs membres. Dans certaines paroisses, au moment de l'offertoire, le pain et le vin était tendu au célébrant. Le pain était recouvert d'une pièce de crêpe ou d'une serviette. A la fin de l'office, le cortège se formait pour se rendre au cimetière.

L'inhumation se faisait dans une fosse qui avait préalablement était creusée. On y faisait glisser la bière sur un plan incliné. Après un ultime adieu, la famille se réunissait autour du repas de funérailles.

Celui-ci se tenait généralement dans la maison du défunt et souvent, la grange était utilisée car elle permettait d'y recevoir l'assistance. Le repas se composait souvent d'une soupe et d'un plat de riz au lait. Il s'achevait par d'interminables grâces et litanies funèbres récitées par l'un des assistants.

Cette tradition a quasiment disparue de nos jours même s'il arrive encore que la famille et les proches se réunissent après la cérémonie, autour d'un verre ou d'une petite collation, particulièrement à la campagne.

On savait mourir en ce temps-là…


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