Amateurs et réfractaires en conviennent : dans le hiphop, l'image est primordiale. Look , attitude, poses adoptées, rien n'est laissé au hasard. Né en même temps que les premiers clips vidéo, le mouvement a su inclure le support à son message. Trips en Chevrolet à suspensions capricieuses, virées en soirées sales et arrosées, playgrounds suants, battles enflammés, le décor varie au rythme des lyrics ou de l'Etat traversé.
Très souvent, le dénominateur commun à ces compos hétéroclites est le bitume, qu'il soit foulé par les pieds d'un MC en goguette ou les pneus d'un " Lowrider ". La rue, c'est depuis toujours le terrain de jeu favori des emblématiques The Roots, connus pour être les pionnier d'un rap " tout acoustique ". Entre errances, ballades et instants de vie, petit passage en r(ev)ue :
Clones (1996 - Illadelph Halflife)
Forme classique du " clip de rue ", la ballade entre " homies " a ici l'originalité d'être filmée sous plusieurs angles, pour souligner l'esprit bon enfant d'un clip appuyant pourtant un morceau peu tendre envers les rappeurs-pompeurs.
You Got Me (1999 - Things Fall Apart)
Le seul vrai " tube " des Roots est accompagné d'un clip étrange et aerien. On y suit Black Thought, le leader, errant dans les rues de Philadelphie (image que l'on retrouvera 10 ans plus tard). Enigmatique, la vidéo apporte ses réponses quand démarre le fabuleux solo de batterie du chevelu ?uestlove. Magique.
Star (2004 - The Tipping Point)
Le message est ici simple, voir simpliste : " Tout le monde est une star ". Quoi de mieux pour accompagner un titre Wharolien qu'une galerie de portraits réalisée en pleine rue ? On frôle la démagogie rapologique, mais qu'importe, le morceau est bon, très.
How I Got Over (2009 - S/t)
Pour 2010, et un 9ème album studio, The Roots reviennent à leurs premières amours cuivrées (après un détour réussi par des sonorités plus binaires). Ici, on est partagés entre continuité et retour aux sources. Le message est positif, mais implacable; Black Tought s'essaye au chant mais rappe de mieux en mieux; la rue est joliment filmée mais montre un visage peu reluisant. Entre lumière et noirceur, un bon résumé des Roots finalement.