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L'appel de la route

Publié le 14 novembre 2009 par Sébastien Michel
Sébastien Jallade,
éd. Transboréal
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On se souvient récemment comment le jeune Clément Bosson révèlait dans son récit Larguer les amarres son voyage initiatique dans un monde avec toile et filet un peu chargé à son goût. Sébastien Jallade est de cette fibre de néo-explorateur qui parcourt et se parcourt. Ce franco-argentin est très tôt tombé dans la marmite de l'aventure. A peine ado, le voilà avec son frère aîné en train de braver les sentiers lointains de la Terre de feu. Les voyages forment la bougeotte, c'est bien connu, un lieu en appel un autre, un exil, une île plus lointaine. Alors pourquoi au fond tous ces départs qui ramènent toujours au rivage familier ? Se construire, bien sûr, dit la jeunesse en partance, choisir librement ses racines. Cette quête infinie et insatiable d'ailleurs renvoie, nous dit l'auteur, de façon très juste, à l'enfance. « Il y a bien là un territoire inaccessible et idéalisé, gouverné par le pouvoir de l'imagination. » Le départ, c'est aussi l'expression d'une impossible révolte contre un système, d'une défiance en tous les cas. Un acte fondateur, quoi qu'il en soit animé par « notre aspiration à l'inconnu ». Cet ailleurs étrange et singulier qui est au bout de la quête peut s'assimiler à un désir de spiritualité, de mystère que nos sociétés ont tendance à dissoudre ; d'où le sous-titre de l'explorateur intérieur, petite mystique du voyageur en partance.
L'appel de la routeCe qui est en jeu, c'est la découverte de soi mais aussi de l'autre dans sa culture et dans son quotidien. Le voyageur qui se sédentarise à l'étranger créé ce lien profond avec cette autre communauté, créé « une diaspora intime » qui multiplie ses racines et son regard. Le voyageur, Jallade, se fait « voyant » à force de côtoyer l'homme à l'instar du poète dans ses secrets. Ce petit livre est d'une profondeur délicieuse. Jallade a dans son écriture l'épaisseur sage du guide qui a appris à parcourir les êtres sous toutes les latitudes. Et cette lucidité fait un bien fou parce que sa parole est rare et précieuse. Tantôt désenchanté par ce qu'il nomme la fin de l'exotisme sous l'ère du tourisme de masse, l'auteur se fait cependant le chantre du voyage initiatique qui donne à l'être « un semblant de direction à son existence. » Cet appel de la route est un phare dans la nuit obscure où nos étoiles lointaines ont la fâcheuse tendance à s'éteindre.

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