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Demain, la ville

Publié le 06 novembre 2009 par Fuzzyraptor

villefutur En 2030, cinq milliards de terriens seront citadins et 150 agglomérations multimillionnaires… Si la logistique est le principal défi des nations en voie de développement, les pays du Nord se sont engagés dans une course aux énergies renouvelables avec comme « lièvres » la tour Elithis (Dijon), le quartier Bo01-Västra Hamnen à Malmö (Suède) ou encore la ville de Güssing (Autriche) (1). Tous produisent plus d’énergie qu’ils n’en consomment : des modèles à copier trait pour trait ? Pas sûr. Seules les villes modestes ou nouvelles, à l’image de Masdar (Abou Dhabi) et Dongtan (Chine) (2), pourront s’enorgueillir d’une autonomie énergétique, au prix d’un urbanisme sur mesure et de bâtiments à énergie positive (Bepos). Conçus selon les normes de très basse – voire aucune – consommation (labels français Effinergie, allemand Passivhaus et suisse Minergie), ils sont bardés de capteurs photovoltaïques et produisent leur propre électricité. Des maisons individuelles « zéro-énergie », sont déjà proposées en série au Japon par les constructeurs Sekisui Houses et Misawa Homes. En France, les Bepos seront obligatoires pour toutes les constructions neuves dès 2020, moyennant des efforts sur toute la filière, du maître d’ouvrage au… banquier (3). Un tel virage impose de faire face à de nouveaux risques comme la sécurité au sein d’un bâtiment devenu producteur d’électricité ou les éventuelles émissions dues aux systèmes de traitement de l’air…

Quid des « vieilles » villes ? Le renouvellement du parc existant étant inférieur à 1 % par an, les Bepos ne représenteront que 10 à 20 % des édifices français en 2050. Il faudra donc d’abord rénover les habitations et les constructions tertiaires pour baisser la consommation de 38 % en 2020 puis 70 à 80 % en 2050, avant même de songer à installer du solaire partout. « Toutefois, des quartiers neufs à énergie positive pourront être connectés à leurs voisins pour les alimenter en partie en électricité » précise Gérard Magnin, délégué général d’Energie-Cités.

En toile de fond, la nécessaire refonte complète de notre rapport à l’énergie. « Jusqu’ici, le progrès urbain consistait à s’affranchir de l’environnement et se raccorder aux réseaux. Nous entrons dans un autre paradigme : penser avec les ressources énergétiques de l’environnement » explique M. Magnin. Approvisionnement, gestion des déchets, développement de l’hybride pour les transports en commun : tout est à revoir. Sans oublier l’accessibilité, cruciale dans nos pays vieillissants (4). La mixité sociale sera également incontournable dans les futurs quartiers dits durables. Le projet LUDA (Large urban distressed areas), achevé en 2006 et auquel ont pris part Lyon et Valenciennes, était ainsi un précurseur de la réhabilitation de quartiers défavorisés. Pour gérer la densité urbaine, l’architecte Michel Macary préconise les tours, encore boudées, mais qui peuvent devenir « des espaces communs, agréables et à l’architecture diversifiée ». A l’heure actuelle peu adaptées aux énergies renouvelables (faible surface de toiture et ombres portées), leurs murs commencent à être colonisés par des capteurs photovoltaïques et toutes leurs surfaces se font « intelligentes » : matériaux à changement de phase qui stockent et restituent la chaleur, parois transparentes à haute performance thermique…

Dans les villes moyennes, les 17 millions de maisons individuelles seront productrices d’électricité solaire et éolienne, tel des « jardins énergétiques » où le réseau piochera au grès de ses besoins. C’est le cas à Boulder (Colorado, Etats-Unis) où le réseau Smart Grid anticipe les pannes et les fluctuations de consommation. Reste l’épineux problème du transport individuel. En effet, « une économie de 80 kWh/m²/an est annulée par environ 20 km parcourus en voiture chaque jour pendant un an » (5) lance Daniel Quénard, du Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB). Il suggère d’utiliser les véhicules électriques ou hybrides rechargeables chez les particuliers et dans les entreprises, comme c’est déjà le cas sur les parkings du siège de Google (Etats-Unis) et dans la Dream House de Toyota (Japon), dont la voiture Prius est devenue un équipement supplémentaire au même titre que l’électroménager. Une solution intéressante pour 80 % de nos déplacements (moins de 60 km), qui sera probablement généralisée à l’horizon 2015-2020 selon le Centre d’Analyse Stratégique. Mais Daniel Quénard reste réaliste : « nous aurons encore longtemps recours aux énergies fossiles, en complément des énergies renouvelables et la ville restera toujours un écosystème sous perfusion ». Aux citoyens d’aider dès à présent le malade à mieux respirer, par leur comportement éco-responsable.

Notes :

(1) Voir des exemples de villes ou quartiers « durables » dans l’exposition virtuelle « Imagine le futur énergétique de ta cité »

(2) La Chine devra construire 400 villes nouvelles pour loger plus de 300 millions de ruraux en 2020.

(3) Le Programme de recherche et d’expérimentation sur l’énergie dans le bâtiment (Prebat) structure la recherche autour de ces édifices.

(4) Les plus de 60 ans représenteront près de 30 % de la population française d’ici à 2030.

(5) Le transport est le deuxième poste de consommation énergétique des ménages (35 %) derrière le chauffage (50 %). Voir l’article « Bâtiments à énergie positive et voitures électriques: le ticket gagnant pour les économies d’énergie ? » sur le site du CSTB.


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